Homélie du 30ème dimanhe du T.O (Année B)
30EME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNEE B)
(Dimanche le 28 octobre 2012)
Après avoir parcouru les textes liturgiques de ce jour, on ne peut qu’être frappé par une chose : La joie et les événements joyeux qui y débordent.
La première lecture commence par une interpellation joyeuse : criez de joie pour Jacob
Le psaume du graduel est encore plus explicite. Le refrain à lui seul en dit long: « Pour nous, le Seigneur a fait des merveilles, nous voici dans la joie »
Enfin l’évangile raconte un merveilleux récit qui ne peut que susciter de la joie : la guérison d’un aveugle qui peut enfin repartir de nouveau, les yeux ouverts à la lumière et à la beauté des œuvres divines. Mais quels sont les motifs de cette joie ?
« Le Seigneur a sauvé son peuple, le reste d’Israël », clame le livre de Jérémie. Le psaume renchérit dans le même sens : « Quand le Seigneur ramenait les déportés de son peuple, nous étions comme en rêve : notre bouche était pleine de rires et nos lèvres de chansons. » Tout cela, joint à la guérison miraculeuse de l’aveugle dans l’évangile montre clairement qu’il s’agit d’un éclatement de joie face à la bonté divine qui déploie aux yeux du monde entier sa puissance libératrice. Mais qui sont les heureux bénéficiaires de cette joie née de l’Amour divin qui se déploie en faveur de sa créature ?
Le livre de Jérémie parle du reste d’Israël. Le reste d’Israël n’était pas composé de gens fortunés. Bien au contraire, c’était un groupe de pauvres vaincus sur leur terre, déportés, dispersés et esclaves sur une terre étrangère, et qui, malgré cette misère, n’a jamais cessé de rester fidèle à son Dieu. Parmi ce petit reste de malheureux, on mentionne encore d’autres catégories plus malheureuses et plus vulnérables : « Il y a parmi eux l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée ». L’évangile quant à lui, évoque clairement le cas d’un aveugle qui s’asseyait au bord de la route pour mendier comme nous le voyons souvent sous nos cieux. Le message est donc clair. La puissance libératrice de Dieu, source d’une grande joie, s’adresse toujours aux pauvres, aux infirmes, aux handicapés, aux rejetés et aux humiliés de nos sociétés, aux malheureux. Ainsi donc, Dieu n’est jamais aussi présent dans nos vies, à nos côtés, que lorsque nous traversons des moments d’épreuves, de souffrances, d’incertitudes pour nous en libérer et nous couvrir de joies. Vous allez certainement me demander : « Mais pourquoi donc il nous arrive souvent de souffrir sans arrêt malgré toutes les prières, toutes les messes que nous demandons ? On a même parfois l’impression que plus nous prions, plus notre situation s’empire ». Vous avez raison. Mais sachons que cela nous arrive souvent parce que nous ne remplissons pas les conditions requises pour que l’Amour et la puissance de Dieu éclatent et débordent dans nos vies : « Un seau renversé sous un robinet ne se remplira jamais d’eau ». Ces conditions telles que nous les décrivent les textes liturgiques de ce jour sont :
- Rester fidèle à Dieu et à lui seul même quand rien ne semble aller dans notre vie comme le reste d’Israël. Dieu ne peut pas ne pas agir dans une telle situation car c’est toujours notre disposition personnelle, notre foi qui nous rend apte à bénéficier de ses grâces.
- Emboiter les pas de l’aveugle de l’évangile : reconnaître d’abord nos infirmités, nos faiblesses, avoir le désir d’en guérir, reconnaître que Jésus peut le faire, crier vers lui-même quand les hommes et les événements de la vie veulent étouffer notre voix, crier encore plus fort, bondir vers lui, lui exprimer notre requête. C’est alors que, il n’y a aucun doute, nos yeux s’ouvriront et une nouvelle vie toute tissée de joie déploiera son tapis devant nous.
Force est de reconnaître que nous ne remplissons pas souvent ces conditions nécessaires pour que la puissance salvatrice de Dieu déborde dans nos vies. L’aveugle aujourd’hui ce n’est pas seulement celui qui n’a plus d’yeux pour voir. C’est chaque homme, c’est chacun d’entre nous qui nous trompons souvent de chemin, laissons miner notre de vie de défauts et de péchés divers au point d’être continuellement plonger dans les tourments loin du Dieu qui libère. Tous et chacun, nous devons donc avoir le courage d’entrer en nous-mêmes et reconnaitre sincèrement devant Dieu nos limites et nos faiblesses, crier vers lui et lui demander de nous en libérer. Evitons les mauvaises attitudes qu’on rencontre souvent chez de nombreuses personnes :
Beaucoup d’Hommes en effet, qu’ils soient chrétiens ou pas refusent souvent de se reconnaître pécheurs et créent autour d’eux des cadres qui les maintiennent plongés dans leur aveuglement.
Que de pécheurs invétérés ne se croient-ils pas justes ! Ils ont tué en eux leur conscience au point de ne même plus savoir la différence entre le bien et le mal et restent sourds à toute interpellation.
De nombreuses personnes passent leur temps à trouver des justificatifs à leurs péchés. Des « tout le monde fait comme ca », on en trouve partout.
Par manque de volonté de sortir de leur carcan du mal, plusieurs personnes, notamment les voleurs et les détourneurs d’argent tentent de tranquilliser leur conscience en faisant des dons aux pauvres. D’autres la tranquillisent en ne voyant que des défauts chez les autres. Une façon de dire : « C’est vrai que je ne suis pas bien, mais pour celui-là c’est encore pire »
De nombreux chrétiens, à force de tremper leur main dans le mal n’osent plus mettre les pieds à l’église de peur que l’évangile du jour ne les interpelle. Il trouve des justificatifs du genre : « J’ai fait tellement de mal que je n’ose même plus mettre pied à l’Eglise pour ne pas déranger Dieu ». La rareté de certains à l’église découle parfois aussi d’une honte face aux autres qui savent ce qu’ils font.
Tous ces comportements n’ont pour but que de nous éloigner continuellement de Dieu et par ce fait même conduisent notre âme à la ruine à force de la plonger dans les flaques du péché et du mal. Ce sont des ruses que le démon utilise aujourd’hui pour maintenir les âmes enfermées dans ses filets pour les mener à leur perte éternelle.
Chers frères et sœurs, le Seigneur passe aujourd’hui comme jadis sur la route de Jéricho, il passe chaque jour à travers la sainte messe, le sacrement de la réconciliation, les autres sacrements et des événements de tout genre. Prenons donc conscience devant lui de nos faiblesses, de nos limites, de nos aveuglements. (Silence) Crions tous vers lui sans peur ni honte : « Aie pitié de moi » (silence). Crions encore plus fort. Oui, il n’y a pas de doute. Il s’arrêtera. Il déploiera la puissance libératrice de sa bonté en notre faveur afin qu’à la suite du reste d’Israël, de tous les pauvres, les infirmes, les misérables, l’aveugle Bartimée, nos yeux s’ouvrent à la lumière divine pour que nous soyons comblés d’une joie profonde et permanente.
Demandons lui cette grâce au cours de cette eucharistie, lui le Vivant qui nous aime maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!
Abbé Edouard GNOUMOU, CEDICOM
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