AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

Homélie, 5ème dim de Pâques, année B, messe groupe Francophone

CINQUIEME DIMANCHE DE PAQUES (ANNEE B)

(Dimanche le 06 mai 2012 : Journée des francophones)

 

 

 

OUVERTURE

 

« Au nom de Jésus de Nazareth, lève-toi et marche ». Voici le thème sur lequel la communauté francophone a réfléchi le dimanche passé lors de sa sortie. En guise de rappel ou d’information, la communauté francophone, se veut une structure qui regroupe l’ensemble des fonctionnaires, des travailleurs du secteur privé, des commerçants, et de tous ceux qui vivent sur le territoire paroissial mais ne s’exprime pas couramment dans la langue du milieu. Ces différentes couches étaient heureusement représentées au cours de la sortie de réflexion.

Dans l’introduction du questionnaire qui leur avait été proposé, il ressortait les motivations du thème que voici : « Depuis quelques années, nous avons constaté que la communauté francophone catholique perd de plus en plus de sa vigueur et de sa cohésion (manque d’organisation, de dynamisme communautaire et orienté, peu de visibilité, etc.).

Elle est présente au sein de la Paroisse, certes, mais un peu comme cet impotent qui était là, mais assis à la porte du temple, incapable de se lever.

Une redynamisation s’avère donc nécessaire, voire même urgente pour le bien spirituel et humain de tous et de notre Eglise paroissiale. Le Seigneur passe aujourd’hui comme toujours. Comme il l’a jadis fait pour cet impotent par la bouche de Pierre et de Jean, il nous  dit aujourd’hui : « Communauté Francophone, lève-toi et marche ». Quel effort allons-nous faire en réponse à cette parole de guérison et de libération ?

Plusieurs pistes ont été proposées dont la synthèse vous sera livrée à la fin de la célébration. En ce temps de Pâques, l’heure est à la station debout. Oui il faut se lever comme cet infirme, il faut se mettre en marche, il faut bondir et louer Dieu par toute notre vie comme lui après avoir recouvré la vigueur de ses jambes. Et cela, nous devons le faire tous ensemble. Que personne ne reste à la traîne pendant que les autres avancent. C’est cette marche personnelle et communautaire que nous voulons confier au Seigneur dans cette célébration.

Pour que cette intention lui plaise réellement, offrons-la donc avec un cœur pur. Reconnaissons nos paresses, nos refus récurrents de nous lever et de marcher par les chemins de foi et de la Résurrection. Ensemble, confessons.

 

 

v HOMELIE                      

 

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit ».

Un jour, dans une ville non loin d'ici, je me rendis à la gare pour accueillir un ami. En attendant son arrivée, je me plaisais à contempler le spectacle qui m'environnait. Et c'est alors que mes yeux se posèrent sur un monsieur malpropre qui, au guichet, suppliait et re-suppliait avec maintes génuflexions la dame qui était de service ce jour-là. Devant le refus catégorique de celle-ci, notre homme s'en alla quêter du secours ailleurs. Il alla successivement près d'un monsieur et d'une dame, mais n'eut pas gain de cause. Il promena de nouveau un regard désespéré autour de lui. Dès qu'il me vit, une lueur d'espoir traversa son visage. Il s'approcha de moi, me salua poliment par une petite inclinaison comme pour me séduire, puis commença à me déballer son problème dont le nœud était ceci : il venait de la Côte D'Ivoire et devrait poursuivre son voyage jusqu'à Ouagadougou. Malheureusement, il lui manquait 800F pour compléter le prix de son transport. Je l'écoutai avec beaucoup d'impatience et à peine avait-il fini de parler que je lui répliquai: « Mon ami, j'aimerais bien t'aider, mais…moi-même là où je suis là, je me cherche ». Il me regarda un instant puis s'écria : « Eh, Mr l'abbé, si vous le pouvez, aidez moi pour la gloire de Dieu !». Je restai interloqué. Qui donc lui avait dit que j'étais un « Mr l'abbé » ? Je ne discutai plus. Je mis la main dans ma poche et sortis le seul billet qui me restait, 2000F, que je lui remis en disant : « Va prendre ton billet de voyage. Garde le reste pour ta route, on ne sait jamais. Courage mon frère, Dieu est grand ». Il s'en alla radieux prendre le billet qu'il revint me présenter en disant : « Merci Mr l'abbé. C'est maintenant que je sais que Dieu existe et qu'il est bon ! » J'en fus profondément ému. Au même moment, je pensai en moi-même : « C'est un peu ça, la gloire de Dieu, lorsque la bonté de Dieu éclate aux yeux de nos frères à travers nos bonnes œuvres ». C'est en me rappelant ce fait qu'il m'est venu à l'idée d'orienter notre méditation de ce jour dans ce sens là.

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit ».

Bien chers frères et sœurs, en vertu de notre baptême, nous sommes devenus d'autres Christ. A sa suite, nous sommes donc appelés à manifester la gloire de Dieu, c'est-à-dire la puissance de l'Amour qui le caractérise, en produisant à notre tour d'abondants fruits de salut afin que nos frères expérimentent combien il est bon. Mais pour pouvoir réaliser cela, un acte préalable s'impose : nous attacher à la vigne qui est le Christ comme nous le laisse encore entendre l'évangile de ce jour. Lors de la sortie de réflexion des francophones le dimanche passé, il a été clairement fait mention de ce passage dans la question n° 1 portant sur notre vie spirituelle en ces termes : « Aucune branche ne peut porter du fruit tant qu’elle ne demeure reliée à l’arbre dont elle tire sa sève nourricière. Il en est de même pour la vie chrétienne. Un chrétien qui n’est pas relié au Christ se dessèche spirituellement. Cette sécheresse le conduit à une vie dissipée, une vie assoiffée qui courent après mille mirages et finie par plonger son âme dans un chaos de tourments sans nombre ». Notre attachement à la vigne qu’est le Christ est donc une réalité non négociable. C’est un impératif si nous voulons véritablement produire de bons fruits et des fruits qui demeurent.

S'attacher à la vigne, passe forcement par un attachement à l'Eglise. Le Christ et l'Eglise sont en effet deux réalités indissociables. L'Eglise est le corps mystique du Christ. De fait, de la même manière qu'aucune branche ne saurait bénéficier de la sève vivifiante provenant des racines sans être reliée au tronc, ainsi, le chrétien, s'il n'est relié à l'Eglise. Etre relié à l'Eglise, c'est croire tout ce que la sainte Eglise, investie de l'autorité divine, enseigne. C'est aussi prendre une part active à la vie de notre communauté en nous engageant, avec charité, dans les différents services, groupes et mouvements qui la caractérisent. Car on ne va jamais à Jésus seul. On le fait toujours ensemble, en Eglise. Avis donc à tous les déserteurs d’Eglise. Ressaisissez-vous. Laissez tomber toutes ses justifications pernicieuses que souffle le démon dans vos pensées et reprenez le chemin de l’Eglise. Ne prenez pas le risque de passer à côté de votre salut.

S'attacher à la vigne passe aussi par une expérience directe et personnelle avec le Christ. Il s'agit pour chacun d'entre nous d'entretenir un contact permanent avec le Christ par la participation régulière à la messe et aux différentes prières, retraites et récollections qui sont organisées pour nous. Nous devons aussi apprendre à cultiver un amour particulier pour la Parole de Dieu en la lisant et en la méditant souvent, en groupe ou de façon personnelle. La Parole de Dieu a en effet cette puissance de nous modeler à l'image du Christ. « Si tu fréquentes régulièrement l'Evangile, lentement tu acquiers le regard, les sentiments, les pensées, les jugements, la mentalité du Christ. Le familier de l'Evangile ressemble forcement à Jésus-Christ » disait Michel QUOIST.

Bien chers frères et sœurs, voici brièvement présentés quelques moyens susceptibles de nous aider à pouvoir nous attacher à la vigne pour être réellement fructueux. Nous devons tous et chacun prendre cela au sérieux, car porter du fruit est un devoir pour tout chrétien. C'est même une exigence indispensable pour avoir part au bonheur céleste. A ce propos, voici un rêve terrible qui est venu perturber un jour mon sommeil la nuit :

« J'étais mort et je me retrouvais, seul, errant dans les rues de l'éternité. Je marchai longtemps, longtemps avant de parvenir aux portes d'une merveilleuse ville. Sa muraille était de diamant. La ville elle-même était de l'or, comme du cristal bien pur. Les maisons étaient de lune. Les assises de son rempart étaient rehaussées de pierreries de toutes sortes : jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, hyacinthe, cornaline, chrysoprase, et j'en passe. Je compris que c'était là le ciel et je me précipitai pour ouvrir la porte. Mais une voix m'arrêta net : « Arrière ! On n'entre pas dans mon Royaume sans un jugement préalable, car en toute chose, il faut la justice ».

« Votre vie a-t-elle manifesté ma gloire, c'est-à-dire la puissance de l'Amour qui me caractérise, auprès de vos frères et sœurs du monde ?

« Oui », répondirent derrière moi trois personnes dont j'ignorais la présence.

« Eh bien, c'est ce que nous allons voir, repris la voix. Au dessus de la porte de la ville, se trouve un écran géant. Dans vos poches, il y a en ce moment même des objets qui symbolisent ce à quoi vous vous êtes le plus attaché sur la terre. Enlevez les, présentez les devant l'écran, alors apparaîtra à vos yeux tous les fruits que vous avez produit sur la terre. Si ce sont des fruits de salut, les portes de la ville s'ouvriront seules pour vous. Dans le cas contraire, vous vous en irez loin de moi, maudis à jamais ».

La séance commença du plus jeune au plus vieux. J'étais le dernier. Le premier s'avança, l'air hautain et sûr de lui-même. Il mit majestueusement la main dans la poche et sortit un billet craquant, pour sûr, un dollar américain. Dès qu'il le présenta devant l'écran, deux mondes apparurent. D'un côté, des gens richement vêtus, habitants dans des palais somptueux, se livrant à tous les plaisirs immondes. Et surtout, ils s'étouffaient à force de manger. L'autre monde offrait un contraste amer avec le premier. Elèves sans farine ni bois, famines, misère extrême, monde de squelettes vivants, enfants maigrichons s'accrochant désespérément aux seins ratatinés de leurs mères vieillis avant l'âge, etc. Aussitôt la voix de Dieu se fit entendre : « Voilà les résultats amers qu'a produits ton amour insatiable de la richesse de ce monde. En accumulant pour toi seul et à tout prix les biens qui revenaient de droit à tous, tu as brisé l'unité et le bien être du genre humain si chère à mon cœur de Père. Et tu veux avoir part à mon bonheur ? » Notre brave milliardaire n'eut pas le temps de répondre que déjà, deux démons l'entraînaient vigoureusement de l'autre côté de l'éternité où s'élevait une fumée noire dégageant une odeur de chair calcinée.

Le deuxième s'avança, plus inquiet que jamais. Il s'arrêta un moment, puis mis timidement sa main dans sa poche et fis sortir avec beaucoup de lourdeurs et d'hésitations son objet. A sa vue, tous nous baissâmes les yeux de confusion. Seuls, les démons criaient de victoire. C'était…c'était…un préservatif. Il le présenta devant l'écran qui devint tout noir. Alors la voix de Dieu s'éleva : « Mon cher fils, tu es condamné. Oui tu es condamné pour avoir passé toute ta vie dans la recherche désordonnée des plaisirs de la chair dont ce préservatif est le symbole parfait. La confiance aveugle que tu as mise dans cet outil qui t'évitait plus ou moins les grossesses indésirées a été pour toi motif de chutes et de rechutes. Vois ce que tu as fait de ta vie, une loque humaine profondément souillée. L'écran est devenu noir. C'est un signe de deuil. La mort de mon image en toi et dans l'être de tous tes semblables qui vivent eux aussi dans la fange. Et tu veux avoir part à mon bonheur ?

Après qu'il eut subi le sort du premier, la troisième s'avança avec beaucoup de peur. C'était une dame. N'ayant pas de poches, elle mit la main dans son petit sac et sortit son objet. C'était …c'était… l'image d'une église que surmontait une immense croix du Christ. Dès qu'elle la présenta devant l'écran, celui-ci fut inondé de lumière et l'on vit des femmes, des hommes et des enfants qui riaient de bonheur, des personnes qui se donnaient la main, des époux qui s'embrassaient, les chorales « san » et français qui dansaient au son d'une « bellissime » mélodie d'action de grâce, etc. Aussitôt la voix de Dieu se fit entendre : « Ma chère fille, en t'engageant à fond dans la vie de ton Eglise, en fréquentant assidûment l'eucharistie et les autres sacrements, en méditant constamment ma Parole au fond de ton cœur, tu as fait beaucoup plus de biens que tous ces millionnaires, pourtant de très bonne volonté, qui circulent dans les 4/4 des projets pour réaliser des œuvres sociales à travers villes et campagnes du monde. Et pour cause, je trouvais plaisir à demeurer en toi, de sorte que ma puissance donnait beaucoup d'effet à ta vie, à tes œuvres et à tes paroles, parfois même à ton insu. Et voici les fruits que tu as ainsi pu produire : joie du rire, solidarité et unité, vie, réconciliation, paix, enthousiasme dans la vie chrétienne, bref, des fruits qui embaument les cœurs humains de la douceur des parfums célestes. Dieu parlait encore lorsque des sons de cloches se mirent à retentir à travers toute la ville sainte. Les portes s'entrouvrirent alors grandement. Douze angelots firent leur apparition, posèrent une couronne fleurie de lumière sur la tête de l'heureuse dame et l'escortèrent jusqu'à l'intérieur. Dès qu'ils entrèrent, les portes se refermèrent, les cloches se turent, tout redevint silencieux, trop silencieux même. Et ce fut mon tour.

J'avançai en titubant. Je mis en tremblotant ma main dans ma poche, touchai à un objet dont la forme ne me disait absolument rien. Je commençais à le faire sortir avec beaucoup d'appréhensions, de peines et d'angoisses, quand, brusquement réveillé, je sautai de mon lit et failli m'écraser contre le mûr de ma chambre. Je transpirais comme ça. » Le rêve prenait ainsi fin.

Bien chers frères et sœurs, bien que ce ne soit là qu'un rêve, il n'est pas de doute que, je le répète, notre aptitude à avoir le ciel se mesurera à la quantité de beaux fruits que nous aurions produits pour la gloire de notre Dieu. Chacun de nous est donc invité à descendre dans sa conscience qui est cette parcelle de Dieu en nous et à s’interroger en toute vérité : « A quoi suis-je véritablement attaché ? En d’autres termes, qu’est-ce qui occupes le plus de temps dans ma vie et pour lequel je serai prêt à tout sacrifier ? Dieu ? L’argent ? Mon travail ? Les plaisirs mondains ? Faites la Vérité avec votre conscience, la vérité brute. Ne cherchez pas de justification. (1mn)

Posez-vous maintenant la question en toute honnêteté : « Quels sont les fruits qui découlent de cet attachement ? Des bons ou des mauvais ? Des durables ou des passagers ? Qu’est-ce que je gagne à la longue dans tout cela ? Et surtout, lié à cet attachement, qu’est-ce qui pourrait se trouver dans ma poche ou dans mon petit sac quand, après ma mort, je me trouverai face au grand portail de l’Eternité ?

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit. »

Que par l'Eucharistie de ce jour, l'Esprit Saint ravive notre lien avec l'Eglise, et partant de là avec le Christ, la vigne véritable, pour que notre vie abonde de Fruits de paix et d'Amour pour la gloire de Dieu le Père.       AMEN !!!

 

Abbé Edouard GNOUMOU, Paroisse de Tougan



06/07/2012
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