AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

Homélie du 28ème dimanche du TK.O

HOMELIE DU 28EME DIMANCHE DU T.O (ANNEE C)

 

INTRODUCTION

« Nulle grâce ne nous tombera directement du ciel. Il nous faudra, au prix parfois de grand risques, nous mettre toujours en route dans la confiance et la reconnaissance ».

L’Evangile de ce jour nous relate une scène de guérison. Dans cette scène, deux réalités ressortent fortement : une démarche de confiance et une démarche de reconnaissance.

 

I/ LA DEMARCHE DE CONFIANCE.

Les textes nous parlent de Guérison d’une maladie, qui, au temps du peuple d’Israël, était plus redoutable que le SIDA, qui est aujourd’hui craint par tous. Cette maladie, c’est bien évidemment la lèpre. Contrairement au SIDA qui ne conduit qu’à une seule mort, la mort physique, la lèpre, quant à elle, frappait sa victime d’une triple mort :

-                     La mort physique : rongée de tout côté, la victime devenait comme un cadavre ambulant car inapte à tout. Elle devenait en effet inutile, voire même encombrante et gênante.

-                     - La mort sociale : Ceux qui étaient victimes de la lèpre ne pouvaient plus vivre dans la société de peur de contaminer les autres. Ils avaient leur camp et n’avaient pas le droit, pour rien au monde, de s’approcher d’un bien portant. Voilà pourquoi l’évangile signale que les 10 lépreux s’arrêtèrent à distance et crièrent vers Jésus.

-                     La mort spirituelle : La lèpre n’était pas seulement considérée comme une simple maladie. Elle était comme la conséquence d’un péché grave et, par le fait même, était le signe visible de l’impureté de la personne. Cette impureté était si grande que la victime ne pouvait plus avoir accès auprès de Dieu. Elle était également telle que le lépreux, même guérie, devait aller voir les prêtres pour se soumettre à un long rituel de purification comme décrit dans le lévitique : « On le conduira au prêtre, et le prêtre sortira du camp. S’il constate, après examen, que le lépreux est guéri de sa lèpre, il ordonnera de prendre pour l’homme à purifier deux oiseaux vivants et purs, deux bois de cèdre, du rouge de cochenille, l’hysope, et il plongera le tout (y compris l’oiseau vivant) dans le sang de l’oiseau immolé au-dessus de l’eau courante. Il fera alors sept aspersions sur l’homme à purifier de la lèpre et, l’ayant déclaré pur, il lâchera l’oiseau vivant dans la campagne. Celui qui se purifie nettoiera ses vêtements, il se rasera les poils, il se lavera à l’eau et sera pur. Après quoi, il rentrera au camp, mais il restera sept jours hors de sa tente. Le septième jour, il se rasera tous les poils : cheveux, barbes, sourcils ; il devra se raser tous les poils. Après avoir nettoyé ses vêtements et s’être lavé à l’eau, il sera pur, etc. » (Lv. 14, 2-9)

C’est ce rite complexe que Jésus invite les dix lépreux à aller accomplir en leur donnant cette injonction : « Allez vous montrer aux prêtres ». C’est ici que se situe tout l’enjeu de l’évangile de ce jour.

 

« Nulle grâce ne nous tombera directement du ciel. Il nous faudra, au prix parfois de grand risques, nous mettre toujours en route dans la confiance et la reconnaissance ».

Les lépreux ne pouvaient aller se montrer aux prêtres que lorsqu’ils constataient à tous les points de vue qu’ils étaient réellement guéris. Jamais, au grand jamais, sans cette condition préalable sous peine de profanation volontaire pouvant conduire à la mort par lapidation. Imaginez donc la gravité du commandement que Jésus leur donne « Allez vous montrez aux prêtres » alors que leur visage est encore ravagé et toute leur peau puant de cette vilaine maladie. Cependant, ils ont osé, oui osé le risque de la confiance. Osé prendre la route sans être auparavant guéris parce que celui en qui ils avaient mis tout leur espoir le leur avait commandé. C’est là le grand mérite des 10 lépreux réunis. Ils sont partis, tout en sachant le sort qui pouvait leur être réservé s’ils parvenaient devant les prêtres dans leur piteux état. Mais voilà que le miracle se produit : la grâce les rejoint sur la route et accompli totalement le désir de leur cœur. Ils sont guéris. Cette attitude des lépreux nous enseigne beaucoup sur le prix d’une démarche imprégnée de confiance.

L’invitation du maître à oser les premiers pas, à oser le risque de la confiance s’applique au niveau de toutes les grâces que nous demandons au Seigneur. Le proverbe mossi ne dit-il pas « fais ton possible et Dieu fera l’impossible ? ».

Nous voulons la santé. Il faut prier et prier pour l’obtenir. Mais après cela, écouter la voix de Dieu qui nous invite à aller voir les docteurs et à honorer toutes les ordonnances. C’est là que sa grâce nous rejoindra.

Nous voulons réussir à notre examen ; C’est bien de le demander au Seigneur. Ne pas le demander, c’est s’engager à faire route seul. Or qui va seul présente beaucoup plus de risque de se perdre en chemin. Cependant, après cette demande qui doit se faire de façon sérieuse et respectueuse en lien avec toute l’Eglise, écouter la voix du Seigneur qui invite à oser le travail appliqué et rigoureux au risque de perdre un peu de notre belle forme.

Si nous voulons avoir un enfant, un bon mari ou une bonne épouse, le demander certes au Seigneur. Mais après cela, s’appliquer à rencontrer les gynécologues, à prendre le temps d’observer et de mieux connaître le garçon ou la fille qui chante en notre cœur, de l’apprécier à sa juste valeur avant de s’engager, etc. La grâce du Seigneur nous rejoindra dans ses démarches pour couronner nos efforts.

Demander au Seigneur le bonheur et un peu plus d’argent pour vivre de façon décente. Oui ! Mais après cela, écouter la voix de Dieu qui nous indique mille moyens pour y parvenir et choisir parfois les plus compliqués. Recommencer si ça ne marche pas, car les échecs font partis du processus de notre mûrissement. La grâce du Seigneur viendra couronner ce risque de la confiance qui sait se mettre en route sans hésiter en comptant sur le Seigneur sans lequel nous ne pouvons rien faire.

Si nous ne sommes pas parfois exaucés dans nos prières, c’est parce que nous refusons souvent de nous mettre en route. Nous attendons que tout nous tombe du ciel en oubliant ainsi que la grâce du Seigneur ne vient que pour couronner nos efforts, les porter à leur achèvement.

A ce propos on raconte :

Un homme chétif parvient un jour au ciel après sa mort. Dès qu’il arriva devant le paradis, il poussa nerveusement la porte qui s’ouvrit aussitôt. Il se trouva nez à nez avec le Seigneur des univers qu’une multitude d’anges adoraient dans une contemplation bienheureuse. Loin de tomber par terre et de s’extasier devant la grandeur, la magnificence et la beauté insondable du Dieu trois fois saint, il se tint debout et fixant des yeux secs sur le maître du monde, se mit à vociférer devant les anges ébahis :

Je ne peux pas te rendre grâce Seigneur. Pas du tout à cause du sort que tu m’as réservé. Vois à quoi je ressemble : une loque humaine. Et d’ailleurs, sais-tu ce qui m’a amené ici ? Si tu ne le sais pas, je vais te le dire. C’est la faim. Oui je suis mort de faim pour t’avoir supplié et re-supplier vainement nuits et jours pendant que tu gavais inutilement mes voisins de millions par jour. Sur ce, Adieu ! Je préfère aller vivre en enfer plutôt que de rester au milieu de tes anges hypocrites qui connaissent bien tes méfais mais font semblant de t’adorer quand même. Et il s’en alla se jeter dans les bras d’un démon qui n’attendait que cela. C’est alors que deux larmes roulèrent sur les joues du bon Dieu. Il se rappela comment il avait tout fait pour venir en aide à cet homme mais qui avait refusé de se mettre route. Il avait auparavant soufflé à son esprit d’aller voir le voisin d’à gauche qui n’hésiterait pas à lui venir en aide puisque lui, Dieu, l’avait disposé à cela. Mais rien. Il avait refusé de marcher par orgueil et par amour propre. Comment un pauvre peut-il être si orgueilleux ? Connaissant son talent de pêcheur, Lui, Dieu avait envoyé les membres d’une association lui donner un filet de pêche qu’il lui suffisait d’aller jeter dans la rivière voisine pour s’auto suffire. Mais, il avait de nouveau refusé de se mettre en route. Son voisin richissime d’à droite était même venu lui proposer d’entretenir son jardin contre une rémunération consistante par mois. Rien. Le pauvre homme préférait prier et re-supplier le Seigneur dans l’espoir qu’à son réveil le matin, il trouve à son chevet des liasses et des liasses d’argent qui lui suffirait pour faire bombance durant tous ces jours. Cela, Lui, Dieu, ne le ferait jamais. La grâce ne rejoint que ceux qui se mettent en route. Jamais ceux qui restent coucher à ne rien faire et qui attendent que tout leur tombe du ciel.

Ainsi donc, bien chers frères et sœurs, L’homme, parce qu’il a été créé intelligent et raisonnable, doit toujours coopérer à son propre salut. Beaucoup d’hommes et de femmes ont expérimenté et expérimentent encore cette notion de se mettre en route. Confiants au maître, Ils se mettent d’arrache pied à travailler et à bouger pour obtenir ce qu’ils demandent avec pleine foi que le maître viendra faire le reste. Et comme ces dix lépreux, la grâce du Seigneur les a toujours rejoint sur la route pour les combler bien au-delà de leur attente. Malheureusement, après ce risque de la confiance qui sait se mettre en route, peu savent progresser jusqu’au deuxième niveau qu’est la démarche de la reconnaissance.

 

II/ LA DEMARCHE DE LA RECONNAISSANCE

Beaucoup de personnes, après avoir obtenu ce qu’elles demandaient au Seigneur, ne se soucient plus de revenir sur leurs pas, comme l’unique des dix lépreux, pour rendre grâce. Si nous prions souvent sans être exaucés, c’est parfois dû à ce manque de reconnaissance. Ne dit-on pas que qui sait dire merci s’attire de nouvelle grâce pendant que l’ingrat ferme les portes de demain ? Apprenons nous aussi à être reconnaissant envers le Seigneur pour tout ce qui nous arrive de bien. Non seulement en le remerciant du bout des lèvres, mais en essayant de conformer toujours notre vie à sa volonté, à travailler pour devenir davantage des hommes débout qui savent se mettre courageusement en route vers la cité de la vie en Dieu.

 

CONCLUSION:

 « Nulle grâce ne nous tombera directement du ciel. Il nous faudra, au prix parfois de grand risques, nous mettre toujours en route dans la confiance et la reconnaissance ».

Demandons donc au Seigneur, au cours de cette eucharistie, de nous donner la grâce de toujours écouter sa voix et de nous mettre résolument en route comme il nous le demande afin qu’il nous délivre des lèpres qui nous rongent. Puisse ses grâces surabonder toujours en nos vies et nous amener continuellement à une reconnaissance joyeuse, lui qui est vivant et nous aime maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!

 

 

 

 

 



14/10/2010
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