Homélie du 18ème dimanche du T.O (A)
«Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau! Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer »
Dans une société de consommation où tout se paie très cher, cette parole peut sonner comme de la provocation. Ailleurs, dans des régions comme l'Afrique noire, cela relève tout simplement de l'absurde.
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L'école se paie très cher à tel enseigne que les parents préfèrent ne pas y mettre leurs enfants ou les retirent simplement s'ils y étaient déjà.
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Les soins sont à un prix inabordables au point que plusieurs sont contraints de rester tranquillement chez eux et d'attendre la mort dans une souffrance atroce qu'aucun remède traditionnel n'arrive à soulager. Et c'est à juste titre! Ils préfèrent mourir dignement chez eux plutôt que dans les couloirs d'un hôpital où on vous demande de tendre d'abord l'argent avant de monter sur la table d'opération chirurgicale.
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Pire, la simple eau pour se désaltérer se paie souvent à prix d'or pendant la longue période de saison sèche (8 mois) dans certaines régions.
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Et je n'oublie pas la famine qui s'étale parfois 7 mois sur 12.
Dans les sociétés ultra modernes comme les vôtres, outre ces genres de soifs et de faims qui existent aussi, il y a une autre forme qu'il ne faut point négliger. Elle s'appelle soif de sollicitude, de chaleur humaine:
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Ils sont nombreux, les malades et les vieilles personnes qui ont soif de présence, de visite amicale, de mots doux et réconfortants.
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Il y a aussi les migrants et des personnes défavorisées qui ont soif de regards compatissants, bienveillants, de cœurs qui accueillent, qui comprennent, qui aident.
Comment faire résonner ces paroles du prophète Isaïe à ces populations? A vrai dire, elles ne semblent pas convenir à nos temps modernes où "qui n'a rien n'est rien". Et pourtant, si. L'évangile de ce jour nous le confirme. Jésus multiplie cinq pains et deux poissons pour cinq mille hommes sans compter les femmes et les enfants. « Tous mangèrent gratuitement à leur faim, et des restes, on en ramassa encore douze paniers pleins ».
Oui, Dieu nourrit son peuple. Mais pourquoi toujours tant de misères et de solitude sur la terre? La réponse se trouve dans l'évangile. Jésus n'a pas fait tomber le pain du ciel pour nourrir les foules. Non. C'est du pain et des poissons qu'on lui a apporté. Le parallèle en saint Jean précise qu'ils appartenaient à un jeune garçon: « Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons » Jn 6,9. Plus prévoyant, il les avait certainement amener là pour son déjeuner.r. Mais il a accepté de les donner. C'est là que commence le miracle. Le premier pas pour le soulagement des souffrances que nos frères traversent se trouvent donc dans le creux de nos mains. Dieu ne sauve jamais l'homme sans l'homme. C'est de la générosité de nos cœurs, c'est dans nos mains qui se tendent pour donner que nait toujours la fécondité, la multiplication de bien-être pour un monde meilleur. C'est pourquoi le début du miracle est marqué par cette exhortation forte du Christ: « Donnez leur vous-mêmes à manger ». Si le petit enfant de l'évangile avait refuser de donner son pain, les foules se seraient certainement retournées à jeun. Si donc de nombreux peuples croupissent encore dans la misères et la solitude, n'est pas bien souvent parce que nous refusons de donner?
C'est fort heureux de voir des associations, des humanitaires, des ONG, des groupes, et même de simples personnes se donner pour tâche de contribuer de mille manières à soulager un temps les souffrances des autres. Ces œuvres auraient des répercussions infinies et transformeraient le monde si chacun d'entre nous acceptait d'y donner du sien. Il ne faut pas attendre d'avoir beaucoup pour donner. On donne le peu qu'on a, et Dieu se charge de faire le reste.
L'eucharistie que nous célébrons chaque jour est là pour nous rappeler la vertu du don qui devrait nous caractériser tous, surtout nous les chrétiens. Il s'agit du corps et du sang du Christ, gratuitement offerts sur la croix et qui se multiplient d'années en années depuis déjà plus de 2000 ans pour apaiser nos faims et nos soifs spirituels. La communion au corps du Christ devraient donc être pour nous tous un engagement à ouvrir nos cœurs et nos mains aux dimensions du monde afin que cette Parole d'espérance forte devienne une réalité: «Vous tous qui avez soif, venez, voici de l'eau! Même si vous n'avez pas d'argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer »
« Seigneur, le don gratuit de ton corps est une invitation pour nous aussi à nous faire corps avec tous les hommes. Donne-nous la force de t'apporter non pas ce que nous avons de trop, mais aussi une partie de ce qui nous est nécessaire. Prends le. Dis encore une prière d'action de grâce à ton père et multiplie le pour l'avènement du monde nouveau. AMEN. ».
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