Homélie 22ème dimance du T.O (A: Pendre sa croix et suivre)
DIMANCHE 31 AOÛT 2014
(22ème dimanche du T.O A)
Frères et sœurs, les textes de ce 22ème dimanche du T.O que nous venons de parcourir sont si riches que je ne pourrais les décortiquer tous. Je me contenterai juste de faire ressortir deux réalités intimement liées: la croix et le salut de l'âme.
Beaucoup de chrétiens veulent suivre le Christ dans sa résurrection, mais en cherchant à contourner la croix. Ils sont un peu comme de nombreux mariés dans ce 21ème siècle. Ils affirment haut et fort se marier pour le meilleur et le pire, mais dès lors que le pire fait surface, c'est la débandade.
Les anciens aiment à témoigner que les hommes de ce monde ne sont plus endurants, ils ne sont plus tenaces, ils ont peur de l'épreuve et sont facilement démobilisés face à la souffrance. Sachons qu'on ne peut suivre le Christ dans ces conditions. Depuis que le Fils de Dieu a été crucifié pour le salut du monde, la croix traverse toute l'existence chrétienne. On ne peut lui échapper: « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ».
C'est un cri lancé dans les quatre coins de l'horizon en direction de tout ceux qui espèrent une foi chrétienne facile. Le chrétien ne choisit ni la commodité ni la tranquillité. La première lecture nous montre que le prophète doit souffrir pour Dieu. Jérémie fait face à toutes sortes de souffrances et de contradictions: « A longueur de journée, je suis en bute à la raillerie, tout le monde se moque de moi, etc. ». Mais là pourtant se trouve son salut et le salut du peuple Israël. Que nous le voulions ou non, la souffrance afflige chaque existence. Y compris la notre. Petites et grandes douleurs surviennent tous les jours. Nous avons certes le devoir de lutter pour améliorer notre situation. Mais dès lors que les choses deviennent autres, qu'il est révélé que nous n'y pouvons rien, alors loin de nous révolter au point de précipiter notre descente aux enfers, nous devons l'accueillir dans la foi. Le chrétien accueille la croix, il accueille la souffrance au milieu des larmes certes, parce qu’il connaît leur valeur. Ce n’est probablement pas sans raison que parmi les moyens dont Dieu disposait pour sauver l’humanité, il ait choisi la souffrance. « On ne connait mieux la vie qu'avec des yeux ayant pleurés » dit le proverbe. Depuis que le Fils de Dieu a souffert, est mort et ressuscité, la souffrance n'est plus inutile. Une chose n'est aberrante que lorsque son inutilité est avérée. Or depuis les évènements du calvaire il y a de cela plus de deux mille ans ou Dieu a souffert, la souffrance mène désormais à la résurrection, au bonheur pour celui qui l'a compris. Vous me direz qu'il y a des souffrances qui sont insupportables vu leur atrocité. A cela je réponds non. Dieu ne peut se plaire à nous laisser écraser par un fardeau qui nous dépasse. Non, la croix de chacun est toujours taillée à sa mesure ainsi que l'affirme bien cette histoire:
On raconte qu'un homme se plaignait sans arrêt d'avoir reçu une croix trop lourde pour lui comme nous savons si bien souvent le faire. Le Seigneur de l'univers, las d'entendre incessamment sa plainte le convoqua devant le trône céleste et le pria de bien vouloir abandonner cette croix et d'en choisir ce qui lui semble plus conforme afin que tous aient enfin la paix. On pris sa croix que l'on déposa parmi les autres dans une grande salle puis l'on demanda à notre bonhomme de renter faire son choix. Alors il se mit à soupeser et "re-soupeser" les milliers de croix qui se trouvaient ranger là. Il trouva celle-ci trop lourde, celle-là encore plus lourde, une autre hors de portée d'un être humain. 52 minutes après, il tomba enfin sur une petite croix qu'il prit sans difficulté et soupira enfin: « Voici celle qu'il me faut ». Pour toute réponse, le Seigneur lui demanda de lire le nom qui était inscrit sur le revers. Il le lut. C'était son nom. Et Dieu de répliquer: « C'est bien cette même croix que tu viens de refuser ».
Vous l'avez compris. Toutes les souffrances qui adviennent (surtout celles que nous n'avons pas provoqués) et contre lesquels nous ne pouvons rien sont toujours taillées à notre mesure. Et derrières elles, se cachent toujours une rédemption, un salut non pas seulement individuel, mais aussi communautaire. A nous de savoir les prendre à bras le corps comme le Christ s'est chargé de sa croix, pour les offrir à Dieu afin que tout leur effet salutaire rejaillisse sur nous et sur nos frères.
« Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive ». C'est aussi un cri lancé dans les quatre coins de l'horizon en direction de tous ceux qui ont laissé la recherche effrénée de l'argent, des vaines gloires et des plaisirs mondains étouffer la foi dans leur cœurs. « Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il doit y perdre son âme? ». L'homme est composé de deux éléments fondamentaux. Le corps périssable et l'âme éternelle. L'âme est donc la partie essentielle en tant que c'est elle qui meut le corps et que c'est encore elle qui survivra par delà le corps pour répondre de nos actes devant Dieu. Elle mérite de ce fait toute la priorité, toutes les attentions nécessaire. Parce qu'elle est une réalité spirituelle, elle ne peut que se nourrir de choses spirituelles, c'est à dire de foi, de sacrements, de prière, etc. Pourquoi donc tant de nos contemporains renversent-ils l'échelle des valeurs en sacrifiant toutes leurs énergies et toute leur vie au profit du corps périssable qui s'en ira un jour réduit en poussière au fond d'une tombe ténébreuse? Pourquoi mettre l'essentiel dans ce qui passe au profit de ce qui demeure? Frères et sœurs, le salut de l'âme vaut la peine qu'on y mette du prix parfois même au détriment du corps. Il faut du renoncement. Il faut du sacrifice. Il faut parfois faire violence sur le corps qui a toujours tendance à nous tirer vers le bas. Bref, pour sauver l'âme, il faut accepter de porter sa croix en marchant à contre courant de tous les mirages vertigineux mais comment spirituellement mortels que le monde nous propose à tous les coins de rues. Ces mirages s'appellent richesses, pouvoir, plaisir pour lesquels nombre de personnes vendent leur âme au prince du mal. «Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il doit y perdre son âme?». Le chanteur Français Noël Colombier a composé une excellente chanson sur ce verset. Je m'en voudrais de terminer cette homélie sans l'exécuter en partie afin d'introduire davantage dans vos cœurs la priorité pour le salut de l'âme, créée à l'image et à la ressemblance de Dieu.
Que sert à l’homme de gagner l’univers ?
S’il doit y perdre son âme? (Mt 16/26)
1. On ne peut pas servir deux maîtres en même temps, (Lc 16/13)
On ne peut pas adorer Dieu et puis l'argent.
Où tu as ton trésor, là tu as aussi ton cœur,
En Dieu ou dans l'argent as-tu mis ton bonheur? (Lc 12/33)
Regardez les oiseaux ou l'humble fleur des champs,
Dieu les nourrit et les habille à chaque instant. (Mt 6/26)
La vie, c'est bien plus que manger où s'habiller, (Mt 6/25)
Ne vis donc pas toujours dans la peur de manquer.
2. La vie de l'homme n'est pas assurée par ses biens (Lc 12/15)
Les mites, les rongeurs, les vers, la mort en fin.
Dévorent chaque jour, au fond de tes greniers, (Lc12/16-21)
Ce que ton égoïsme aveugle a entassé.
Il vaut mieux te faire un trésor auprès de Dieu,
En partageant tes biens avec les malheureux (Lc 12/33;18/22)
Car les voleurs ne pourront jamais dérober
Les trésors d'amitié que tu auras gagnés.
Mettons ces paroles dans nos cœurs, dans notre âme. Attachons-les à nos poignets comme un signe, fixons-les comme une marque sur notre font.
Nul n'aura la vie si ces paroles ne prennent vie en lui. La croix et le salut de l'âme sont deux réalités inséparables. Puisse Dieu nous en donner la force dans cette Eucharistie. Amen.
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