AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

Homélie de mariage de Emmanuel SAME et Nina YAMEOGO

Je dois d’abord commencer cette homélie en me confessant : quand Monsieur « l’abbé » Emmanuel SAME m’a demandé de célébrer cette cérémonie de mariage, il ignorait une chose. Que ce mariage serait unique pour moi. C’est véritablement le premier mariage que je célèbre depuis mon ordination sacerdotale il y a de cela quatre ans. Mieux, c’est celui d’un promotionnaire de grand séminaire, un ami de longue date. Oui, quel immense cadeau du Ciel !

Que vous dire donc, moi qui ne fais que mes premiers pas hésitants dans ce vaste monde des célébrations de mariage ? Que vous dire qui vous soit à la fois spirituellement nourrissant et bien digne de votre vaste culture religieuse, intellectuelle et humaine ? J’étais un jour à réfléchir sur cette question délicate lorsqu’une idée lumineuse me survint dans l’Esprit : « Mais ce n’est pas moi qui doit parler ! Me suis-je dit. C’est bien eux. Eux c’est qui ? Emmanuel et Nina parce que c’est eux qui célèbrent aujourd’hui leur mariage et non moi ». C’est alors que je leur ai demandé de choisir eux-mêmes les textes qu’ils voulaient soumettre à notre méditation. Mais en fait, c’était un piège que je leur tendais : oui, je voulais savoir leur conception et leur conviction profonde du mariage. Je voulais avoir une idée  nette sur ce qu’ils comptaient vivre et ce qu’ils envisageaient faire de leur foyer. Je vous dévoile donc ce qui en est sortie pour soumettre à votre appréciation. Vous me direz s’ils ont tort ou raison de croire en ceci ou encore de vouloir vivre cela. Ils ont choisi de vivre à la fois, la complémentarité, l’égalité, l’unité et l’indissolubilité dans leur mariage.

1-  La complémentarité dans le mariage

« Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je lui ferai une aide qui lui correspondra ». Ainsi, l’homme et la femme sont là pour se compléter, pour s’entraider, pour se soutenir dans leur marche vers la sainteté dans une humanité difficile. En croyant donc en la complémentarité, en choisissant de la vivre, Emmanuel et Nina, vous confessez que jamais l’un ne trouvera le bonheur en dehors de l’autre. Laissez-moi vous choquer un peu : ton Ciel, Emmanuel, c’est Nina. Nina, ton Ciel désormais c’est Emmanuel. Aucun d’entre vous ne trouvera le Ciel en dehors de l’autre. Nul ne pourra se sauver sans l’autre. C’est seulement en ayant cette conviction profonde comme vous le dites que vous allez pouvoir travailler main dans la main à faire de votre famille un avant goût du Ciel où le bonheur véritable qui vient de Dieu, inondera permanemment vos cœurs et rejaillira sur vos enfants et sur tous ceux qui viendront s’abriter sous votre toit. Voici la portée de la complémentarité que vous avez choisi de vivre et que vous m’avez révélé à travers ce texte de la Genèse. Est-ce vraiment ce que vous avez voulu dire ? (réponse) Chère assemblée, félicitez-les !

Qui parle de complémentarité parle de ressemblance, de similitude, d’égalité. On ne peut jamais compléter une moitié d’orange par une moitié de mangue, ni un plat de couscous par du sable. L’égalité, telle est donc la deuxième chose en laquelle vous affirmez croire.

2-  L’égalité

«Le Seigneur Dieu prit de la chair de son côté puis le referma ». L’affirmation vive de cette phrase, c’est que la femme n’a pas été tirée ni des pieds de l’homme (elle n’est pas inférieur), ni sur sa tête (elle n’est pas supérieur), mais bien de son côté (milieu= égalité). Dans un monde où plusieurs voix s’élèvent d’un peu partout pour prôner l’émancipation, où de grands projets nourrissent et enrichissent ceux qui se sont mués en héros de la question genre, Emmanuel et Nina nous disent qu’ils ont déjà compris. Plus besoin donc qu’une 4X4 bien frais stationne un jour à Tiébélé pour sensibiliser Emmanuel sur la nécessité de l’égalité entre l’homme et la femme. Il sait déjà que sa femme lui est égale en droit et en dignité. Mieux, qu’elle est son autre moitié. Si je me trompe, Emmanuel, tu peux encore me rectifier en publique. Une telle conception de l’égalité amène une complémentarité qui se mue en Unité profonde.

3-  L’unité

« A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un ». Que dire encore en plus ? Le message que nous donnent Emmanuel et Nina est clair. La complémentarité de leurs êtres égaux ne peut que déboucher sur l’Unité : Unité d’âme, Unité de cœur, Unité de corps. Emmanuel et Nina, sans le savoir, nous confirme ainsi dans leur position que la polygamie, la polyandrie et les unions illégitimes sont à jamais exclu de leur vie. N’est-ce pas ? Félicitez-les encore. L’Unité vraie c'est-à-dire « une seule chair » ont-ils compris, est aussi indissoluble surtout quand elle est coulée dans la moule d’Eternité de Dieu.

4-  L’indissolubilité

« Donc ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ». L’indissolubilité du mariage est donc quelque chose d’inscrit dans le dessein de Dieu : « Tous deux ne deviendront qu’un ». Dissoudre donc un mariage, c’est amputer même son propre être de moitié. On ne peut vivre heureux dans cette situation. Demandez aux couples divorcés. S’ils sont honnêtes, ils vous diront qu’ils n’ont pas encore trouvé le vrai bonheur. Les habitués de nos routes défectueuses de la Boucle du Mouhoun on l’habitude de dire qu’à force d’éviter un trou, il arrive souvent que l’on tombe dans un plus grand. Ainsi, à force de vouloir se défaire d’un mariage que l’on juge raté, on rencontre souvent pire. N’est-ce pas ?

Emmanuel et Nina, la complémentarité, l’égalité, l’unité et l’indissolubilité, sont donc les principes sur lesquels vous avez décidé de fonder votre foyer. Ils sont solides. C’est un socle sûr parce que dérivant même de la volonté du créateur. C’est donc bien parti. Je le répète : BIEN PARTI. Ne dites donc pas : « enfin ». Surtout pas l’expression « ouf… ». Ce n’est qu’un début. C’est un nouveau départ. C’est un nouveau chantier, un vaste chantier qui s’ouvre à vous et qui ne connaitra sa fin qu’avec la fin de votre vie ici bas. Ce sentier sera solide, beau, si vous respectez  trois conditions comme les trois côtés d’un triangle qui forment un ensemble cohérent: aux deux angles d’en bas, mettez la communion interne (esprit, cœur et corps) et l’ouverture aux autres. A l’angle du sommet, fixez l’ouverture à Dieu.

  • Le premier angle d’en bas du triangle est la communion interne

Pour une réelle communion et cohésion intérieure dans votre couple, je voudrais vous proposer trois ingrédients parmi tant d’autres :

  • Le premier, c’est l’amour humble, patient, qui pardonne et supporte tout.

Tout au long de votre vie, Emmanuel et Nina, vous aurez à vous pardonner l’un à l’autre. Sur la terre, il n’y a pas d’amour parfait, irréprochable. L’amour que l’on s’échange sur terre est un amour à pardon, comme il y a les moteurs à essence. En effet, quoique vous fassiez, Emmanuel qui est professeur de Philosophie le sait bien, vous serez toujours « deux moi » opposés. Toujours donc deux personnes différentes, chacune avec ses caractères, ses sensibilités, son passé vécu en dehors de l’autre et qui a marqué profondément son existence. Pardonner donc sera une attitude de grand, un geste divin pour toujours espérer, croire et tenir le discours du pardon qui est : « mon conjoint malgré ses ratés d’hier, d’aujourd’hui et peut-être de demain, n’a toujours pas dit son dernier mot ». Pardonner, c’est refuser d’enfermer l’autre dans son passé, dans sa faute, dans ses erreurs. Pardonner, c’est faire remporter une victoire à l’amour. Ne laisser donc jamais le mal prendre le dessus dans votre vie de couple. Mais soyez toujours victorieux du mal par le bien dans l’humilité, la patience et le pardon.

  • Le deuxième ingrédient, c’est la volonté d’aimer, la nécessaire communication et la reconnaissance.

-          C’est la volonté d’aimer : « je veux t’aimer pour toujours ».

Dans notre monde actuel, on croit que l’amour dure tant que dure le sentiment. Mais non, l’amour est aussi choix, décision. Dans un couple il arrive des moments où le sentiment n’est plus au rendez-vous. Mais on peut encore choisir d’ouvrir son cœur à l’autre, de le prendre dans son cœur, de vouloir lui être uni. Non par nécessité, non par peur d’être seul, non par soumission, mais par choix. Lorsqu’on fait cela, un sentiment nouveau commence à naître, plus profond, un attachement qui donne davantage la vie.

-          C’est la nécessaire communication :

Le dialogue et l’affection mutuelle sont la principale nourriture du couple et le secret d’un mariage heureux. D’abord écouter le conjoint. Parler au conjoint. Pas de mutisme assommant surtout. J’insiste : communiquez. Exprimer vos joies, vos craintes, vos doutes… Le déficit de communication tue le couple. C’est pourquoi je te conjure, Emmanuel, de ne pas recourir trop vite à ta philosophie pendant les moments chauds du foyer pour te murer stoïquement dans ton petit coin au point de ruminer l’aigreur jusqu’à la lie. Souvenez-vous qu’à partir d’aujourd’hui, nul ne pourra se sauver sans l’autre. Communiquez, s’il vous plait. Je te conjure Nina, de ne pas recourir trop vite au droit pendant les moments de tempêtes de votre vivre-ensemble pour courir à tue tête devant les tribunaux du monde. Vous creuserez ainsi non pas vos propres fosses, mais aussi la fosse commune de votre foyer. Communiquez s’il vous plaît. Et pour cela, vous avez un grand atout : la parenté à plaisanterie (car votre couple est bien composé d’un petit samo pour les mossi, et d’une petite moaga pour les samos).

-          C’est la reconnaissance :

Il n’y a rien qui fait grandir plus l’amour que la reconnaissance, comme il n’y a rien qui l’abîme plus que l’ingratitude. Passez du temps à vous émerveiller sur les qualités de l’autre.  Ne vous habituez jamais à cela. Sachez aussi, chacun pour sa part, trouver les gestes, les occasions nombreuses pour dire à l’autre « merci ».

ü  Des paroles valorisantes : Il y a des mots magiques : un compliment est infiniment plus efficace que mille remontrances. Ne laissez pas d’autres flatter ou appeler votre conjoint « chéri » ; faites le vous-mêmes avec vos mots. Draguez donc votre conjoint. N’en laissez pas l’occasion à d’autres. Il ne suffit pas d’aimer. Il faut qu’il ou elle se sente aimé.

ü  Des moments d’intimité : Une sortie à deux (promenade, circuit…). Une activité (sport, etc.)

ü  Des gestes d’affection : une caresse affectueuse, un bisou, ça prend deux secondes, et c’est gratuit. Pourquoi la tendresse, les lettres d’amour, les poèmes disparaissent-ils de nos foyers une fois le mariage célébré ? L’inspiration serait-elle donc restée dans la grande salle de la mairie ou sous le clocher paroissial ?

ü  Des cadeaux : retenez ceci : « Qu’à ses yeux si beaux, l’humble présent soit doux ». Le cadeau qui plait n’est pas obligatoirement le cadeau couteux mais qui évoque un souvenir, symbole parlant d’un sentiment, un évènement qui a marqué positivement le cœur….Le cadeau s’impose dans les séparations-absences. Il permet alors de jeter un pont sur l’absence. Comme le dirait l’autre : multipliez donc avec sincérité les sachets noirs en rentrant à la maison.

Si vous vivez ces langages d’amour, croyez moi, votre couple ne s’ennuiera jamais et grandira toujours dans l’amour.

  • Le deuxième angle d’en bas de notre triangle est l’ouverture à l’extérieur

Michel QUOIST disait : « c’est celui qui s’ouvre aux autres qui enrichit sa vie ». De même, seul le couple qui s’ouvre aux autres s’enrichit. Ne soyez donc pas un couple isolé. Autrement, votre couple deviendra comme un fleuve sans débouché vers l’océan. Stagnant, dormant et croupissant, il manquera et de vie et de fraicheur.

Apprenez à sortir. Allez rendre visite à d’autres familles aussi bien dans leur moment de joie que de peines. Prenez modèle sur les foyers qui peuvent vous aider à grandir. Jamais sur ceux qui dérivent et feignent une joie purement simulée. S’il arrivait par hasard que vous daignez prendre un foyer déraillant comme modèle, que ce soit pour redresser ou minimiser vos difficultés conformément à ce proverbe chinois qui dit : « Je pleurais parce que je n’avais pas de chaussures, jusqu’au jour où j’ai rencontré quelqu’un qui n’avait pas de pied »

On dit que le linge sale se lave en famille. Mais le savon qui lave le linge provient plus souvent du dehors. Sans éventrer la gueule tapée en publique, c’est à dire vous vendre à la face du monde entier, sachez néanmoins demander conseil auprès de personnes avisées : vos témoins, vos parents, vos pasteurs, etc…Ne vous obstinez jamais à broyer du noir alors qu’il suffit d’ouvrir une lucarne pour qu’un rayon de lumière vous illumine du dehors.

Faites de votre famille une Béthanie, c'est-à-dire une maison d’accueil où tout homme, en rentrant, puisse ressortir le cœur allègre et en paix. Car un foyer est un feu ou l’on vient se réchauffer. De même, tous ceux qui chercheront auprès de vous un réconfort, les blessés et les malheureux de la vie devront trouver auprès de vous cette chaleur.

Nina, tu as deux prénoms. Le premier, « Boudnoma » signifie bon foyer. Le deuxième, Nina, dérive de l’hébreu « hanna » qui veut dire « grâce ». Les synonymes sont : charme, amitié, attrait, beau, bonté, candeur, délicatesse, douceur, finesse, fraicheur. En vertu de cela, devant l’assemblée de Dieu ici présente, je te confère donc particulièrement la responsabilité d’œuvrer afin que ton foyer devienne ce bon foyer où surabonde Amour, grâce et fraicheur pour la joie de ton mari, de tes enfants, et de tous ceux qui viendront y chercher du réconfort. (plan horizontal) Le promets-tu ? (réponse)

  • Le troisième angle du triangle, celui du sommet est l’Ouverture à Dieu

Vous pourrez avoir une communion intérieure profonde, une ouverture aux autres enrichissante mais si vous vous limitez là, votre vie de couple tournera trop court. Vous devez faire des projets assez grands pour inclure Dieu et assez vastes pour y embrasser l’éternité

Si vous avez décidé aujourd’hui de célébrer chrétiennement votre mariage, c’est parce que l’un et l’autre vous avez pris conscience que Dieu vous confie aujourd'hui une âme que Lui seul connaît, que Lui seul aime et sait aimer parfaitement.

Vous vous mariez chrétiennement, parce que vous mesurez combien le cœur auquel vous allez vous donner et que vous vous apprêtez à recevoir est un bien précieux. Et vous ne voulez pas en faire n'importe quoi…

Vous vous mariez parce que vous avez fait l'expérience de vos limites, parce que vous savez qu'aimer un cœur est au-dessus de vos forces. Vous savez votre cœur trop étroit, trop maladroit, trop égoïste.

C’est pourquoi vous vous mettez  devant Dieu, pour Lui demander de vous apprendre à vous aimer, avec cette délicatesse patiente, cette obstination vigilante, ce renoncement à soi-même, cette pureté du cœur que vous ne pouvez recevoir que de Lui.

Rendez-le donc toujours présent dans votre foyer en lui donnant la place la meilleure. Emmanuel signifie « Dieu avec nous ». Emmanuel « Dieu avec nous », en vertu de ce précieux nom de notre sauveur que tu portes, en vertu de la formation spirituelle solide que tu as reçue quatre ans durant au grand séminaire, je te confie cette lourde responsabilité de la présence de Dieu dans votre vie de foyer (plan vertical). Je te confie votre vie prière, la vie sacramentelle de ton épouse et de toi-même, la vie de foi de tes enfants. Qu’en dis-tu ? Le pourras-tu ? Le promets-tu ?

Rien, absolument rien ne doit vous empêcher de vivre votre vie de foi, votre vie sacramentelle et de consolider la présence de Dieu au milieu de vous à travers la prière en famille.

Car seul Dieu saura, Lui, éduquer votre regard pour vous faire voir ce que vous ne voyez pas. Il saura guider votre main pour faire le bien que vous ne savez pas faire. Il saura conduire votre pas au rythme du sien, pour vous mener là où Il veut, quand Il le voudra. Il vous apprendra le but et la manière… Il vous apprendra la ténacité.

Pour finir, permettez-moi avec vous de regarder de nouveau le Ciel- Un jour, vos deux âmes seront auprès de Dieu. Ne perdez jamais de vue ce à quoi vous êtes destinés : Le Ciel. Et surtout, rappeler-vous que nul d’entre vous ne pourra l’avoir sans l’autre.

Vous trouverez là le sens de votre amour, et la force de le défendre envers et contre tout lorsque vous le sentirez vulnérable. Vous trouverez là la perspective qui met chaque chose à sa place, et à sa place seulement, avec la proportion qui lui revient, et rien de plus, et rien de moins. Vous trouverez là le critère des choix qu'il vous faudra poser. Vous trouvez là votre mission : nous donner, à nous aussi, le désir du ciel.

Vivez avec l’idée du Ciel bien ancrée en vous! Vivez pour Dieu ! Et je vous le promets, vous n'aurez pas perdu votre temps. Vous serez comblés d'une joie durable et profonde, que rien ni personne ne pourra vous ravir.

Puisse Dieu vous accordez cette grâce, Lui le vivant qui nous aime maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!

Abbé Edouard GNOUMOU

CEDICOM



31/07/2013
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