Homélie du 16ème dimanche du T.O, année C
HOMELIE DU 16EME DIMANCHE DU T.O (ANNEE C)
(Dimanche le 18 juillet 2010)
«On ne peut prétendre avoir accueilli Dieu dans sa vie sans un engagement réel qui tire sa source de l’écoute de sa Parole ».
Bien chers frères et sœurs,
Nous savons tous combien l’hospitalité tient une place importante dans nos contrées à tel enseigne qu’on dit souvent : « En Afrique, l’étranger est roi ».
Cet accueil se déroule de façon dynamique suivant trois étapes composées de deux élements: le service et l’accueil. On trouve ainsi les étapes suivantes : le service-l’écoute-le service. Retenons ici la place centrale qu’occupe l’écoute, qui, on le voit bien, est encadrée par le service.
En effet, quand nous accueillons un étranger, nous nous précipitons d’abord pour nous mettre à son service en lui offrant une place, le plus souvent la meilleure chaise de la maison. Nous courrons ensuite lui chercher de quoi étancher sa soif. C’est seulement après cela que nous nous mettons à son écoute pour prendre connaissance de ses nouvelles et celles des siens, et surtout, même si c’est souvent dissimulé, savoir les raisons de sa visite. Ensuite, nous poursuivons notre service en lui trouvant de quoi se laver, se nourrir et se reposer si besoin est. Le premier service vise à créer, on pourrait le dire, un cadre favorable à l’écoute. Le service de la fin vient en conclusion à cette écoute qui, il faut le dire, le determine. Dans tout accueil, l’écoute se révèle donc toujours l’essentiel même si le service demeure indispensable. C’est ce que fait ressortir de façon pressante les textes liturgiques de ce jour. Ils nous enseignent en effet que dans tout accueil, surtout quand il s’agit d’accueillir Dieu, le service et l’écoute sont indispensables. Mais entre le service et l’écoute, la dernière doit primer sur le premier, car c’est lui qui donne les dispositions du cœur requises pour un service libre, sincère et plein d’Amour. Car quiconque n’écoute pas la parole de Dieu ne connaît pas Dieu. Par conséquent le service qu’il lui rend devient limité. Il ne peut être imprégné de l’Amour de ce Dieu qui, le premier, nous aima jusqu’au bout.
Le service est représenté par Marthe. A l’exemple de la femme africaine qui acceuille un grand hôte, elle s’agite, court à gauche et à droite, attise le feu, lave les assiettes, etc. Tout cela est bien beau. Quel étranger ne voudrait-il pas être l’objet d’un tel activisme de la part de ses hôtes ? Cela signifie que nous avons de la considération à leurs yeux. Nous aimons bien les honneurs n’est-ce pas ? Dans ce sens, en travaillant à ce que l’accueil de Jésus soit grandiose, Marthe est fort louable. C’est d’ailleurs le signe qu’à ses yeux, Jésus n’est pas n’importe qui. Malheureusement, son service semble ne pas être libre, joyeux et imprégné d’un amour réel. La preuve, elle est outrée par l’attitude de Marie, sa sœur cadette, qui reste là, au pied du Seigneur à ne rien faire. Elle trouve le travail trop pour elle seule. N’est-ce pas là le signe d’un manque de liberté et d’amour ? Car pour le cœur qui aime, le service devient libre et joyeux, qu’elle qu’en soit sa mesure. Le cœur qui aime court, vole. Il est infatigable. En lui repliquant « Marthe, Marthe, tu t’agites pour peu de chose, Marie a choisi la meilleur part », Jésus ne veut pas dire que le service qu’elle lui rend est inutile. Bien au contraire. Il veut signifier qu’il lui manque un élement nécessaire pour être réellement service. Il manque à ce service l’amour qui sied. Et cet amour ne peut s’obtenir que dans l’écoute de sa Parole qui est
Bien chers frères et sœurs, cette parole de Dieu nous interpelle aujourd’hui dans notre vie chrétienne à bien des points de vue.
Quelle est le dégré de notre écoute de
L’expérience de notre vie chrétienne montre que beaucoup de chrétiens lisent peu la parole de Dieu et prient moins. Les conséquences au niveau de leur engagement au service de Dieu et de leurs frères dans l’Eglise sont tout simplement regrettables.
Pour avoir peu de contact personnel avec le Christ par une vie de prière sincère, certains chrétiens ne prennent aucun engagement au sein de leur église. Pire, ils cherchent à décourager ceux qui sont engagés par toutes sortes de médisances et en leur prêtant des intentions pernicieuses dans le seul but de briser leur élan. Ces gens sont comme des loups dans une bergerie. Quand le berger surviendra, et ce temps viendra, leur sort sera peu enviable.
D’autres semblent s’engager mais en réalité donne le minimum d’eux-mêmes dans les services qu’on leur demande.
Certains par contre sont comme Marthe. Ils sont des exemples d’engagements au sein de l’Eglise. Malheureusement, à defaut d’une vie de prière et d’écoute de la parole de Dieu approfondie, il leur manque l’Amour et la liberté nécessaire dans leur engagement. Ils sont plein de rancunes pour tous ceux qui ne sont pas engagés comme eux et n’hésitent pas à les vendre sur les places publiques. On en trouve même, qui, loin de servir le Christ, se servent eux-mêmes. Ils sont engagés pour être mieux vus des autres, admirés, appréciés ou encore pour des fins inavouées qui n’ont proprement rien à voir avec la gloire de Dieu. Ce faisant, ils s’exposent au découragement et à la lassitude. On en connaît en effet qui n’hésitent pas à jetter l’éponge et à prendre la clé des champs dès lors qu’ils rencontrent des difficultés, ou quand ils sentent leur intérêt menacé, et encore quand ils pressentent qu’on commence à decouvrir petit à petit leur vrai visage. En ce moment, ils souhaiteraient que tout tombe à sac afin qu’on regrette leur depart ou mieux, qu’on les poursuive pour les négocier. Mais hélas ! Heureusement ou malheureusement pour eux, tout continue de rouler comme si personne n’était partie et parfois même mieux, car Dieu qui dirige la bonne marche de l’Eglise, Lui, reste toujours et continue de la pourvoir des personnes appropriées.
La vie de prière et d’écoute de
- Que nous sommes utiles dans notre domaine d’engagement mais sans être indispensable car c’est Dieu qui continue de diriger son Eglise.
- Que nous nous engageons avant tout pour le salut de notre âme et non pour acquérir les honneurs et les avantages de ce monde qui passe.
- Que nous ne saurons tenir dans notre engagement face aux tempêtes des contradictions et des propos malveillants si notre cœur n’est pas fermement enraciné sur le rocher de
Ainsi, tout orgueil, tout faiblissement ou tout découragement dans notre engagement devra être la sonnerie d’alerte qui nous rappelle que nous devons, comme Marie, retourner urgemment au pied du maître afin que sa Parole vivifiante nous conforte et nous octroie l’Amour nécessaire pour repartir à nouveau.
Frères et sœurs, c’est en conjugant ainsi l’accueil par le service et l’accueil par l’écoute de
Demandons donc au Seigneur au cours de cette eucharistie la grâce de lui reserver dans notre cœur et dans notre vie la seule hospitalité digne de lui, celle d’un engagement réel imprégné de l’Amour véritable qui découle de notre intimité avec sa Parole salvifique.
A lui soit la gloire, maintenant et pour les siècles des siècles ! AMEN !!!
Abbé Edouard GNOUMOU
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 10 autres membres