AU COEUR DE L\'ESPERANCE

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homélie, 5ème Dimanche de Pâques, année B

Homélie du Dimanche 10 Mai 2009 (Rotonde)

(5ème dimanche de Pâques, année B)

 

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit ».

Un jour, dans une ville non loin d’ici, je me rendis à la gare pour accueillir un ami. En attendant son arrivée, je me plaisais à contempler le spectacle qui m’environnait. Et c’est alors que mes yeux se posèrent sur un monsieur malpropre qui, au guichet, suppliait et re-suppliait avec maintes génuflexions la dame qui était de service ce jour-là. Devant le refus catégorique de celle-ci, notre homme s’en alla quêter du secours ailleurs. Il alla successivement près d’un monsieur et d’une dame, mais n’eut pas gain de cause. Il promena de nouveau un regard désespéré autour de lui. Dès qu’il me vit, une lueur d’espoir traversa son visage. Il s’approcha de moi, me salua poliment par une petite inclinaison comme pour me séduire, puis commença à me déballer son problème dont le nœud était ceci : il venait de la Côte D’Ivoire et devrait poursuivre son voyage jusqu’à Ouagadougou. Malheureusement, il lui manquait 800F pour compléter le prix de son transport. Je l’écoutai avec beaucoup d’impatience et à peine avait-il fini de parler que je lui répliquai: « Mon ami, j’aimerais bien t’aider, mais…moi-même là où je suis là, je me cherche ». Il me regarda un instant puis s’écria : « Eh, Mr l’abbé, si vous le pouvez, aidez moi pour la gloire de Dieu !». Je restai interloqué. Qui donc lui avait dit que j’étais un « Mr l’abbé » ? Je ne discutai plus. Je mis la main dans ma poche et sortis le seul billet qui me restait, 2000F, que je lui remis en disant : « Va prendre ton billet de voyage. Garde le reste pour ta route, on ne sait jamais. Courage mon frère, Dieu est grand ». Il s’en alla radieux prendre le billet qu’il revint me présenter en disant : « Merci Mr l’abbé. C’est maintenant que je sais que Dieu existe et qu’il est bon ! » J’en fus profondément ému. Au même moment, je pensai en moi-même : « C’est un peu ça, la gloire de Dieu, lorsque la bonté de Dieu éclate aux yeux de nos frères à travers nos bonnes œuvres ». C’est en me rappelant ce fait qu’il m’est venu à l’idée d’orienter notre méditation de ce jour dans ce sens là.

 

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit ».

Bien chers frères et sœurs, en vertu de notre baptême, nous sommes devenus d’autres Christ. A sa suite, nous sommes donc appelés à manifester la gloire de Dieu, c'est-à-dire la puissance de l’Amour qui le caractérise, en produisant à notre tour d’abondants fruits de salut afin que nos frères expérimentent combien il est bon. Mais pour pouvoir réaliser cela, un acte préalable s’impose : nous attacher à la vigne qui est le Christ comme nous le laisse encore entendre l’évangile de ce jour. C’est ici que doit se manifester concrètement la réalité de notre  beau slogan, « Avec le Christ, on est ensemble.»

S’attacher à la vigne, c'est-à-dire être ensemble avec le Christ, passe forcement par un attachement à l’Eglise. Le Christ et l’Eglise sont en effet deux réalités indissociables. L’Eglise est le corps mystique du Christ. De fait, de la même manière qu’aucune branche ne saurait bénéficier de la sève vivifiante provenant des racines sans être reliée au tronc, ainsi, le chrétien, s’il n’est relié à l’Eglise. Etre relié à l’Eglise, c’est croire tout ce que la sainte Eglise, investie de l’autorité divine, enseigne. C’est aussi prendre une part active à la vie de notre communauté en nous engageant, avec charité, dans les différents services, groupes et mouvements qui la caractérisent. Car on ne va jamais à Jésus seul. On le fait toujours ensemble, en Eglise.

S’attacher à la vigne passe aussi par une expérience directe et personnelle avec le Christ. Il s’agit pour chacun d’entre nous d’entretenir un contact permanent avec le Christ par la participation régulière à la messe et aux différentes prières, retraites et récollections qui sont organisées pour nous. Nous devons aussi apprendre à cultiver un amour particulier pour la Parole de Dieu en la lisant et en la méditant souvent, en groupe ou de façon personnelle. La Parole de Dieu a en effet cette puissance de nous modeler à l’image du Christ. « Si tu fréquentes régulièrement l’Evangile, lentement tu acquiers le regard, les sentiments, les pensées, les jugements, la mentalité du Christ. Le familier de l’Evangile ressemble forcement à Jésus-Christ » disait Michel QUOIST.

Bien chers frères et sœurs, voici brièvement présentés quelques moyens susceptibles de nous aider à pouvoir nous attacher à la vigne pour être réellement fructueux. Nous devons tous et chacun prendre cela au sérieux, car porter du fruit est un devoir pour tout chrétien. C’est même une exigence indispensable pour avoir part au bonheur céleste. A ce propos, voici un rêve terrible qui est venu perturber un jour mon sommeil en plein milieu de la nuit :

« J’étais mort et je me retrouvais, seul, errant dans les rues de l’éternité. Je marchai longtemps, longtemps avant de parvenir aux portes d’une merveilleuse ville. Sa muraille était de diamant. La ville elle-même était de l’or, comme du cristal bien pur. Les maisons étaient de lune. Les assises de son rempart étaient rehaussées de pierreries de toutes sortes : jaspe, saphir, calcédoine, émeraude, hyacinthe, cornaline, chrysoprase, et j’en passe. Je compris que c’était là le ciel et je me précipitai pour ouvrir la porte. Mais une voix m’arrêta net : « Arrière ! On n’entre pas dans mon Royaume sans un jugement préalable, car en toute chose, il faut la justice ».

« Votre vie a-t-elle manifesté ma gloire, c'est-à-dire la puissance de l’Amour qui me caractérise, auprès de vos frères et sœurs du monde ?

« Oui », répondirent derrière moi trois personnes dont j’ignorais la présence.

« Eh bien, c’est ce que nous allons voir, repris la voix. Au dessus de la porte de la ville, se trouve un écran géant. Dans vos poches, il y a en ce moment même des objets qui symbolisent ce à quoi vous vous êtes le plus attaché sur la terre. Enlevez les, présentez les devant l’écran, alors apparaîtra à vos yeux tous les fruits que vous avez produit sur la terre. Si ce sont des fruits de salut, les portes de la ville s’ouvriront seules pour vous. Dans le cas contraire, vous vous en irez loin de moi, maudis à jamais ».

La séance commença du plus jeune au plus vieux. J’étais le dernier. Le premier s’avança, l’air hautain et sûr de lui-même. Il mit majestueusement la main dans la poche et sortit un billet craquant, pour sûr, un dollar américain. Dès qu’il le présenta devant l’écran, deux mondes apparurent. D’un côté, des gens richement vêtus, habitants dans des palais somptueux, se livrant à tous les plaisirs immondes. Et surtout, ils s’étouffaient à force de manger. L’autre monde offrait un contraste amer avec le premier. Etudiants sans FONER, famines, misère extrême, monde de squelettes vivants, enfants maigrichons s’accrochant désespérément aux seins ratatinés de leurs mères vieillis avant l’âge, etc. Aussitôt la voix de Dieu se fit entendre : « Voilà les résultats amers qu’a produits ton amour insatiable de la richesse de ce monde. En accumulant pour toi seul et à tout prix les biens qui revenaient de droit à tous, tu as brisé l’unité et le bien être du genre humain si chère à mon cœur de Père. Et tu veux avoir part à mon bonheur ? » Notre brave milliardaire n’eut pas le temps de répondre que déjà, deux démons l’entraînaient vigoureusement de l’autre côté de l’éternité où s’élevait une fumée noire dégageant une odeur de chair calcinée.

Le deuxième s’avança, plus inquiet que jamais. Il s’arrêta un moment, puis mis timidement sa main dans sa poche et fis sortir avec beaucoup de lourdeurs et d’hésitations son objet. A sa vue, tous nous baissâmes les yeux de confusion. Seuls, les démons criaient de victoire. C’était…c’était…un préservatif. Il le présenta devant l’écran qui devint tout noir. Alors la voix de Dieu s’éleva : « Mon cher fils, tu es condamné. Oui tu es condamné pour avoir passé toute ta vie dans la recherche désordonnée des plaisirs de la chair dont ce préservatif est le symbole parfait. La confiance aveugle que tu as mise dans cet outil qui t’évitait plus ou moins les grossesses indésirées a été pour toi motif de chutes et de rechutes. Vois ce que tu as fait de ta vie, une loque humaine profondément souillée. L’écran est devenu noir. C’est un signe de deuil. La mort de mon image en toi et dans l’être de tous tes semblables qui vivent eux aussi dans la fange. Et tu veux avoir part à mon bonheur ?

Après qu’il eut subi le sort du premier, la troisième s’avança avec beaucoup de peur. C’était une dame. N’ayant pas de poches, elle mit la main dans son petit sac et sortit son objet. C’était …c’était… l’image d’une église que surmontait une immense croix du Christ. Dès qu’elle la présenta devant l’écran, celui-ci fut inondé de lumière et l’on vit des femmes, des hommes et des enfants qui riaient de bonheur, des personnes qui se donnaient la main, des époux qui s’embrassaient, la grande chorale de la rotonde qui dansait au son d’une « bellissime » mélodie d’action de grâce, et, tenez, elle était dirigée par l’abbé Wenceslas MPASSI, plus radieux que jamais dans sa belle soutane papale. Aussitôt la voix de Dieu se fit entendre : « Ma chère fille, en t’engageant à fond dans la vie de ton Eglise, en fréquentant assidûment l’eucharistie et les autres sacrements, en méditant constamment ma Parole au fond de ton cœur, tu as fait beaucoup plus de biens que tous ces millionnaires, pourtant de très bonne volonté, qui circulent dans les 4/4 des projets pour réaliser des œuvres sociales à travers villes et campagnes du monde. Et pour cause, je trouvais plaisir à demeurer en toi, de sorte que ma puissance donnait beaucoup d’effet à ta vie, à tes œuvres et à tes paroles, parfois même à ton insu. Et voici les fruits que tu as ainsi pu produire : joie du rire, solidarité et unité, vie, réconciliation, paix, enthousiasme dans la vie chrétienne, bref, des fruits qui embaument les cœurs humains de la douceur des parfums célestes. Dieu parlait encore lorsque des sons de cloches se mirent à retentir à travers toute la ville sainte. Les portes s’entrouvrirent alors grandement. Douze angelots firent leur apparition, posèrent une couronne fleurie de lumière sur la tête de l’heureuse dame et l’escortèrent jusqu’à l’intérieur. Dès qu’ils entrèrent, les portes se refermèrent, les cloches se turent, tout redevint silencieux, trop silencieux même. Et ce fut mon tour.

J’avançai en titubant. Je mis en tremblotant ma main dans ma poche, touchai à un objet dont la forme ne me disait absolument rien. Je commençais à le faire sortir avec beaucoup d’appréhensions, de peines et d’angoisses, quand, brusquement réveillé, je sautai de mon lit et failli m’écraser contre le mûr de ma chambre. Je transpirais comme ça. Le rêve prenait ainsi fin.

Bien chers frères et sœurs, bien que ce ne soit là qu’un rêve, il n’est pas de doute que, je le répète, notre aptitude à avoir le ciel se mesurera à la quantité de beaux fruits que nous aurons produits pour la gloire de notre Dieu. Chacun est donc invité à rentrer en lui-même pour se demander où il a mis la priorité dans sa vie et quels sont les fruits qui en découlent.

 

« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit. »

Que par l’Eucharistie de ce jour, l’Esprit Saint ravive notre lien avec l’Eglise, et partant de là avec le Christ, la vigne véritable, pour que notre vie abonde de Fruits de paix et d’Amour pour la gloire de Dieu le Père.       AMEN !!!

 

Edouard GNOUMOU, diacre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



07/06/2009
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