Homélie du 26ème dimanche du T.O C
HOMELIE DU 26ème dimanche du T.O, C
(Dimanche le 25 septembre 2016)
On peut trouver bizarre que les textes liturgiques que nous venons de parcourir s’attaquent de façon si directe à ce qui fait souvent l’objet de tous les rêves, de tous les appétits de la planète : le bien-être.
- Oui, qui ne voudrait pas vivre bien tranquille ?
- Qui ne voudrait pas se sentir en sécurité à tous les niveaux ?
- Qui ne voudrait pas avoir le confort nécessaire pour un repos bien mérité après des journées parfois ardues : lit d’Ivoire, divans somptueux
- Qui ne voudrait pas bien manger ? Oui, avoir souvent à sa table de la viande d’agneaux ou de veaux les plus tendres. Boire les vins les plus exquis. Rien de plus merveilleux si tout cela pouvait être accompagné par une musique savamment orchestré afin que l’oreille, bien charmée, participe aussi à la fête.
- Et quand on sort, qui ne voudrait pas répandre partout sur son passage la bonne odeur d’un parfum de luxe afin que tout le monde sente qu’un « vrai quelqu’un » est passé par là ?
Oui, qui ?
Et pourtant, c’est à ces personnes qui ont atteint ce summum de nos rêves que le livre d’Amos adresse cette sévère prophétie : « C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus »
Dieu serait-il donc contre le bien être, contre les richesses ? La réponse est très claire : c’est NON ! Heureusement d’ailleurs ! Oui Dieu n’est pas contre nos rêves de richesses, de gloire. Il faut avoir de l’ambition. C’est comme cela que le monde évolue. Mais ce contre quoi Dieu se révolte, c’est l’indifférence qu’ont les riches vis-à-vis de ceux qui en ont moins, vis-à-vis des problèmes de la société : « Ils boivent le vin à même les amphores, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ».
C’est donc la richesse comme point phare de toutes nos aspirations, comme priorité des priorités dans notre vie au détriment de tout ce qui reste, qui est mauvaise. Au milieu de toutes nos aspirations de bien-être, nous ne devons pas oublier une chose. Et c’est ce que saint Paul nous recommande fortement dans la deuxième lecture : « Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur ».
- Quand notre quête de bien-être nous fait oublier que les autres aussi ont besoin de bien-être, alors nous sommes dans l’erreur. Il faut rechercher la charité.
- Quand nos richesses nous font oublier Dieu, alors nous sommes en pleine vitesse sur l’autoroute de la perdition : Il faut rechercher la piété, la foi.
- Quand notre désir de réussir nous mène dans un carcan d’impatience, de violence et de dureté du cœur, alors, nous sommes en danger : Il faut rechercher la persévérance, la douceur.
- Quand les mirages de ce monde ci voilent en nous notre destinée ultime qui est la joie éternelle en Dieu, alors nous nous égarons profondément : nous devons mener le bon combat, celui de la foi, et nous emparer de la vie éternelle.
C’est pourquoi, ce qui est reproché au riche dans l’évangile, ce n’est pas sa richesse. Ce qui lui est reproché, c’est bien tout ce que je viens de citer : son indifférence envers le pauvre Lazare ; sa jouissance des biens matériels au point d’oublier Dieu qui s’identifie aux pauvres ; son choix exclusif pour les biens de ce monde au détriment de la vie éternelle.
C’est bien la même chose qui peut être reproché à la plupart des riches de nos jours. Non seulement ils ne pensent pas aux pauvres, mais ils vont même jusqu’à retirer le peu qui leur reste. C’est très clair. Les pays riches exploitent à fond les pays pauvres en les expropriant, à vil prix, de toutes les richesses de leurs sous-sols. Et ils mettent tous les moyens pour cela, jusqu’à déclencher parfois des guerres civiles. Non seulement ils entretiennent et accentuent le fossé qui les sépare des pauvres, mais ils évacuent aussi de plus en plus Dieu de leur vie. Il n’y a qu’à voir le niveau terrible de baisse de la foi chez eux pour comprendre. Voilà ce qui arrive quand on met tout son cœur dans l’argent : une spirale d’injustices et d’impiété prend naissance.
Et même dans les pays pauvres, il y a aussi deux catégories : le camp des riches et celui des pauvres. Là encore, les pauvres sont exploités voire même sucés en profondeur par les riches. Le pauvre paysan qui désire quelque chose dans une administration est parfois obligé de se dépouiller au profit de celui-là même qui, pourtant, est grassement payé pour cela.
La corruption a le vent en pourpre malgré toutes les lois et les discours anti-corruption qui saturent nos oreilles au quotidien.
Que de misères, que d’injustices d’un côté ; que de riches aussi, des gens trop riches de l’autre côté ! Et au milieu, il y a ce fossé qui divise les enfants d’un même Père. C’est contre cela que Dieu s’insurge. Comment ne pas s’insurger en effet, Lui qui a doté le genre humain de biens matériels qui devraient normalement suffire à tous ? Malheureusement, il y en a qui accapare tout pour eux seuls. Conséquence : les uns ne peuvent plus en avoir parce que leur part est enfermé chez les autres qui refusent de s’en détacher.
Ce danger nous guette tous. Oui, le mauvais riche git au fond de chacun d’entre nous. Si le riche n’est pas nommé dans l’évangile, c’est pour que chacun d’entre nous lui prête son nom. Toutes les fois que nous gardons par devers nous quelque chose qui ne nous sert plus, sachons que quelque part, un autre s’en trouve privé à cause de nous. C’est sa part que nous avons gardé enfermé chez nous. Ainsi, nous pouvons être des voleurs sans le savoir.
Cultivons donc dès maintenant une attitude de détachement :
- Si j’ai quelque chose en trop, c’est-à-dire que je n’utilise pas, je devrais être capable de le donner à celui qui n’en a pas : bics, pantalons, etc.
- Si j’ai un salaire et des indemnités, je devrais être capable de m’en contenter au lieu de rechercher « le gombo » en expropriant les pauvres du peu qui leur reste, etc.
C’est seulement à ce prix que, contrairement au riche de l’évangile, nous aurons la vie éternelle après notre mort qui adviendra inévitablement tôt ou tard.
Puisse Dieu, au cours de cette eucharistie nous donner la grâce du détachement et du partage. Ainsi, serions-nous juger digne de partager sa joie maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 10 autres membres