AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

Homélie du 19ème dimanche du T.O Année C

HOMELIE DU 19ème DIMANCHE DU T.O (Année C)

(Dimanche le 08 Août 2010)

 

« Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées…Tenez vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».

C’était un matin, dans les rues encombrées et étouffantes de la ville de Ouagadougou. Je circulais tranquillement sur ma delta, frédonnant de nouveaux airs qui me venaient en tête malgré les tintamares des klaxons et les vacarmes que produisaient les moteurs rouillées des véhicules de cinquième main, quand brusquement, une voiture luxueuse que conduisait une dame me renversa par derrière. Je fus projeté en plein milieu de la chaussée à quelques 10 cm des roues d’un taxi qui avait pu freiner, je ne sais comment. Ainsi, je venais de caresser la tombe à quelques centimètres prêts sous le regard ahuri de la dame, des passants et du taximan qui se demandait encore comment il avait pu réussir un acte salvifique si impossible. Oui, j’avais frôlé de très près ce que tous nous redoutons et appelons communément, la mort. Mon cœur bâtit fort à l’idée que ce pouvait être déjà fini pour le jeune homme que j’étais. Ainsi, sans crier gare, la mort rôde chaque jour dans nos rues, nos écoles, nos hôpitaux, nos lieux de travail ; elle frappe quotidiennement à nos portes et il ne se passe pas un seul moment sans qu’elle ne réussisse à emporter quelqu’un dans sa besace. La prochaine fois, ce pourrait être moi, sans qu’il y ait, cette fois-ci, aucune chance d’échapper comme la première fois. Ce pourrait être aussi toi, lui, elle, vous, eux. Mais quand ? A quel moment se passera cet événement fatidique ? Bien malin qui pourrait le deviner. Ce peut être tôt ou tard, aujourd’hui même ou demain, l’année prochaine ou dans 50 ans, etc. Ce qui est sûr, ce temps viendra et personne ne sait quand. Voilà pourquoi le Christ nous lance aujourd’hui cette pressante exhortation.

 

« Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées…Tenez vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ».

De quel service et de quelles lampes parlent Jésus ?

Le mot servir est facile à comprendre, même s’il recouvre une réalité que nous avons bien de la peine à réaliser en permanence : il s’agit évidemment de nous détourner de nous-mêmes pour nous mettre au service d’un autre.

Cet autre, c’est un maître comme nous le signifie l’évangile à plusieurs reprises (3fois au moins). Ailleurs, ce mot est remplacé par l’expression « Fils de l’Homme » qui désigne, dans le contexte biblique, le Christ lui-même. Ainsi, Jésus nous demande d’être sans cesse disponibles, attentifs, à la venue de « quelqu’un », qui n’est rien moins que Dieu lui-même : Dieu vient, Dieu va arriver ! Et Jésus ose même employer l’image du voleur, pour souligner combien cette venue de Dieu est surprenante, imprévisible, cachée. En soulignant avec insistance l’aspect imprévisible de la venue de Dieu, Jésus, évidemment, pense à cette dernière venue, à cette rencontre du Fils de l’Homme que nous ferons au jour de notre mort : c’est à cette rencontre soudaine, - comme la venue du voleur ! – et où nous aurons à « rendre des comptes » au maître sur notre service ou notre négligence que Jésus pense. Sommes-nous, en ce moment, prêts à cette éventualité, devant laquelle Jésus nous met de manière assez dramatique, ou bien sommes-nous de cette catégorie d’hommes qui sont chloroformés, anesthésiés et qui évitent à tout prix de penser à cet essentiel inéluctable ? Un célèbre penseur disait : « La mort frappe sans cesse dans nos rangs. Mais il est étonnant de constater que tout le monde vit comme si personne ne savait ». Ne sommes-nous pas de cette catégorie de personnes imprudentes et aveuglées par les bonheurs chimériques d’un monde éphémère ?

Outre cette venue de Dieu au jour de notre mort que nous devons prudemment et sagement mettre dans notre programme, Jésus nous invite aussi à être prêts à accueillir ces autres visites imprévues que Dieu nous rend chaque jour. Dieu vient de mille manières. Dans sa Parole proposée chaque jour. Dans tout homme qui as besoin de moi : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ». Dans l’Eglise : « Qui vous écoute m’écoute ». Dans les événements imprévisibles, joies, peines : « Je suis avec vous tous les jours ». Les enfants voudraient jouer avec moi. Cela me dérange : c’est Jésus qui vient ! Un voisin me demande un coup de main : c’est Jésus qui veut être servi ! Mon travail professionnel, champêtre, familial : c’est Jésus qui attend mon service ! Restez en tenu de service commence donc par cette promptitude à accueillir Dieu chaque jour et à le servir dans les personnes que nous rencontrons et dans les événements de la vie. Pour ce faire, et afin d’éviter de tomber aussi dans l’assoupissement, nous devons sans cesse tenir nos lampes allumées. Ces lampes qui doivent nous maintenir éveiller pour le service ne sont autres que les lampes de la foi attisées par l’huile de l’Amour.

La foi et l’Amour sont deux réalités inséparables. On ne peut trouver de foi sans Amour. L’Amour est pour la foi ce que l’huile est pour la lampe. La foi est cette réalité qui, imprégnée de l’Amour de Dieu et des hommes, nous maintient reliés au ciel comme Abraham, dans la première lecture. Elle est une réalité qui sait tout quitter et tout risquer pour Dieu, car elle est l’attente de la cité qui aura de vraie fondation, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte. Elle nous rappelle sans cesse que nous ne sommes que des voyageurs, des étrangers de passage sur la Terre et que tout ce que nous faisons doit avoir pour unique but de nous propulser davantage vers les réalités d’en haut dont elles nous fait déjà vivre un avant goût sur la terre ici-bas. C’est pourquoi l’auteur de la lettre aux hébreux la définit comme « le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. » Sous cet angle, elle nous aide, comme Abraham à supporter toutes les épreuves que nous rencontrons dans notre vie : stérilité, vulnérabilité, promesses ou intentions de prière qui tardent à se réaliser, frustration, divorce, échec, etc., pour accéder à un sens qui se dégage peu à peu et à la conscience accrue de la présence de Dieu qui agit dans l’Histoire. Tenir les lampes de la foi allumée signifierait donc faire retentir, à travers notre vie de témoignage, cette formidable confiance inébranlable dans la promesse que Dieu réalise absolument tout ce qu’il dit à l’homme. Et que comme les Israélites dans la première lecture, un temps viendra où en même temps qu’il frappera nos ennemis et toutes nos épreuves, il nous appellera pour nous donner sa gloire. Au regard de tout ce qui vient d’être dit, nous pouvons donc nous poser les questions suivantes :

Est-ce que notre manière de vivre chrétiennement révèle-t-elle, aux yeux du monde, que nous attendons quelque chose de plus grand que la terre où bien sommes-nous, comme les païens, rigoureusement enracinés voire enlisés dans les choses terrestres qui passent : argent, plaisir, pouvoir avec leur cortège de péché ? Les autres, nos frères, peuvent-ils apercevoir en nous une foi dont l’engagement concret révèle que nous sommes fondamentalement reliés aux réalités d’en haut que nous attendons au quotidien ?

On dit que l’arbre tombe du côté où il penche. Ne nous leurrons donc pas ! La venue du Fils de Dieu qui coïncidera avec notre mort viendra trouver chacun fortement enraciné dans ses habitudes, bonnes ou mauvaises. Alors, dès maintenant, allumons nos lampes de foi, mettons nos tenues de service et tenons-nous éveillés sans nous lasser. Ainsi quand le Fils de l’Homme arrivera, il nous trouvera dignes de partager sa gloire, Lui qui est vivant pour les siècles des siècles, AMEN !!!

 

Abbé Edouard GNOUMOU

 



14/10/2010
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