Homélie de l'Assomption 2016
HOMELIE DE L’ASSOMPTION 2016
(Lundi 15 Août 2016)
Chers frères et sœurs, la fête de l’Assomption est par excellence la fête de l’introduction de notre humanité au ciel à travers une personne, plus spécifiquement une femme, Marie. Voilà pourquoi elle est la fête des femmes. Et aujourd’hui en Afrique, plus spécialement au Burkina Faso, les femmes seront en uniformes dans tous les diocèses (avec leurs maris bien sûr et leurs enfants aussi). Elles s’organiseront pour nourrir les foules qui vont accourir à la messe. Et surtout aussi mettre une ambiance de fêtes à travers la musique et les danses. Si cela résulte de la foi, il n’en demeure pas moins que l’assomption nous enseigne une chose sur l’émancipation de la femme. Elle montre que la foi chrétienne est le premier défenseur de la femme. En effet, dans nos sociétés, la femme a été longtemps mise sur le banc de touche. Et même encore aujourd’hui, malgré les progrès qu’on enregistre dans l’émancipation de la femme, les discriminations vis-à-vis d’elle persiste. Dans plusieurs pays, les femmes ne peuvent pas avoir accès à certaines fonctions. Les violences conjugales demeurent courantes. La prostitution, où la femme est plutôt considérée comme un objet de plaisir bat son plein. En Afrique, les mutilations génitales féminines encore appelées excision résistent face à toutes les luttes. La polygamie est chose courante. Etant né au milieu d’une classe qui lutte au quotidien pour sa survie, je peux vous témoigner que la femme est parfois vue comme un instrument de rentabilité. Chez nous au village, des hommes prennent plusieurs femmes, non par amour, mais pour avoir une main d’œuvre suffisante pour les travaux champêtres, etc. Oui, les discriminations à l’égard des femmes ont encore la peau dure.
Face à toutes ses discriminations à l’égard du monde féminin, dans la foi chrétienne, une femme se dresse majestueuse, au-dessus de la mêlée et domine de haut tout le genre humain de sa splendeur. Elle s’appelle Marie. Première personne humaine à s’être introduite au ciel avec son corps et son âme, elle est, dans l’ordre de la hiérarchie céleste, la personne qui occupe le premier rang après la sainte Trinité. Elle est la reine du ciel et de la terre. Heureuse donc est votre commune de Troisvilles, de s’être placée sous la protection de cette grande Dame. Déjà, sa puissance vous fut manifestée dans le passé, quand elle a éloigné la peste de votre contrée. Vive la femme, mère de l’humanité à travers Marie notre Mère à tous. Mais d’où vient la grandeur de Marie ?
La foi est « la vraie raison de la grandeur de Marie », dit le pape François. « La foi est le cœur de toute l’histoire de Marie, dit le pape, elle est la croyante, la grande croyante. » Face à un choix difficile entre le respect de la coutume de son peuple qui voulait qu’une femme ne conçoive pas avant son mariage, et la volonté de Dieu qui veut qu’elle porte dès maintenant le messie, Marie n’hésite pas. Humblement elle dit : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole ».
Malgré « la violence des puissants, l’orgueil des riches, l’arrogance des superbes » qui « pèsent dans l’histoire », « Marie croit et proclame que Dieu ne laisse pas seuls ses enfants, humbles et pauvres, mais qu’il les secourt avec miséricorde ». Et elle ne tarde pas à se rendre compte que le « oui » à Dieu opère de grande chose dans la vie d’un homme. Cela apparait clairement dans l’Évangile selon saint Luc que nous venons de parcourir. Il montre Marie lors de sa rencontre avec sa cousine Élisabeth. « Remplie de l’Esprit-Saint, Marie exprime sa joie par le cantique du Magnificat, car elle a pris pleine conscience du sens de ces grandes choses qui sont en train de s’accomplir dans sa vie par le biais de la foi : par son intermédiaire, c’est toute l’attente de son peuple, toute l’attente de l’humanité qui est accomplie. »
L’histoire de Marie ne concerne donc pas que les femmes. Elle concerne tous les chrétiens. « Les « grandes choses faites en elle par le Tout-puissant nous touchent profondément, nous parlent de notre voyage en cette vie, nous rappellent le terme qui nous attend : la maison du Père. » Avec l’assomption de Marie, La vie humaine n’est plus « un vagabondage dépourvu de sens », mais « un pèlerinage » qui a un terme assuré : la maison de notre Père, qui nous attend avec amour.
« Le visage lumineux de la Mère du Seigneur » accompagne les chrétiens dans leur vie terrestre. C’est Marie qui tourne vers nous ses yeux miséricordieux, qui nous lance sur la route, qui nous indique le terme et qui, après cet exil, nous montre Jésus, le fruit béni de son sein.
La fête de l’Assomption est donc une invitation pour nous à nous tourner davantage vers Marie grâce à qui nous pouvons désormais bénéficier de toutes les grâces divines. Et surtout, en passant par elle, nous empruntons le chemin sûr vers le Ciel.
On raconte que lors d’un jugement des morts au Ciel, les critères de saint Pierre qui était à la porte du paradis fut si rigides que très peu de personnes pénétrèrent dans le paradis. Mais quelle ne fut sa grande surprise lorsque, entrant à son tour après avoir fini son travail, il constata que le ciel était plein et continuait à se remplir ! Ne comprenant rien, il jeta un regard hagard autour de lui. Et c’est en ce moment qu’il vit une silhouette qui, au loin, faisait rentrer les gens par la fenêtre. Pris d’une colère pétrinienne, il s’élança vers cette personne qui osait défier toutes les règles du Ciel. Mais il stoppa net dans son élan quand il reconnut la personne. C’était Marie, la mère de Dieu, qui, à l’aide d’un long chapelet qu’elle avait déroulé jusqu’à la terre, faisait rentrer ceux qui s’y accrochaient par la fenêtre. Saint Pierre en fut réellement désappointé. Mais qui peut contredire la mère de Dieu, la reine du ciel et de la terre ?
Ainsi, nous aussi, à défaut de pouvoir passer par la grande porte de la sainteté, accrochons-nous à nos chapelets pour pouvoir entrer dans le paradis par la fenêtre. Le chapelet est un raccourci vers le ciel.
En ce jour de l’Assomption, demandons donc au Seigneur de renforcer notre piété mariale qui nous donnera la force nécessaire pour dire « oui » à Dieu comme Marie en toute circonstance. Prions aussi pour les femmes du monde entier, afin que le Seigneur bénisse les différents efforts vers leur émancipation totale. Prions enfin pour notre commune de Troisvilles. Puisse la reine du Ciel et de la terre veiller sur elle en permanence et éloigner d’elle, comme jadis, tous les maux qui pourraient ternir la quiétude de ses habitants. A Dieu soit rendu toute gloire maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
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