Homélie Pentecôte et Baptême
HOMELIE DE PENTECOTE ET DE BAPTEME
(Toéni le 12 juin 2011)
On raconte qu’au temps des arrières grands pères des pères de nos pères, les animaux de la brousse étaient très organisés. Ils avaient beaucoup de richesses communes dont les intérêts étaient repartis à tous suivant la taille et la forme de chacun. Parmi ces richesses, se trouvait un immense troupeau d’agneaux gras qui ne pouvait pas suivre leurs mères pour aller dans les prairies. Les laisser seul à la maison présentait également des risques. Aussi, les animaux décidèrent-ils de se réunir pour choisir un gardien qui resterait avec ces agneaux gras pendant que leurs mères allaient paître dans les champs. Ironie du sort ? Manque d’inspiration ? Aveuglement ? Toujours est-il que le choix se porta de manière unanime sur l’hyène. Après donc les consultations, le roi lion s’en fit devant son peuple et prononça d’une façon solennelle le nom du gardien. C’était « Dissi » l’hyène. Dès que l’hyène entendit son nom, elle se mit à pleurer et à déverser des torrents de larmes. Les animaux pris de pitié pour elle lui disaient : « Courage, ca va aller. On essayera de voir comment te remplacer quand tu seras fatiguée ». D’autres murmuraient dans leur cœur : « Pauvre petite hyène, ca ne doit pas être facile pour elle dès ! Rester durant toute la journée au milieu d’agneaux turbulents ». « Bien fait pour elle», ricanait dans leur cœur ceux qui n’avaient que de l’antipathie pour elle. Mais ce qu’ils oubliaient tous, c’est que l’hyène ne pleurait pas de tristesse ! Bien au contraire. Toutes ces larmes qu’elle versait n’étaient que des gouttes dorées de bonheur à la pensée de tant de viandes d’agneaux tendres et gras dont elle se régalerait chaque jour !
Oui, bien chers frères et sœurs, il arrive souvent que nous aussi nous soyons pris d’une émotion telle que nous pleurons de joie comme l’hyène. Aujourd’hui, pourrait en être une pour chacun de nous et plus particulièrement pour les élèves du CEG de Toéni si nous comprenions ce que nous vivons. Nous fêtons en effet un double événement : La Pentecôte et la célébration des baptêmes.
Si je posais la question à notre auguste assemblée sur le sens de la Pentecôte, j’obtiendrais sans doute la même réponse : « La pentecôte c’est le jour où l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres ». Bonne réponse, pour sûre. La Pentecôte est en effet le jour, situé 50 jours après la Pâques d’où le terme Pentecôte du grec « Pentecostes=cinquantaine), où nous célébrons la descente du Saint Esprit sur les apôtres. Les textes de ce jour sont clairs à ce propos : «Ils (les apôtres) virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langue et qui se posa sur chacun d’eux. Alors, ils furent remplis de l’Esprit saint ». Cependant, si je prolongeais ma série de question en vous demandant une fois de plus « Quelle est la portée de la Pentecôte ? ». Ici, j’obtiendrais beaucoup de réponses. Mais peut-être superficielles alors que la Pentecôte à une portée tellement importante, tellement profonde que nous devrions en pleurer de joie.
Elle marque d’abord un nouveau départ. Elle est en effet une transition entre deux temps, le temps de Jésus et le temps de l’Eglise. Avant la Pentecôte, c’était Jésus qui prêchait. Et même encore après sa résurrection, c’était encore lui qui parlait. Mais après la descente de l’Esprit saint, nous voyons que ce sont les apôtres qui parlent : « ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit ». La suite de la lecture nous montre Saint Pierre prenant la Parole pour exhorter longuement la foule sur le salut obtenu dans le Christ. Désormais avec la Pentecôte, la bonne nouvelle avec toute la puissance qui la caractérise est maintenant déposée dans le creux des mains des apôtres et tous les disciples que nous représentons. Quel pouvoir « Annoncer l’évangile, baptiser, chasser les démons, guérir les malades » ! De quoi vraiment pleurer de joie si nous savions l’utiliser.
La pentecôte marque aussi le temps du renouvellement. Depuis la mort de Jésus qui était leur unique espoir, les apôtres étaient tous mus par une peur bleue qui les entassait dans des maisons, portes et fenêtres hermétiquement fermées. Ils étaient comme des enfants turbulents et provocateurs qui se retrouvent exposés face à leurs ennemis sans leur défenseur habituel. Mais voici qu’avec le don de l’Esprit saint ils sont remplis d’une nouvelle force qui enlève toute peur de leur cœur. Désormais, c’est eux qui feront trembler des rois et des seigneurs, et ils iront même jusqu’à donner leur vie pour l’évangile. En plus de cela, ils parlent toutes les langues du monde. Ils sont entièrement renouvelés.
Cette Pentecôte avec toute sa signification et toute sa portée se réalise de façon concrète aujourd’hui à Toéni. Avec le baptême en effet, ……de nos enfants recevront le don du Saint Esprit. A l’instar des apôtres, ils passeront aussi à une nouvelle phase de leur histoire. Désormais, vous ne devrez plus vous contenter d’écouter les autres parler de Jésus. Vous devez vous-mêmes parler de lui aussi dans vos classes, vos groupes de thé ou de dolo, avec vos amis, dans vos villages. Vous devez être fiers du Christ à tel enseigne qu’il soit continuellement sur votre bouche.
La nouvelle Pentecôte que vous allez vivre va faire aussi de vous des êtres nouveaux. Vous passez du vieil homme à l’homme nouveau, rené dans le Christ. Vous allez devenir, comme vos frères baptisés, des enfants de Dieu. Il ne convient donc plus que vous vivez comme avant. Désormais, on ne devrait plus voir en vous tout ce qui est vol, tricherie, mensonge, impureté, colère, etc. Vous devez vous revêtir de la douceur du Christ, qui désormais, se trouve au plus profond de votre cœur. S’il y a une chose que je demande particulièrement avec insistance pour vous aussi, c’est que l’Esprit Saint que vous allez bientôt recevoir, vous débarrasse, comme les apôtres de la peur. La peur sous toutes ses formes. Tous les maux des hommes et des sociétés actuelles tirent presque leur source de la peur (jalousie, conflit, guerre, vol, mensonge, syncrétisme, manque d’engagement, etc.). Elle est une arme redoutable du démon pour nous perdre. Alors que Dieu vous délivre de cela afin que vous puissiez vivre avec sérénité et dans la confiance en notre Seigneur qui est là et qui nous sauvera toujours pendant les périodes difficiles.
Sur vous aujourd’hui, tout comme au temps des apôtres, vont se déposer des langues de feu qui vous rendront capables de parler toutes les langues du monde. Il dépendra donc de vous de le faire ou pas. Vous parlerez toutes les langues du monde si vous le voulez. Il ne s’agit pas seulement de mots. Ce sont aussi et surtout des paroles en actes. Parlez dans toutes les langues signifient désormais rayonner la bonne nouvelle du Christ par toute votre vie. Nous sommes le seul évangile que les hommes de ce temps lisent encore. Alors, travaillons de façon à ce que tous découvrent Dieu en nous. Le langage des actes est en effet un langage universel. Revêtez vous donc permanemment du regard de plein de bonté et de tendresse du Christ, de ses paroles réconfortantes mais aussi qui dénoncent pour ramener sur le chemin du Salut. Et surtout, que chacun d’entre vous, comme nous l’exhorte saint Paul en ce jour, cherche à découvrir le charisme qui lui a été confié par l’Esprit Saint pour le développer et le mettre au service de tout le peuple de Dieu (chant, capacité d’organisation, don de la Parole, don au travail, etc.) Car lorsqu’un seul membre est paralysé, c’est tout le corps qui s’en trouve malade.
Bien chers frères et sœurs, la célébration des baptêmes nous rappelle aussi les exigences de notre baptême. Depuis que nous avons été récréés dans le Christ par l’esprit saint reçu au jour du baptême, sommes nous réellement passés de la phase de personnes enseignées à celle d’enseignants consciencieux de la bonne nouvelle ? Avons-nous pu débarrasser notre vie de tout ce qui est peur ou est-ce que notre confiance en Dieu n’est pas encore parvenue à ce niveau ? Parlons-nous vraiment le langage universel, c'est-à-dire celui des mots certes, mais aussi et surtout des actes pour que les autres puissent découvrir Dieu en nous et puisse l’aimer à leur tour ? Quelle est notre part de responsabilité dans notre communauté chrétienne suivant le charisme que l’Esprit Saint nous a donné ?
« La paix soit avec vous », telle est la salutation du ressuscité à ses disciples pendant son apparition dans l’évangile que nous venons de parcourir. Il n’y a pas de paix en dehors du ressuscité. Un chrétien qui foule permanemment au sol ses engagements baptismaux ne sera jamais heureux. On n’arrive à cueillir sa part de bonheur à l’arbre de la joie que lorsqu’on se conforme à sa vocation, tout comme l’arbre ne fleurit que dans sa vocation d’arbre.
Aujourd’hui, nous sommes remplis de joie pour le don du saint Esprit. Comme l’hyène, nous pleurons de bonheur pour nos frères et sœurs qui vont recevoir le baptême. Puisse cette eucharistie fortifier la foi de ces nouveaux baptisés. Puisse-t-elle aussi nous donner les forces nécessaires afin que nous puissions annoncer la bonne nouvelle par toute notre vie pour la joie et le salut de nos frères. Demandons cette grâce à Dieu le Père par Jésus Christ et dans l’Esprit Saint de qui nous vient tout don. A lui soit rendu gloire, puissance et honneur dans les siècles des siècles. AMEN !!!
Ab Edouard GNOUMOU
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