Homélie de mariage à Louta
CEREMONIE DE MARIAGE A LOUTA
(Dimanche 06 février 2011, 5ème dim. Du T.O, année A)
I/ OUVERTURE
1- Grande joie pour la communauté de Louta qui célèbre aujourd’hui trois mariages
2- Grande joie pour moi aussi, qui suis à ma première célébration de mariage.
3- Action de grâce donc. Mais aussi supplication vers le Seigneur afin Qu’il remplisse ces nouveaux couples de sa bénédiction et de ses bienfaits.
4- Mais pour que cette action de grâce et ses supplications soient agréables au Seigneur, commençons par lui demander pardon pour nos nombreux manquements à son égard, notamment nos fautes contre le mariage comme l’adultère, les divorces, la polygamie et les mésententes dans nos familles. Ensemble disons :
II/ HOMELIE DE MARIAGE
Les textes de ce 5ème dimanche du T.O que nous venons de parcourir sont pleins de saveurs (comme du bon riz gras) et conviennent tellement bien avec le mariage que nous vivons aujourd’hui que j’ai l’impression que les mariés les avaient lu avant de choisir la date.
« Vous êtes le sel de la terre. Vous êtes la lumière du monde », dit le Christ dans l’évangile.
Ces textes nous rappellent la vocation de tout chrétien. Tous et chacun, nous devons être sel et lumière dans nos milieux de vie. En nous voyant vivre, et en apercevant tous nos gestes de bonté et de justice, les païens devraient s’interroger sur ce qui nous anime de l’intérieur. « Que Dieu doit être bon, puisque M. François est si bon », disait une femme qui venait de rencontrer saint François d’Assise.
Le rayonnement de cette lumière de l’évangile doit commencer dans nos familles. La famille, c’est d’abord avant tout papa et maman. Si papa et maman vivent en chrétiens fidèles, remplis d’Amour et de bonté, mettant Dieu au centre de leur vie à travers des actes appropriées comme la prière en famille, eh, bien, les enfants épouseront nécessairement ces différentes qualités. On dit généralement tel père, tel fils. Tout ceci pour dire que la bonté ou la méchanceté des parents, leur foi ou leur incroyance, etc. se reflètent toujours sur leurs enfants. Si nous sommes sel et lumière dans nos familles, eh, bien, nos enfants seront aussi sel et lumière dans notre société de demain.
Ainsi donc………………………………………, si vous avez décidé, aujourd’hui, devant le prêtre que je suis, devant les catéchistes et devant tout le peuple de Dieu de célébrer votre union devant Dieu, c’est avant tout pour devenir sel et lumière dans vos familles, dans ce village de Louta, et partout où vous serez. Mais comment devenir sel et lumière ?
Vous deviendrez sel et lumière en vivant selon les règles du mariage établis par l’Eglise qui l’a reçu de son Seigneur :
1- Le mariage chrétien se fait entre un seul homme et une seule femme.
Au commencement, nous dit la Bible, Dieu créa l’homme, Adam. Voyant qu’il n’était pas bon qu’il soit seul, il l’endormit et en tira une femme, Eve (pas deux, pas trois), pour l’accompagner. C’est pourquoi, l’Eglise exclut la polygamie (il en est de même pour la polyandrie). Vous ne pourrez donc jamais rayonner la lumière de l’évangile sans vous en tenir à cela. La monogamie est la première condition pour être sel et lumière dans vos milieux de vie. (Acceptez-vous cela ?)
2- Le mariage chrétien exclu toute autre union avec une personne extérieur outre que son mari ou sa femme.
Vous savez bien que désormais, aller avec un autre homme ou une autre femme, s’appelle l’adultère. Et comme le dit saint Paul, « ceux qui commettent l’adultère n’hériteront jamais du royaume des cieux ». Car l’adultère, c’est mentir à Dieu et à ses frères devant qui vous allez vous promettre tout de suite mutuellement fidélité durant toute votre vie.
3- Le mariage chrétien est aussi indissoluble.
Seul la mort pourra vous séparer. Car votre amour n’est pas seulement une affaire entre vous deux. Il engage la communauté chrétienne ici présente. Il engage vos deux familles. Et surtout, il est un témoignage de l’amour de Dieu. L’un pour l’autre, vous serez témoins de l’amour que Dieu vous porte à chacun. Et pour nous tous vous serez témoins de la force de l’amour de Dieu, de la façon dont il s’éprend de nous. Et l’amour de Dieu ne se reprend pas. (ex. de l’enfant prodigue). Même les personnes séparées peuvent continuer à témoigner de cette fidélité de l’amour de Dieu (il peut arriver des moments où l’Eglise concède la séparation des corps : adultère trop répété chez l’un des conjoints, menace de vie, menace de la foi d’un des conjoints par l’autre qui est pourtant l’essentiel de toute vie). En ce moment, la fidélité, qui reste en vigueur est un véritable témoignage de l’Amour que Dieu a pour nous. Un amour qui reste fidèle et confiant jusqu’au bout. Ce n’est pas facile sans le secours d’en haut. Voilà pourquoi la vie de prière est indispensable.
Pour vous aider à pouvoir suivre toutes ces règles de l’Eglise et maintenir ainsi éveillée en vous la flamme de votre amour afin que vos différents foyers soient sel et lumière dans vos milieux de vie, voici quelques ingrédients :
Le premier, c’est le pardon. Tout au long de votre vie vous aurez à vous pardonner l’un à l’autre. Sur la terre, il n’y a pas d’amour parfait, irréprochable. L’amour que l’on s’échange sur terre est un amour à pardon, comme il y a les moteurs à essence. Notez que pardonner, ce n’est pas excuser ; on peut très bien pardonner à quelqu’un qui est inexcusable. Parce que pardonner n’est pas dire : je te comprends, je vais essayer d’oublier... Pardonner, c’est dire à l’autre : même si tu m’as fait si mal, je veux t’aimer par-delà ce que tu m’as fait, je ne veux pas que ta mauvaise action limite mon amour. Pardonner, c’est faire remporter une victoire à l’amour. C’est cela, être sel et lumière dans nos milieux de vie (imaginez qu’un homme surprenne un jour un autre homme avec sa femme sur leur lit. Tout le monde s’attendrait à ce qu’il la renvoie tout de suite. Et c’est généralement ce qui arrive. Mais imaginez que cet homme arrive à pardonner à cette femme et à continuer à vivre avec lui. Il surprendrait d’abord sa femme qui n’allait plus jamais recommencer un tel acte. Ensuite il surprendrait tous les autres hommes qui, même s’ils l’insultent, ne tarderont pas à admirer une telle force et un tel courage). N/B : Il s’agit du vrai pardon qui continue d’aimer comme avant et d’aider le partenaire à reprendre vie et confiance, pas celui de cet homme qui demande 10 francs à l’amant pour terroriser sa femme. C’est ainsi que Dieu agit avec nous. Ce n’est pas facile. Mais c’est possible quand on est habité par la force d’en haut. Voilà pourquoi il ne faut pas négliger la prière en famille.
Le pardon suppose, ce sera mon deuxième point, que l’amour ne repose pas seulement sur le sentiment mais aussi sur la volonté. On ne le sait plus dans notre monde, on croit que l’amour dure tant que dure le sentiment. Mais non, l’amour est aussi choix, décision. Dans un couple il arrive des moments où le sentiment n’est plus au rendez-vous. Mais on peut encore choisir d’ouvrir son cœur à l’autre, de le prendre dans son cœur, de vouloir lui être uni. Non par nécessité, non par peur d’être seul, non par soumission, mais par choix. Lorsqu’on fait cela, un sentiment nouveau commence à naître, plus profond, un attachement qui donne davantage la vie.
Et puis, en troisième lieu, je vous propose de vivre souvent la reconnaissance, le merci. Il n’y a rien qui fait grandir plus l’amour que la reconnaissance, comme il n’y a rien qui l’abîme plus que l’ingratitude. Passez du temps à vous émerveiller de ce que l’autre est et de ce qu’il fait pour vous. Et même lorsqu’il sera souffrant et tout abîmé, portez encore sur lui ce regard d’émerveillement qui le réchauffera et qui est celui de Dieu sur chacun de nous. La première chose dont vous pouvez être reconnaissant, c’est que l’autre ait bien voulu partager votre vie. Dites-lui souvent merci d’être là, à vos côtés. Ne vous habituez jamais à cela. Et dites-lui merci pour tant de choses (il y a des hommes qui ne parlent à leur femme que lorqu’elle a mal agi. Dans le cas contraire, jamais de merci, mais toujours le silence) A chacun de trouver les gestes, les occasions nombreuses pour dire à l’autre « merci ».
Faites aussi de votre foyer un lieu, où tout homme, en rentrant, puisse ressortir le cœur en paix (ne faites pas comme ce foyer sans paix que j’ai connu). Car un foyer est un feu où on vient se réchauffer :
Vos enfants d’abord devront bénéficier de cette chaleur. (bien et souhaitable, mais pas une obligation, et donc pas une raison pour se séparer. Savoir toujours attendre l’heure de Dieu). Efforcez vous de les éduquer dans votre foi chrétienne, car une vie sans Dieu est une vie qui va vers le néant. Procurez-leur le nécessaire pour une vie décente. Mettez-les à l’école dans un monde qui n’accepte plus de médiocrité. Car il ne faudra pas que demain, vos enfants marchent derrière tout le monde. Cela ne rend pas gloire à Dieu. Car la gloire de Dieu, c’est l’homme debout.
De même, tous ceux qui chercheront auprès de vous un réconfort, les blessés et les malheureux de la vie devront trouver auprès de vous cette chaleur. En effet, comme le dit si bien la première lecture :
- Vous devez partager votre pain avec celui qui a faim ; recueillir chez vous les malheureux sans abri. L’hospitalité a permis à certains de recevoir chez eux des anges comme Abraham dont la femme fut délivrée de sa stérilité par les trois messagers de Dieu. C’est ainsi que vous serez des lumières de l’évangile qui rayonnent pour tous et le sel qui leur donne la joie de vivre.
- Vous devrez également, conformément toujours à la première lecture, faire disparaître de votre vie le joug (que la femme ne se sente pas esclave de l’homme, ni vice versa), les gestes de menaces (car rien ne sert d’accueillir un malheureux pour venir le noyer dans vos conflits et dans vos problèmes). Toute personne qui rentre chez vous devrait ressortir non pas en courant et en criant, mais en marchant allègrement, le cœur tout rempli de bonheur.
- Vous devrez être aussi des gens qui travaillent pour ne pas être à charge de personne. Car l’autoprise en charge est une façon de rendre gloire à Dieu. Nous ne pouvons pas nous affirmer être des hommes rachetés et sauvés par le Christ si nous-mêmes nous n’avons pas un air de sauvés.
Bien chers………………….si vous agissez ainsi, alors comme le dit la première lecture, quand vous appellerez pendant vos moments de difficulté, le Seigneur vous répondra ; si vous criez, il dira, ME VOICI.
Que Dieu bénisse vos différents foyers et fasse d’eux des lumières et du sel pour ce village de Louta et partout où vous passerez.
Qu’il vous donne la grâce de voir naître de beaux enfants rempli d’intelligence et de sagesse, qui pourront vous prendre en charge pendant vos vieux jours !
Demandons toutes ses grâces à Lui, le Dieu d’Amour, qui nous aimes maintenant et pour les siècles…
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