AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

homélie du 13ème dim du T.O année C

Homélie du 13ème dimanche du T0 (Année C)

(Dimanche 27 juin 2010)

 

« Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem ».

 

Cette petite phrase, qui semble une entrée en matière élégante et innocente, est en réalité d'une intensité à faire frémir, si on la décortique un peu. Il faut dire que les traducteurs, dans quelque langue que ce soit, ont de la difficulté à rendre toute la force prégnante des expressions employées par Luc.   "Comme le temps approchait...", dit notre texte. Luc dit, littéralement, "Comme les jours allaient être accomplis..."  On est donc arrivé à un moment décisif, à la fin des temps, à la naissance définitive de Jésus. Et cette naissance définitive, cette fin des temps, ce sera sa mort. Notre texte dit : "comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde". D’une façon littérale, on dirait plutôt de façon brusque :"Comme le temps approchait où il allait être éliminé".

 

Quelle est l'attitude de Jésus face à cette fin brutale de son ministère, qui déjà se dessine ? Non seulement il en est conscient, mais il la regarde en face, et se dirige résolument vers le but. « Il prit avec courage la route de Jérusalem". Ici de même, si l'on traduisait littéralement on dirait:"il durcit sa face pour prendre la route de Jérusalem", ou bien, selon une autre traduction qui rend assez bien le sens,  "il prit irrévocablement la route de Jérusalem". On se retrouverait alors avec la traduction suivante : « Comme le temps approchait où il allait être éliminé, il durcit sa face pour prendre la route de Jérusalem ».

 

La mission de Jésus sur terre s'achèvera dans un échec retentissant, appelé la Croix. Très tôt il en est conscient. Cela ne l'empêche pas d'être totalement fidèle à sa mission, et d'accepter résolument l'échec. En cela il nous enseigne beaucoup.

 

Bien souvent, nous empruntons la vie chrétienne avec l’espoir de ne rencontrer aucune difficulté sur notre route. Nous attendons que le Seigneur accourt au moindre petit cri pour nous délivrer de tout ce qui nous accable. Alors, quand nous nous rendons compte que ce n’est pas le cas, que nous semblons même rencontrer beaucoup plus de difficultés alors m^me que nous prions et demandons des messes à n’en pas finir, nous nous décourageons. Certains même quittent complètement la réligion catholique pour retourner à leur fétiche ou embrasser la religion protestante ou musulmane. Pire, d’autres font semblant de demeurer catholiques fervents, mais revêtent une tenue sombre une fois la nuit tombée.

 

Parmi ces réalités qui nous dévient parfois de notre foi chrétienne, l’évangile cite aujourd’hui trois :

 

La recherche du confort. A l’homme qui se propose de suivre Jésus, sans doute dans le but d’obtenir un certain confort auprès de lui, Jésus dit : « Les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le fils de l’homme n’a même pas un lieu où reposer la tête ». Bien souvent, dans notre vie de foi, nous oublions souvent cet aspect. Nous oublions qu’il arrive souvent que le disciple du Christ soit obligé de faire un choix entre le Christ lui-même et le confort matériel. Quand le propriétaire de ma maison menace de me faire déguerpir, moi et ma famille ; lorsque mon commerce chavire et tombe ; quand je perds mon boulot ou ma place de chef de service; quand les difficultés de tous ordres élisent domicile chez moi. En ce moment nous nous trouvons devant ce dilemme. Restez quand même à la suite du Christ, durcir comme lui notre visage et rester fidèle avec lui jusqu’au bout ou chercher des solutions faciles. Bien souvent, beaucoup se penche vers la deuxième solution. Ils circulent des marabouts jusqu’aux charlatans en passant par les féticheurs et les croyances sataniques. Et, au bout du compte, ils se retrouvent riches certes, mais enchainés dans des systèmes qui les écrasent et d’où ils ne peuvent plus s’en sortir. Où se trouve-t-il donc, ce bonheur mirage qu’ils sont allés y chercher ? Dans tous les cas, nous devons savoir que notre cité n’est pas ici bas. De fait, il est inutile, voir gravissime de vendre notre âme pour des choses qui passent et qui nous quitteront un jour aussi rapidement qu’elles ne nous sont parvenues. Alors, tenons bons jusqu’au bout comme nous le dit l’apôtre Paul dans la deuxième lecture de ce jour et ne reprenons pas les chaines de nos anciens esclavages. Car vaut mieux un crouton trempé dans une eau paisible qu’un festin rempli de haines, d’amertumes et de peurs.

 

La deuxième chose qui constitue parfois pour nous un frein à l’épanouissement de notre foi chrétienne, c’est bien la question de la mort. Jésus dit à un autre : « Suis-moi ». L’homme repondit : « Permets moi d’aller d’abord enterrer mon Père ». Dans un premier cas, nous sommes souvent désemparés de rencontrer la mort sur nos routes. Quand nous perdons brusquement notre femme, notre mari ou notre enfant nous avons souvent l’impression que Dieu nous a abandonné. En ces moments précis, loin de nous décourager et de nous laisser ronger par le chagrin comme un homme qui s’agénouille devant l’incendie de sa maison et se laisse consumer par elle, nous devons durcir notre visage et monter à Jérusalem avec le Christ. C'est-à-dire, lui rester fidèle jusqu’au bout avec la ferme conviction que celui-là même qui a subi un jour la mort la plus atroce et qui est ressuscité saura nous procurer les consolations nécessaires. Dans un deuxième cas, face à la mort de leurs parents, il arrive souvent que des chrétiens engagés veuillent leur donner une sépulture somptueuse avec tous les honneurs religieux dignes de leur rang social et de leur vie chrétienne exemplaire alors que ces mêmes parents n’étaient pas en règle vis-à-vis de l’Eglise. De fait, lorqu’ils se heurtent à la décision de l’Eglise qui affirme que « Si de son vivant un homme ne venait pas à l’Eglise, ce n’est pas après sa mort qu’on va le forcer à y entrer », alors, ces mêmes chrétiens perdent pieds, s’adonnent à cœur joie et dans un esprit de revanche à des funérailles traditionnelles et ne remettent plus jamais les pieds à l’Eglise. Prenons garde que rien de tout cela ne nous désarçonne et nous conduise loin de celui-là même qui est la source de notre vie et de notre bonheur. Et pour cela, tenons bon jusqu’au bout comme le maître qui monte à Jérusalem tout en sachant ce qui l’y attend.

Enfin, la troisième réalité que l’évangile signale aujourd’hui, ce sont la famille et les parents. Combien de gens n’ont-ils pas abandonnés leur foi chrétienne parce que leurs parents s’y opposaient violemment ? Combien d’hommes ou de femmes, qui, parce qu’ils tenaient à lier leur destin à telle fille ou tel homme n’ont-ils pas virés de la réligion catholique pour embrasser celle de leurs dulcinées ? Faut-il sacrifier l’âme immortelle au profit d’un amour éphémère qui se révèlent souvent la source de troubles sans nombre ? Et si on tenait jusqu’au bout quoi qu’il arrive ! Car les grands hommes, ce sont ceux qui imitent le Christ. Ils savent à quoi ils s’engagent, ne ferment pas les yeux sur les difficultés qui peuvent surgir sur leurs routes, et vont jusqu’au bout.

 

En effet, nul n’ignore que même dans l'ordre purement naturel, la vie humaine n'est pas normalement une longue suite de succès. Elle est faite, à tous les niveaux, d'une alternance de réussites et d'échecs. Partout, une immense croix plane sur le monde, et personne ne peut lui échapper.L’attitude de Jésus nous enseigne donc que la personne qui mûrit et grandit, tout au long de sa vie n'est pas celle qui nie ses échecs, mais celle qui sait les gérer, c'est-à-dire les accepter clairement pour ce qu'ils sont, en tirer les leçons, mettre un point final à un chapitre, puis tourner sereinement la page et commencer un autre chapitre.

Bien chers frères et sœurs, chacun de nous avons reçu un appel personnel en tant que chrétiens  Notre cheminement sera normalement fait d'un mélange de réussites et d'échecs, de satisfactions personnelles et de déceptions. Nous grandirons vers la plénitude de la vie à travers ce cheminement dans la mesure où, comme Jésus, notre regard et notre visage seront décidément et irrévocablement tournés vers le but, advienne que pourra.

 

Demandons lui donc de nous aider à tenir bon dans nos engagements de baptisés, de couples, de religieux, de prêtres. Tenons bons, soutenus par les sacrements du baptême, du mariage et de l’ordre fondés sur le Seigneur fidèle.

 

A lui soit la gloire, maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!

                       

Abbé Edouard GNOUMOU (Tougan)

 



14/10/2010
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