AU COEUR DE L\'ESPERANCE

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Homélie du Dimanche 1er Mars, 1er Dimanche carême, année B

HOMELIE DU DIMANCHE 1ER MARS

(1er Dimanche de carême, année B)

 

« Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière ».

Un jour je suis allé rendre visite à une famille. C’était au village. La première des choses que j’ai rencontrée en entrant dans la cour, c’était deux enfants qui roulaient à même le sol en poussant des cris de joie et en riant. Ils s’amusaient. Mais bon Dieu, qu’ils étaient sales ! La maman dû se sentir un peu mal à l’aise car immédiatement après les salutations d’usage, elle tira à elle la plus petite d’environ 2 ans pour lui faire sa toilette. Pendant ce temps, le garçon de 5 ans continuait joyeusement d’embrasser la poussière. Dix minutes après, la fillette apparue, tout propre et bien habillée. Elle s’arrêta à distance et elle observait son grand frère. Celui-ci l’aperçut et l’invita : « Mais viens on va continuer à rouler ! » Et c’est alors que ce à quoi je ne m’attendais pas du tout de la part de cette toute petite se produisit. Surprise par une telle invitation, elle s’écria d’une façon presque hautaine : « Mais je suis propre moi ! Tu ne vois pas que je viens de me laver ! » Et disant cela, elle s’en alla s’asseoir, tranquille. Ce fait banal m’avait marqué. Et dès que j’ai lu les textes liturgiques de ce premier dimanche de carême, j’ai vite fait le lien.

 

« Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière ».

La parole de Dieu de ce jour est entièrement traversée par un courant d’eau. Il s’agit plus précisément du baptême. Le déluge dont il est question dans la première lecture en est une préfiguration. Saint Pierre dans la deuxième lecture et toute la tradition chrétienne en témoignent. L’eau du déluge est une image du baptême chrétien qui nous sauve maintenant. En effet, à l’époque du déluge, cette eau n’a pas fait que détruire. Elle a aussi concouru à sauver Noé et sa famille en véhiculant en toute sécurité sa barque et tout ce qu’elle abritait. Cette œuvre de salut opérée par Dieu à travers l’eau du déluge se prolonge comme nous l’avons entendu dans la conclusion d’une alliance. « Oui, j’établis mon alliance avec vous dit Dieu à Noé: aucun être vivant ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre ». Cette alliance s’est accomplie pleinement en Jésus Christ. L’accomplissement a même dépassé les attentes. Non seulement l’eau ne détruit plus, mais elle fait, en vertu du baptême, naître à une nouvelle vie purifiée de tout mal et de toute impureté. Il s’agit de la vie divine. Dans L’Ancien temps, cette renaissance à la vie divine était marquée par le symbolisme de se déshabiller. On se déshabillait entièrement avant d’entrer dans la piscine pour le baptême. Et lorsque l’on ressortait de l’eau, on abandonnait les vieux habits pour revêtir une tenue nouvelle toute blanche, symbole de la pureté que l’on venait d’acquérir. Cela signifiait qu’on s’était dévêtu du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau, libéré du péché et portant en lui la vie divine. On était propre.

 

Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière

Cet état de renouvellement n’était pas un une fin en soi. Il s’agissait d’un nouveau départ. Quand l’enfant ne s’est pas encore lavé, il continue à rouler sur le sol. Mais dès lors qu’il vient de faire sa toilette, il prend conscience qu’il vient de rentrer dans un nouvel état qui lui interdit de repartir dans la poussière. Alors il fait l’effort de s’abstenir. Ainsi, notre baptême nous engage aussi dans une nouvelle histoire avec Dieu.

Le sens exact de cette nouvelle histoire éclate à travers le récit de la tentation que nous venons de lire en saint Marc. Après son baptême, baptême par lequel il a sanctifié les eaux qui serviront prochainement à sauver les hommes, Jésus est poussé au désert par l’Esprit. Là il vivait parmi les bêtes sauvages et il était tenté par Satan. Ainsi donc, le baptême nous introduit dans un monde à la fois beau mais très exigeant. Nous sommes, comme le Christ, conduits au désert où nous vivons parmi les bêtes sauvages. Celles-ci symbolisent tous les ennemis de l’Eglise qui constituent pour nous des obstacles à l’épanouissement de notre foi. Il s’agit notamment des personnes, des sectes et des idéologies qui, à l’ombre des puissances obscures, se sont lancées dans une lutte à mort contre l’Eglise et ses institutions. Cependant, à côté de ces bêtes sauvages, se trouve une personnalité encore plus redoutable pour le chrétien. C’est bien lui, Satan, qui de l’intérieur comme de l’extérieur nous hante, nous obsède et nous pousse au mal. Les appâts qu’il a jadis utilisés contre le Christ sont les mêmes qu’il utilise encore aujourd’hui. L’appât du plaisir de la chair, du pouvoir, de la richesse. Ce sont là les trois grandes tendances du mal dans le monde. Cependant, Jésus les a toutes vaincues. Ceci, pour nous montrer que la victoire est déjà acquise en Lui, par Lui, pour la gloire de son Père Tout-Puissant. De fait, si nous aussi nous voulons triompher du mal, nous devons nécessairement et à tout prix nous attacher à Lui en le laissant s’épanouir en nous. Or le Christ ne peut s’épanouir en nous que si nous conservons la pureté de notre baptême. C’est un combat que nous devons mener quotidiennement, et surtout pendant ce temps de carême, avec les armes de la prière, de l’aumône, du jeûne, et de la pénitence. Malheureusement, nous refusons souvent tout effort pour rester propre. Dès que la moindre tentation surgit dans notre pensée, nous retournons à nos poussières. Certains, à force même de s’habituer au mal n’attendent plus d’être tenté pour agir. Ils sont un peu comme les enfants. Quand un enfant s’habitue à la saleté, non seulement il est prêt à se jeter n’importe où, mais il a également horreur de l’eau. De fait, il arrive parfois qu’il se retrouve plus crasseux que la poussière elle-même. Ainsi nous aussi, à force d’entretenir en nous les mauvaises habitudes, elles s’ancrent fortement en nous, deviennent des parties de nous-mêmes et plongent notre âme dans l’abîme de la souillure. Ceux qui agissent ainsi ne peuvent pas s’attendre à bien finir. On dit en effet que « l’arbre tombe du côté où il penche » ou encore, « qui sème le vent récoltera la tempête ». A ce propos, voici une histoire qui pourra nous aider dans nos méditations durant ce temps de carême. Vous l’avez déjà certainement entendu, mais ce n’est jamais trop de redire ce qui est bien.

Il y avait un roi qui avait quatre femmes

Il aimait sa quatrième femme plus que toutes les autres. Il lui donnait de jolis présents et l’entourait de beaucoup de soins. Il la comblait de ce qu’il avait de meilleur.

Il aimait également sa troisième femme et la présentait avec fierté aux rois voisins. Mais il avait peur qu’elle ne parte un jour avec un autre Roi.

Il aimait aussi sa deuxième épouse. Elle était sa confidente : chaque fois qu’il avait un problème, il lui en parlait.

La première épouse du roi était sa compagne la plus loyale ; c’est avec elle qu’il a construit son royaume. Cependant il ne l’aimait pas du tout. Il lui accordait très peu d’importance et trop peu de son temps.

Un jour le Roi tomba gravement malade. Sur le point de mourir, il se mit à réfléchir : « J’ai quatre épouses, mais quand je vais mourir, je serai seul ».

Il appela donc sa quatrième épouse et lui dit : « Je t’ai aimée plus que toutes les autres. Je t’ai donné ce que j’ai de meilleur. Maintenant que je suis entrain de mourir, voudrais-tu venir avec moi ? Voudrais-tu être ma compagne pour toujours ?

Tu es fou ou quoi ! s’écria-t-elle avant de s’éloigner en toute hâte sans ajouter un mot. Sa réponse pénétra douloureusement dans le cœur du roi comme un couteau aiguisé.

Le Roi dit ensuite à la troisième épouse : « Je t’ai aimée toute ma vie. Maintenant que je suis entrain de mourir, es-tu disposée à me suivre ? ».

Non ! répondit-elle aussitôt, la vie est trop belle. Quand tu seras mort, je vais me remarier ! Cette réponse surpris le roi et il en fut tout triste.

Il dit alors à sa seconde épouse : « Je suis toujours venu à toi dans mes moments difficiles. Et tu m’as toujours aidé. Maintenant que je vais mourir, veux-tu me suivre ?

Elle répondit : « Je regrette vraiment de ne pas pouvoir te suivre ; mais je te promets que je te ferai un bel enterrement ».

Le roi était désemparé ; toute sa vie, il s’était trompé sur les sentiments de ses épouses.

Il entendit alors une voix qui disait : « Moi j’irai avec toi ; je te suivrai partout où tu iras ». C’était la première épouse qui venait de parler. Le Roi la regarda et il eut honte : elle était maigre, malade, résignée. Il dit alors : « c’est toi que je devrais aimer plus que toutes les autres lorsque j’en avais les moyens ».

 

Cette histoire nous concerne tous. En réalité chacun de nous a quatre épouses.

Notre quatrième épouse est notre corps. Quelque soit le soin que nous lui apportons, il nous laissera le jour de notre mort.

Notre troisième épouse est notre richesse et notre situation sociale. A notre mort, nous n’emporterons rien avec nous.

Notre deuxième épouse, ce sont nos amis et notre famille. Ils sont un grand appui pour nous, mais le jour de notre mort, tout ce qu’ils peuvent faire pour nous c’est d’organiser nos funérailles.

Notre première épouse, c’est notre âme, que nous oublions souvent et que nous traitons si mal. Et pourtant elle est la seule qui nous accompagnera en tout lieu.

A chacun de nous de rentrer donc en lui-même pour se demander où il a mis la priorité dans sa vie. Les plaisirs du corps ? La course effrénée à l’acquisition des richesses matérielles ? L’attachement excessif à sa famille ou à ses amis au détriment de sa vie de foi ? Ni l’un, ni l’autre ne nous accompagnera dans les jours à venir, lorsque le cortège funèbre s’en ira déposer notre dépouille au fond de la tombe. Seule notre âme sera là en ce moment. Elle témoignera pour ou contre nous devant Dieu suivant qu’elle aura une bonne ou une mauvaise mine. Alors, prenons le temps de la soigner et de l’entretenir pour qu’elle conserve toute la pureté, la vigueur, la beauté et l’éclat que nous avons obtenus avec notre baptême.

 

Quand on vient de prendre un bain, on ne court pas ensuite se jeter dans la poussière. Que l’Eucharistie de ce jour nous donne la force de rester fidèles aux exigences de notre baptême, et ce, jusqu’au bout. A Dieu soit la gloire maintenant et pour les siècles. BON TEMPS DE CAREME A TOUS !

 

Edouard GNOUMOU, 7ème année



07/03/2009
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