AU COEUR DE L\'ESPERANCE

HOMELIE DU QUATRIEME DIMANCHE DE PAQUES (Année A)

(Dimanche du bon pasteur ; Baptême et Première communion scolaire)

« Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière ».

Un jour je suis allé rendre visite à une famille. C’était au village. La première des choses que j’ai rencontrée en entrant dans la cour, c’était deux enfants qui roulaient à même le sol en poussant des cris de joie et en riant. Ils s’amusaient. Mais bon Dieu, qu’ils étaient sales ! La maman dû se sentir un peu mal à l’aise car immédiatement après les salutations d’usage, elle tira à elle la plus petite d’environ 2 ans à peine pour lui faire sa toilette. Pendant ce temps, le garçon de cinq ans continuait joyeusement à embrasser la poussière. Dix minutes après, la fillette apparue, tout propre et bien habillée. Elle s’arrêta à distance et elle observait son grand frère. Celui-ci l’aperçu et l’invita : « Mais viens on va continuer à rouler ! » et c’est alors que ce à quoi je ne m’attendais pas du tout de la part de cette toute petite se produisit. Surprise par une telle invitation, elle s’écria d’une façon presque hautaine : « Mais je suis propre moi ! Tu ne vois pas que je viens de me laver ! » Et disant cela, elle s’en alla s’asseoir, tranquille. Ce fait banal m’avait marqué. Et dès qu’il s’est agi pour moi de faire une homélie en ce grand jour caractérisé par le baptême et la première communion des scolaires, j’ai vite fait le lien.

« Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière ».

La liturgie du baptême que nous allons vivre aujourd’hui présente beaucoup d’analogies avec nos toilettes quotidiennes. En effet, une personne qui entre sous la douche n’est plus exactement la même qui en ressort. La première était sale, malodorante, fatiguée, étouffée et étouffante sous les débris de la sueur, etc. La deuxième, quant à elle, ressort propre, parfumée, détendue, fraiche. Sortie d’un état de vie si nouvelle et si agréable, elle ne voudrait, pour rien au monde, retourner aussitôt à ce qui l’avait rendu crasseux et désagréable. Bien au contraire, elle fuit tout ce qui peut être salissant. Bref, elle est rentrée dans une vie nouvelle : la vie de ceux qui sont propres. Ainsi, en est-t-il du baptême qui, comme notre douche quotidienne, nous lave de nos souillures du vieil homme, et nous fait entrer dans une vie nouvelle, celle des personnes pures, des enfants de Dieu. Ce baptême, tout comme la douche, comporte trois étapes comme le signale si bien l’apôtre Pierre dans la première lecture : « Convertissez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés, vous recevrez alors le don du Saint Esprit ».

• Première étape : « Convertissez-vous » :

La conversion est la porte d’entrée dans le bercail. Avant d’être un « état », elle est d’abord un mouvement d’esprit qui provoque le changement tout comme la prise de conscience de la saleté et le désir de s’en nettoyer est la porte d’entrée dans la vie de la propreté. Entrer donc dans la vie chrétienne sans passer par la porte de la conversion, c’est y accéder par le mûr. Jamais on ne deviendra chrétien dans cette condition tout comme celui qui se lave sans auparavant eu le désir d’être propre ne sera jamais un être propre. J’ose donc espérer de vous, chers candidats au baptême que ce sacrement que vous allez recevoir n’est pas seulement motivé par la fête ou le désir de ressembler aux camarades déjà baptisés, mais par le désir de devenir chrétien, de ressembler à Jésus Christ afin de hâter la venue du règne de Dieu. Si ce n’est pas le cas, alors sachez que vous vous apprêtez à rentrer par le mûr et que par ce fait même, vous êtes des voleurs qui seront fort nuisibles à l’Eglise comme cet autre dont parle l’évangile, qui rentre pour voler, égorger et détruire. Nous en voyons malheureusement de plus en plus des cas. Tertullien disait : « Avant, on baptisait des convertis. Aujourd’hui, il faut plutôt convertir les baptisés ». En effet, nous nous retrouvons de plus en plus aujourd’hui face à une masse de chrétiens nonchalants, profiteurs, désengagés, rebelles, incroyants, impies, diviseurs, etc. Ces personnes sont plus nuisibles à l’Eglise que ceux qui l’attaquent du dehors. Ils sont de véritables loups dans la bergerie. Chers baptisandi de ce jour, chers fidèles du Christ, il est temps que nous développons notre vigilance pour détecter ces voleurs, nombreux malheureusement, qui ont pu rejoindre le bercail et à être prudents vis-à-vis d’eux tout comme un homme propre fuit la boue et la poussière. C’est l’une des conditions pour maintenir la pureté reçu au jour de notre baptême et rester éveillés dans notre foi au Dieu Vivant vers qui tous nous marchons.

• Deuxième étape : « Et que chacun de vous se fasse baptiser au Nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés »

Le baptême est ce qui scelle la conversion. En d’autres termes, la conversion est en vue du baptême tout comme la prise de conscience de sa saleté et le désir de la propreté ne trouve tout son sens que sous la douche. Le baptême nous lave, et comme la douche renouvelle l’homme sale, il nous régénère et nous fait entrer dans une nouvelle vie qui nous interdit de retourner à nos poussières d’antan. Car on est devenu propre. Dans l’ancien temps, cette renaissance à la vie divine était marquée par le symbolisme de se déshabiller. On se déshabillait entièrement avant d’entrer dans la piscine pour le baptême. Et lorsque l’on ressortait de l’eau, on abandonnait les vieux habits pour revêtir une tenue nouvelle toute blanche, symbole de pureté que l’on venait d’acquérir. Cela signifiait qu’on s’était dévêtu du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, libéré du péché et portant en lui la vie divine. On était propre. Bien chers candidats au baptême, en tant qu’êtres qui allez renaître à la vie divine, vous devez donc désormais débarrasser toute votre vie de tout ce qui est mensonge, vol, tricherie, impureté, pour vous revêtir de la lumière de Dieu. Vous y parviendrez non pas en comptant sur vos propres forces, mais sous la motion de l’Esprit saint.

• Troisième étape : « Vous recevrez alors le don du Saint Esprit »

Après avoir été lavés de nos souillures et de nos péchés par l’eau du baptême, nous sommes revêtus par l’Esprit saint dont la plénitude est réalisée le jour de la confirmation tout comme l’enfant qui vient de se laver est revêtu de nouveaux habits et d’un nouvel esprit qui lui interdit de retourner à sa poussière. Ce don de l’Esprit est là pour nous aider dans le combat quotidien en vue de nous aider à rester toujours propre. Il nous identifie au Christ bon Pasteur qui marche à la tête des brebis et les brebis le suivent car elles connaissent sa voix.

Après le baptême, nous ne devons donc plus nous contenter de suivre la masse de chrétiens comme de simples passants qui rejoignent le convoi. Nous devons, à l’instar du Christ, marcher à la tête des brebis pour leur indiquer la voie en prenant diverses responsabilités dans la vie de l’Eglise. Nous célébrons aujourd’hui la clôture de la semaine des vocations. La vocation à la vie de catéchiste ; de religieux et religieuses, de prêtres est l’une des plus hautes formes du service de Dieu pour lequel nous avons été créés et pour lequel encore nous avons été récréés dans l’eau du baptême. Malheureusement, chaque année nous accueillons des centaines de baptême, mais aucune vocation.

Depuis 2006 en effet, nous n’avons eu aucune vocation de catéchiste. Les promotions se succèdent au CFC de Tionkuy, mais pas un seul parmi les quelques 5000 baptisés que comptent notre paroisse. Depuis 2007, nous n’avons qu’une personne qui chemine seul au petit séminaire de Tionkuy. Les aspirantes, quant à elles, sont loin de battre le record. Deux depuis déjà un certain nombre d’année. Où vont-ils donc, les centaines d’élèves que nous baptisons et qui reçoivent leur première communion par an ?

Ils ressort ainsi que nous baptisons de nombreuses personnes à la vie de Dieu, mais très peu s’y aventurent vraiment. Beaucoup de baptisés avec la complicité de leurs parents et de leurs proches préfèrent se consacrer à la recherche des biens de ce monde qui passent et s’évanouissent très vite plutôt que pour les choses éternelles pour lesquelles ils ont été baptisées. Bien sûr que la vocation à la vie de catéchistes et à la vie consacrée n’est pas la seule des vocations. Mais une chose au moins est claire. La mort des vocations dans une communauté est un signe criant de la dégradation de la foi dans le cœur des baptisés. Or plus notre foi est dégradée, plus notre quête de bonheur devient vaine. Le pape Jean-Paul II disait : « Ta quête de bonheur n’est rien d’autre que le désir du Christ ». C’est lui, le Bon Pasteur qui mène toujours ses brebis vers les prairies d’herbes fraiches. Ainsi, s’il arrive parfois que nous manquons de tout et que notre vie s’effrite, se dissipe dans des plaisirs qui mordillent notre âme sans jamais parvenir à nous rendre heureux, c’est parce que Jésus n’est pas toujours au cœur de notre vie. Ne dit-on pas que qui a Dieu à tout, qui n’a pas Dieu n’a rien ?

Au nom de notre Seigneur Jésus Christ, nous lançons donc un appel à vous baptisés de ce jour, à vous qui allez recevoir la première communion, à ne jamais écarter Dieu dans votre quête de bonheur. Vous ne deviendrez jamais propre en fuyant l’eau. Je lance la même exhortation à vous, les anciens baptisés, surtout aux parents, parrains et marraines de ces enfants. Vos enfants resteront toujours propres si vous-mêmes vous aimez la propreté. Ne dit-on pas en effet, tel père, tel Fils ? Donnez leur donc l’exemple d’une vie chrétienne authentique tissée de vérité, de pardon, de bonté, de travail bien fait, de prière et d’un engagement réel dans tout ce qui touche Dieu, l’Eglise et les Vocations. Car l’expérience montre que les vocations fleurissent toujours au sein de familles pieuses et engagées. Nous vous en exhortons vivement, d’autant plus que le constat est amer que beaucoup de chrétiens aujourd’hui refusent souvent tout effort pour rester propre après leur baptême. Dès que la moindre tentation surgit dans leur tête, ils retournent à leur poussière. Certains, à force même de s’habituer au mal n’attendent plus d’être tentés pour agir. Ils sont un peu comme les enfants. Quand un enfant s’habitue à la saleté, non seulement il est prêt à se jeter n’importe où, mais il a également horreur de l’eau. De fait il arrive parfois qu’il se retrouve plus crasseux que la poussière elle-même. Ainsi, nous aussi, à force d’entretenir en nous les mauvaises habitudes, elles s’ancrent fortement en nous, deviennent des parties de nous-mêmes et plongent notre âme dans l’abîme de la souillure. Ceux qui agissent ainsi ne peuvent pas s’attendre à bien finir. On dit en effet que « l’arbre tombe du côté où il penche » ou encore « qui sème le vent récoltera la tempête ». Oui ! Il n’y a aucun doute de ce côté : un homme qui vit permanemment dans la boue s’expose à des maladies de toutes sortes et par ce fait même, avance à grand pas vers une fin triste.

« Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière ».

Puisse le Seigneur aider les nouveaux baptisandi et ceux qui recevront la première communion en ce jour à soigner permanemment leur cœur et leur âme afin que la vie divine s’épanouisse en eux. Puisse-t-il nous donner la grâce à nous aussi de mettre la priorité dans les réalités d’en haut et de devenir des êtres permanemment renouvelés dans le sacrement de la réconciliation. C’est en agissant ainsi que nous créerons des conditions favorables à l’épanouissement de Dieu dans nos vies. Alors nous verrons jaillir au milieu de nous de nombreuses vocations ainsi que des personnes remplies de foi et d’Amour qui contribueront à l’avancée du règne de Dieu pour un monde meilleur.

Demandons toute cette grâce à Dieu qui nous aime, qui nous veut sain et pur dans notre âme et dans notre corps pour notre salut maintenant et pour les siècles de siècles. AMEN !!!