AU COEUR DE L\'ESPERANCE

AU COEUR DE L\'ESPERANCE

Homélie du 7ème dimanche de Paques, année C

Paroisse Jean XXIII

Ouagadougou

 

 

 

 

 

 

 

(7ème dimanche de Pâques, année C)

 

 

 

 

 

 

 

« Que tous, ils soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé »

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbé Edouard GNOUMOU

 

« Que tous, ils soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé »

L’unité…encore l’unité. A l’heure de la mondialisation, nous assistons de plus en plus à des unités plus ou moins grandes de personnes morales ou physiques qui se regroupent autour d’intérêt commun. Que de groupements ! Que de mouvements ! Que d’associations ! Que d’organismes internationaux, etc. On peut alors dire de prime abord que la prière du Christ est en voie de se réaliser. « Que tous, ils soient Un ». Cependant, ne nous hâtons pas trop vite d’applaudir avant d’avoir scruter cette Unité ambiante à la loupe de la seconde partie de la prière : « Afin que le monde croie que tu m’as envoyé ». Les regroupements de ce monde, tel que nous pouvons le constater, n’ont pas forcement pour objectif de révéler le Christ, verbe de Dieu fait chair par Amour, au monde. Bien au contraire ! La plupart se fonde autour d’intérêts surtout terrestres : accroissement des richesses matérielles, culturelles, humaines, intellectuelles, etc. Tout cela est bien beau, car il procure une certaine aisance matérielle et un certain bonheur qui nous octroient un air de sauver, condition première pour un témoignage visible rendu au Christ sauveur. Car comme le disait NIETSCHE : « Il faudra qu’ils aient grandement un air de sauver pour que je croie en leur sauveur ». Le danger, c’est de se limiter là. Et pourtant, c’est ce qui se donne à voir au quotidien. On lutte pour des intérêts terrestres à but proprement terrestre. Au nom de cette lutte parfois égoïste, on est près à exclure et même à éliminer tout ceux qui peuvent constituer pour nous un obstacle. Ce n’est plus l’amour qui anime de l’intérieur ces genres d’unités, mais l’intérêt. Il revient donc à nous chrétiens d’aller au-delà de ce fait afin de porter à son achèvement la prière du Christ. Bâtir une unité qui procure une certaine aisance matérielle, humaine, intellectuelle à tous, oui ! Mais une unité construite autour du Christ ; qui est imprégnée par l’Amour du Christ qui la conduit de sorte qu’elle procure non seulement un salut matériel, mais aussi qu’elle nous serve d’échelle qui conduit aux réalités célestes et révèle aux yeux du monde le visage du Dieu d’Amour. De ce point de vue, des efforts sont de plus en plus visibles au sein de notre Eglise.

Nous saluons toutes les congrégations, associations et mouvements d’Eglise qui œuvrent nuit et jour pour procurer soulagement et paix aux personnes malades, handicapées, misérables.

Nous saluons tous les chrétiens qui luttent pour plus de justice dans le monde.

Nous saluons toutes les personnes qui, au nom de l’Amour chrétien, donnent de leur bien pour soutenir leurs frères et sœurs qui vivent dans des conditions peu humaines. Car l’unité de l’Eglise ne saurait être possible qu’en commençant par combler les fossés qui divisent le monde en deux : le monde des riches et celui des misérables, celui des forts et celui des faibles.

Nous saluons les âmes généreuses, qui, au nom de leur foi, n’hésitent pas à prendre des responsabilités dans l’Eglise. Car toute unité se fonde toujours autour d’un responsable dont la mission est d’aider le groupe à atteindre son objectif. Notre objectif, c’est le Christ, l’envoyé du Père.

Nous vous saluons, vous les ressortissants des diocèses de Nouna et de Dédougou qui avez eu la lumineuse idée de vous retrouver souvent en tant que frères à travers des rencontres, des activités, des célébrations, etc. L’unité de l’Eglise ne saurait commencer autrement. C’est à partir de petits groupes comme le vôtre qui choisiront volontairement de vivre unis entre eux et autour de leurs pasteurs que l’unité de l’Eglise se construira progressivement.

 

« Que tous, ils soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé »

Si des efforts d’Unité de l’Eglise et dans l’Eglise sont de plus en plus perceptibles comme nous venons de le voir, il n’empêche qu’il demeure des failles et pas des moindres qu’il nous faut obligatoirement repérer et corriger. En effet, au regard de ce voeu si cher au cœur de notre Seigneur, s’il nous était donné de faire un petit diagnostique de la situation actuelle de notre Eglise, le résultat ne serait pas alléchant. Que de divisions en effet entre les chrétiens : des catholiques aux anglicans en passant par les protestants aux branches infinies, etc. La liste est longue. Pire, ces églises, loin de se consacrer uniquement au service de la Vérité et de l’Amour en suivant les traces du maître, passent du temps à se jeter mutuellement des flèches empoisonnées au venin de la haine sous le regard ahuri et parfois moqueur des hommes de ce temps qui, ont le sait bien, sont pleins de réalisme. Ils nous entendent prêcher l’amour, mais, ils nous voient ne pas nous aimer. Ils ont beau jeu de nous dire : « Médecin, guéris-toi toi-même ».

Il y a donc lieu de constater que cette prière du Christ n’est pas encore réalisée. Et c’est nous, chrétiens, qui nous opposons parfois à sa réalisation ! Une prière du Christ est infructueuse à cause de nous ! Et, par le fait même, nous nous rendons responsables de l’incrédulité du monde.

 

« Que tous, ils soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé »

Avec l’avènement du dialogue oecuménique (entre les églises), des terrains d’entente voient de plus en plus le jour et les chrétiens prennent davantage conscience de la nécessité de leur unité. En témoigne la semaine de prière pour l’unité des chrétiens que nous vivons chaque année depuis déjà un certain temps. Mais à quoi sert-il de prier si nous ne travaillons pas à la réalisation de ce pour quoi nous prions ? La prière importe bien sûr ! Ne pas prier pour l’union des Eglises, est une preuve incroyable d’indifférence, d’égoïsme, d’incrédulité. Mais la prière ne suffit pas. Il ne faut pas seulement prier pour l’union des églises, il faut agir. Cette action commence d’abord à l’intérieur de chacune des églises. Ainsi, nous, les chrétiens catholiques, devront prendre conscience que les églises s’uniront si nous nous aimons, si nous devenons fervents et charitables, car c’est cela et seulement cela qui donnera envie aux autres de nous ressembler.

Voyons donc comment nous sommes, nous catholiques. Sommes nous unis ? Y a-t-il réellement communion, échange, sympathie, chaleur entre nous parce que nous sommes chrétiens? Ou bien sommes nous rigoureusement individualiste ? Le cardinal Feltin disait : « Nos catholiques vivent chacun pur soi leur foi commune ! » Chacun pour soi et Dieu pour tous : est-ce cela la description de nos messes ? La messe est-elle pour nous un dîner par petites tables, ou bien une grande assemblée chaleureuse et fraternelle ? Nous avons un grand respect du corps du Christ que nous y recevons. Mais quel respect avons-nous du corps du Christ que nous formons ? Retenons que cela n’intéresse pas le Christ de changer du pain en son corps, si ce n’est le moyen de nous changer, nous en son corps. Ce sur quoi le Christ aspire à prononcer les paroles d’une consécration éternelle, ce n’est pas sur le pain qui est sur l’autel, Non ! C’est sur ses membres que nous sommes, et qu’il veut de tout son cœur réunir, vivifier, réchauffer, pour qu’Il puisse dire à la fin d’une messe : ceci est mon corps. Dans notre enfance, on nous racontait ces sacrilèges contre l’Eucharistie, ces gens qui profanaient les hosties, les poignardaient, les faisaient saigner. Mais n’est-ce pas un plus grave sacrilège- et il nous laisse si calme- que de diviser le corps du Christ par nos mépris, nos négligences, nos hostilités, nos médisances ? En vérité, il dépend de chacun de nous que l’Eglise soit unie, ou qu’elle ne le soit pas ; qu’elle soit un témoignage d’amour ou un scandale aux yeux des hommes. Le seul visage que le Christ puisse montrer aux incroyants aujourd’hui, c’est celui de nos communautés fraternelles. C’est pourquoi, chacun de nous et tous ensemble nous devons œuvrer dès maintenant pour que cette unité soit effective et perceptible.

 

« Que tous, ils soient un…afin que le monde croie que tu m’as envoyé » 

C’est en partant de cette recommandation fondamentale du maître que nous, jeunes prêtres de cette année sacerdotale et nos aînés prêtres ici présents voudrions vous encourager à persévérer sur ce chemin d’Unité que vous avez entrepris en tant que frères des diocèses de Nouna et Dédougou. « Duc in altum » selon le slogan si cher à l’évêque ordinaire du lieu, Mgr Philippe OUEDRAOGO. Oui, avancez au large en travaillant à ce que vos différentes rencontres et vos liturgies deviennent davantage de véritables lieux de communion tissée de fraternité, de connaissance mutuelle et d’entraide. Pour cela, chacun d’entre vous, quelque soit son rang social, devra apprendre à cultiver davantage l’humilité, la disponibilité et le sens de la connaissance de l’autre.

C’est pour vous aider à cela que les jeunes prêtres que nous sommes voudraient inviter chacun d’entre vous à se présenter nominalement, avec simplicité, sincèrement et sans peur à ses voisins immédiats pendant le don de la paix du Christ. Au demeurant, vous pourrez, à la sortir de la messe, si vous le voulez bien, prendre mutuellement les contacts. Et pourquoi pas, l’un pourrait inviter l’autre un jour à sa table ! Ce serait le prélude d’un prolongement de la communion fraternelle vécue lors de nos messes jusque sous vos toits. Car c’est en vain que nous aurons assisté à une messe, fut-elle d’une ampleur significative comme cette messe d’action de grâce que nous vivons aujourd’hui, si, en sortant, nous ne nous aimons pas davantage que lorsque nous sommes entrés. Le seul signe que nous aurons assisté valablement à la messe, c’est si, une fois dehors, nous nous sentons plus proches les uns des autres et le manifestons par des gestes concrets.

Alors, espérons que l’un ou l’autre pourra adhérer à cette proposition. Ce serait un souvenir vivant de ce beau jour où votre disponibilité, votre foi et votre sens de la fraternité chrétienne nous ont invité ici pour une messe d’action de grâce. Oui, un souvenir gravé sur les tablettes de nos cœurs de ce dimanche où notre Seigneur et maître nous recommanda encore de façon formelle l’Unité, seule moyen certain pour le révéler aux hommes de ce temps comme le Dieu d’Amour.

Qu’Il continue toujours de renforcer votre unité dans cette organisation des ressortissants des diocèses de Nouna et Dédougou en faisant qu’elle contribue au bonheur et à l’épanouissement de tous. Implorons le également pour plus d’unité dans nos communautés chrétiennes, nos familles et entre tous les autres membres de nos églises, Lui qui règne avec le Père dans l’unité du saint Esprit, un seul Dieu pour les siècles des siècles.

 

                                    Abbé Edouard GNOUMOU



14/10/2010
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