AU COEUR DE L\'ESPERANCE

HOMÉLIE 16EME DIMANCHE DU T.O (ANNEE A)

(Dimanche le 20 juillet 2014)

La Parole de Dieu que nous venons de parcourir pose l'épineux problème de l'origine du mal et de sa cohabitation pérenne avec le bien.

Ce problème, aussi vieux que le monde, a fait couler beaucoup d'ancre et de salive et continue d'en faire couler encore. C'est « l'écharde dans la chair de la raison humaine ». Certains en ont réfléchi jusqu'à en perdre leur latin. Des doutes sur l'existence d'un Dieu bon et tout puissant ont même vu le jour. Écoutons Épicure: « Ou DIEU veut supprimer les maux et ne le peut; ou il le peut et ne le veut; ou il le veut et le peut. S’il le veut et ne le peut, il est impuissant. S’il le peut et ne le veut, il est méchant. S’il le veut et le peut, d’où viennent donc les maux et pourquoi ne les supprime-t-il pas?». Oui, d'où vient donc le mal et pourquoi Dieu ne le supprime pas?

L'évangile de ce jour, sans rentrer dans des explications détaillées, nous donne tout de même des affirmations fortes. Dieu n'est pas à l'origine du mal: « Le Royaume de Dieu est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ ». C'est donc du bon grain que Dieu a semé et rien que cela. La question des serviteurs est encore plus catégorique: « Seigneur, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ? D'où vient donc qu'il y a de l'ivraie? ». Frères et sœurs, c'est clair. Dieu n'a semé que le bien et rien que le bien. Le mal a donc une autre origine. L'évangile nous dit est l’œuvre d'un ennemi: « Or pendant qu'il dormait, son ennemi survint; il sema de l'ivraie au milieu du blé et s'en alla ». Cet ennemi, c'est celui-là même que nous appelons Satan, le prince des ténèbres. Celui-là même qui, un beau jour, par orgueil s'est révolté contre Dieu et voulu prendre sa place. Faute de cela, il s'est rabattu sur sa créature la plus aimée pour semer en elle mal et désolation.

Voilà donc résolu le problème de l'origine du mal. Cependant; comme le dit un proverbe, « un problème ne vient jamais seul ». Il nous reste encore une autre inquiétude, la même que le philosophe Épicure: pourquoi Dieu laisse-t-il donc ce mal qu'il n'a pas créé subsister avec le bien alors qu'il a la toute-puissance de la déraciner jusqu'à son ombre? Là encore la Parole de Dieu explique: « Non, de peur qu'en enlevant l'ivraie, vous n'arrachiez le blé en même temps ». Vous l'avez compris. C'est pour protéger l'homme, aussi bien le bon que le méchant. Dieu a semé le bien dans tous les cœurs. Le mal est venu s'implanter par la suite à cause de l'ennemi. Mais est-ce pour cela que Dieu doit tuer l'homme qui demeure, quoi qu'on veuille, son enfant bien-aimé et toujours capable de bien? « On ne jette pas le bébé avec l'eau du bain » dit un proverbe. Et un autre d'ajouter: « Ce n'est pas parce que un enfant, à trois ans, ne marche pas encore qu'il ne marchera jamais ». Non, Dieu ne se décourage jamais de l'Homme. Il est le Dieu patient. Il espère et attend toujours que le bien l'emporte sur le mal dans le cœur des hommes, même des méchants. La preuve, c'est qu'il arrive que plusieurs personnes, mauvaises au départ, se convertissent, à la fin de leur vie.

Frères et sœurs, c'est ce que Dieu attend aussi de nous. Oui, sa patience nous donne encore le temps de déraciner le mal sous toutes ses formes qui nous gangrène de l'intérieur et rend la vie difficile à nos frères. Mettons-nous donc à la tâche. Laissons germer en nous le meilleur pendant qu'il est encore temps. Car il n'est pas dit que le mal et ses partisans subsisteront toujours. Il y aura une fin déjà amorcée dans le sacrifice de la croix: « Au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs: enlevez d'abord l'ivraie, liez la en botte pour la brûler. Quant au blé, rentrez le dans mon grenier ».

Nous avons encore la possibilité de nous convertir pour faire partie du blé qui rentrera dans les greniers du ciel. Alors profitons-en. Puisse l'eucharistie de ce jour (soir) nous y aider. Amen!