Homélie 1er dim. de l'Avent Année C
PREMIER DIMANCHE DE L’AVENT ANNEE C
(Dimanche 02
Décembre 2012)
« Voici venir des jours où
j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressé à la maison d’Israël et à
la maison de Juda ». Telle est l’heureuse nouvelle que nous donne d’entendre les textes
liturgiques de ce Premier dimanche de l’Avent. Le temps du bonheur n’est plus
loin. Raison pour laquelle ce monde de tristesse est entrain de passer. C’est
d’ailleurs ce que nous annonçaient en des images parfois terribles les textes
liturgiques que nous avons parcourus au cours de ces dernières semaines et que
l’évangile de ce jour récapitule en ces termes :
« Il
y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les
nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes
mourront de peur dans la crainte des malheurs qui arrivent sur le monde, car
les puissances des cieux seront ébranlées ».
Quand
on regarde l’actualité autour de nous, il n’y a pas de doute, la fin qu’annoncent
les évangiles de ces derniers temps est bel et bien proche. Oui, ne nous
leurrons pas. Ce monde-ci, vue les catastrophes (Tremblement de terre en Chine
en Juin, canicule aux USA en Juillet, pluies diluviennes aux Philippines en
Juillet, Séismes de forte intensité en Août en Iran, glissement de terre en
Chine en début octobre, Ouragan Sandy en fin octobre aux USA, guerre par ci et
là, etc.) tire vers sa fin. Mais, il n’y a pas lieu de s’effrayer car le meilleur reste à venir comme l’annonce
l’évangile de ce jour : « Quand ces événements commenceront,
redressez-la tête, car votre rédemption approche ». C’est dans cette
espérance et non pas dans une peur destructive que le temps de l’Avent veut
nous introduire. Oui, ce vieux monde avec son cortège de tristesse, de
malheurs, d’angoisses, de péché, de mort est entrain de passé. Un nouveau monde
est entrain de s’ouvrir à nous. Chez David, la naissance d’un nouveau germe de
justice est annoncée pour le bonheur de tous comme nous le décrit la première
lecture. Mais qui pourra être appelé à participer à ce bonheur infini dont
l’avènement est irréversible ?
La
deuxième lecture et l’évangile sont clairs à ce propos :
-
« Frères,
que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un
amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour
vous. » dit saint Paul au Thessaloniciens
-
Et
l’évangile de renchérir : « Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que
votre cœur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la
vie et que le jour ne tombe sur vous à l’improviste…Restez éveillés et priez en
tout temps ».
Il n’y
a donc pas de doute, le bonheur annoncé et qui est imminent appartient à ceux qui savent aimer les
autres d’un amour intense et débordant. Il s’agit fondamentalement de ceux
qui savent donner du bonheur aux autres en permanence, un bonheur toujours
purifié et renouvelé dans la prière et l’attachement à Dieu. C’est cela, rester
éveillé et priez en tout temps. Quand le Christ arrivera, trouvera-t-il cette
flamme de l’Amour qui épanouit briller vivement en nous ? Ne la
trouvera-t-il pas étouffée et éteinte par la recherche des plaisirs et des
gloires mondains, des soucis de la vie ? Ce temps de l’Avent est un temps
qui nous est offert pour entrer en nous-mêmes et nous purifier de toutes ces
réalités qui nous éloignent de Dieu sans pour autant nous donner un bonheur
durable. Il est un temps où nous devons faire de l’espace à Dieu dans nos cœurs
afin que son Amour nous pénètre et fasse de nous des artisans de justice, de
paix et de joie pour hâter la venue de ce règne de bonheur.
« Voici venir des jours où
j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressé à la maison d’Israël et à
la maison de Juda ». Ce bonheur en germe dont nous devons hâter la croissance doit
s’effectuer d’abord par une culture de la justice autour de nous. Dieu seul
sait que ce monde-ci est rempli d’injustice. Que de fossés entre riches et
pauvres ! Lesquels fossés entretiennent la tristesse dans le monde.
Comment avoir de la joie dans un monde où les uns s’étouffent à force de manger
pendant que les autres meurent de faim ? Nous devons donc commencer par
combler ces fossés qui séparent les hommes pour que tous aient accès au
bonheur. C’est dans ce sens que la semaine diocésaine de la Caritas dont nous
célébrons aujourd’hui la clôture est la bienvenue et se veut le lieu idéal pour
lancer réellement notre temps d’attente de la venue du Messie. « Je suis
caritas, je donne parce que j’aime » tel est le thème que nous avons vécu durant
toute cette semaine. La joie que procure un don ne réside pas dans le don
lui-même mais dans la manière de donner. «Mieux vaut un petit feu qui chauffe
que grand feu qui brûle » dit un proverbe et encore un autre « Mieux
vaut un morceau de pain sec donné avec joie qu’une montagne de viande donnée
dans l’amertume ». Si la majorité des hommes ne cessent de tremper leur
lèvre dans l’amertume, et que le règne de bonheur annoncé se trouve retardé,
c’est parce ceux qui possèdent ne savent pas donner. Ainsi, le pauvre de
l’autre côté du monde ne peut rien avoir parce que quelqu’un a bloqué chez lui
ce qui lui appartient de droit.
Il est temps que nous sachions que l’homme
étant un don, il ne se réalise et ne réalise son bonheur qu’en donnant et en se
donnant pour le bonheur des autres. C’est pourquoi je pense personnellement que
ce que nous aurons gardé par devers nous, nous condamnera au dernier jour. Car
tout ce que nous avons de trop chez nous ne nous appartient pas, ne fait pas
réellement notre bonheur et ne fais pas non plus le bonheur des autres. Les
garder est synonyme de vol. Evertuons nous donc dès maintenant à travailler
pour apparaitre un jour devant Dieu les mains vides plutôt qu’encombrer de
choses superflues que nous aurions gardé par devers nous et qui revenait de
droit au pauvre qui en a été privé par notre faute (explication imagée). Pour
ce faire, commençons aujourd’hui même par répandre des gestes de générosité
autour de nous en donnant notre large contribution à l’OCADES pour prendre soin
de nos pauvres. N’est-ce pas que « qui donne aux pauvres prête à Dieu »
comme le disait Victor Hugo ? (Histoire du pain noir).
« Voici venir des jours où
j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressé à la maison d’Israël et à
la maison de Juda ».
L’un
des lieux où le chrétien peut aussi le plus se donner pour hâter le règne de
bonheur annoncé par le Christ est bien ce qu’il nous est donné de vivre plus intensément
aujourd’hui dans notre pays: la politique à travers les élections
couplées. Durant trois semaines, nos oreilles se sont rassasiées par les voix
de ceux qui sont venus à nous pour ce faire élire. Aujourd’hui, jours des
élections, hâter le règne de Dieu
voudrait que l’on vote de manière objective. C'est-à-dire, voter ceux qui
pourront le mieux répandre le bonheur autour d’eux à travers un programme
riche, cohérent et réaliste. Malheureusement, l’expérience montre que les
africains, quand ils n’entrent pas dans le cercle du « bétail
électoral » comme c’est bien souvent le cas, votent tout simplement par
affinité. La conséquence, c’est que nous votons non pas ceux qui peuvent réaliser
le bonheur de l’ensemble, mais nos petits besoins dans notre petit monde.
Comment pouvons-nous hâter le règne de Dieu autours de nous dans cette
condition ? Les faits démontrent d’ailleurs que ceux qui votent ainsi sont
pour la plupart déçus. Les parents qu’ils votent les oublient ensuite, parce
qu’ils se sont présentés non pas pour eux, mais pour se servir eux-mêmes d’où
le regret si bien décrit par feu le célèbre chanteur Burkinabè Black So
Man : « hier nous étions sous le soleil brulant, Black So man au
pouvoir parce qu’ils nous avaient promis le paradis. Aujourd’hui, nous sommes
sous le même soleil brulant. Black So Man a trahi la cause ». Voici ce qui
arrive quand on vote par affinité. Le règne de bonheur annoncé par le Christ
prendra du temps si nous continuons à réagir ainsi.
Ne
nous contentons cependant pas de voter. La politique étant définie comme la
gestion du bien commun, c’est un devoir pour le chrétien de faire de la
politique. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs l’Eglise la désigne comme
le lieu de la plus haute forme de charité. Oui, au lieu que nous laissons des
égoïstes, des personnes sans foi ni loi, partager le gâteau et garder la plus
grande partie pour eux-mêmes, nous devons nous-mêmes, revêtus de l’Amour du
Christ, participer au partage de ce gâteau sans hésitation (explication imagée).
Convenez que Si la sphère politique était remplie de chrétiens remplis de Dieu
et vivant pleinement de son évangile, quelque chose changerait forcement autour
de nous pour le plus grand bonheur de la multitude. Nul doute que le règne de
bonheur annoncé et déjà présent à travers la personne du Christ pousserait plus
vite, fleurirait et couvrirait le monde de son doux parfum. Réfléchissons-y.
« Voici venir des jours où
j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressé à la maison d’Israël et à
la maison de Juda ». Ce monde-ci est entrain de passer. C’est évident. Les signes se font pressants.
Frères et sœurs, nous sommes donc plus que jamais invités à rester éveillés
dans l’Amour à travers notre capacité à nous donner et à nous investir pour le
bonheur des autres. C’est ainsi que nous serons aptes dans un avenir proche à
partager ce bonheur infini. Demandons au Seigneur au cours de cette eucharistie
de nous en donner la force et la passion nécessaire afin de contribuer à hâter
son règne de paix, de justice et de joie pour le bonheur de tous, Lui, le vivant
qui nous aime maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!
Ab. Edouard GNOUMOU
Dédougou cathédrale
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