AU COEUR DE L\'ESPERANCE

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Homélie retraite de carême 2012

RETRAITE DE CAREME 2012

Textes : Rm 8,8-17 (Pentecôte, année C) ; Mt 7,21-27 (T.O A, 9ème dimanche)

 

THEME : « Enracinés ensemble dans la foi au fils de Dieu, soyons de vrais témoins de charité et artisans de paix dans nos milieux de vie à l’exemple de Dii Alfred DIBAN »

 

I/ OUVERTURE

 

Bien chers frères et sœurs, durant deux jours, nous avons essayé d’abandonner nos activités et nos préoccupations habituelles pour nous recentrer sur Dieu. Le carême est en effet le temps que l’Eglise nous offre pour nous ressaisir de nouveau en matière de foi. Vous avez médité sur le thème : « Enracinés ensemble dans la foi au Fils de Dieu, soyons de vrais témoins de charité et artisans de paix dans nos milieux de vie à l’exemple de Dii Alfred DIBAN ». Nous voici donc bien préparé pour être des hommes et des femmes de paix, des chrétiens débordant de l’Amour du Christ dans nos milieux de vie. Et pour l’être réellement, nous avons nettoyé dans l’eau du sacrement de la pénitence toutes nos fautes contre l’Amour et la paix. Au début de cette célébration, il convient que nous fassions de nouveau le pas. Demandons pardon à Dieu pour toutes les fois où nous n’avons pas vécu en chrétien authentique. Puisse-t-il nous donner suffisamment de force par cette eucharistie afin que nous devenions des chrétiens que le monde attend de nous, c'est-à-dire, sel et lumière dans nos milieux de vie. Ensemble, confessons.

 

II/ HOMELIE

 

J’ai cité au début de la célébration le thème que vous avez médité au cours de la retraite. Beaucoup de choses ont été dites pour vous permettre de vous enracinés tous ensemble dans la foi au Fils de Dieu. Je ne voudrais pas revenir là dessus. Le catéchiste qui a prêché la retraite a certainement eu le temps qu’il fallait pour vous le décortiquez de long en large. Je voudrais donc m’intéresser davantage au second aspect du thème : « Témoins de charité et artisans de paix à l’exemple de Dii Alfred Diban KI-ZERBO ». Qui est Dii Alfred Diban Ki ZERBO ?

Diban Ki-Zerbo est né vers 1875 à Da (près de Tougan), pays du groupe des Samos, dans le territoire de l’actuel Burkina Faso. Fils de Founi et de Bonlènè, il est deuxième d’une famille de six enfants.

Vers 1895, il va, avec son frère cadet, travailler dans les champs d’un oncle et c’est là qu’il est arrêté par des inconnus et vendu, à Kabara au Sud de Tombouctou, à Bourdamou. Il s’occupera des bêtes de ce dernier.

Après deux tentatives infructueuses d’évasion, il va finalement y parvenir après les encouragements d’une « belle jeune femme pleine de lumière » qu’il reconnaîtra dans l’église de Ségou où il est conduit en 1899.

Il est associé aux travaux de construction et apprend aussi le catéchisme. Il est baptisé le 6 mai 1901 sous le nom de « Alfred Simon», à Ségou, et fut associé à la mission avec des Pères Blancs.

En 1916, pendant la guerre, à la fuite des Pères à Ouagadougou, il lui fut confié la mission de Toma, bâtiments et fidèles. Il accomplit tant les activités religieuses que beaucoup d’autres encore.

En 1975, il fait un pèlerinage au Vatican. Le 5 mai, le Pape Paul VI le reçoit et le fait asseoir sur son trône papal. Il lui confère la médaille de Chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre.

Il meurt à Ouagadougou le 10 mai 1980 à l’âge de 105 ans, au moment où le Pape Jean Paul II donne la bénédiction finale d’une messe célébrée lors de sa visite au pays. Alfred Simon l’avait suivi par la radio

Que pouvons-nous retenir de la vie de Dii Alfred en tant que témoin charité et homme de paix ?

 

1-      Témoin de charité

Le frère, la sœur avec qui je vis, que je rencontre sur mon chemin est l’autre visage de Dieu. « J’avais eu faim….j’avais eu soif….j’étais malade ou en prison… et vous m’avez soutenu ». La Charité donc aiguise aussi notre foi et nous rapproche davantage de Dieu. C’est pourquoi, durant ce temps de carême et tout au long de notre vie, nous devons soigner davantage notre vie de charité à l’instar de Dii Alfred. Cette charité doit d’abord commencé dans nos familles comme l’a fait Dii Alfred. Sa femme témoigne en effet : « Mentir est difficile. Quand je suis arrivé ici, chez lui, …il m’a comblé et protégée. Il m’a comblée au point que tout ce que je ne pouvais avoir chez moi, je l’ai obtenu…Dieu nous a gratifiés d’être humains. Alfred les a élevés et protégés. Rien ne leur a manqué éducation, ni nourriture, ni viande, ni habits. Nous avons mangé de tout ce qui est bon ; nous en avons donné aux autres. Quand quelqu’un venait de dehors disant : « Nous n’avons pas de sauce », nous répondions « Viens, voici de la sauce ». Et ce n’était pas de la simple sauce, c’était de la sauce avec de la viande ! Nous avions toujours du bouillon dans nos marmites ; plein de mil dans nos greniers…Il passait son temps à donner : argent, cauris, habits, mil, riz, dolo, conseils…et cela, à tut le monde : femmes, enfants, vieillards, malades surtout…Il ne pensait qu’aux autres…Il a secouru un nombre immense de malades. Parfois, il les trouvait dans les convulsions de l’agonie. Il s’asseyait alors, les prenait à bras le corps et les appuyait sur la propre poitrine. Certains mouraient ainsi dans ses bras ; et après leur avoir rendu les derniers devoirs, il lui arrivait de rechercher certains parents du défunts pour les aviser…Si Dieu a écrit tout cela, nous sommes heureux pour Alfred. Si Dieu avait créé tout le monde ainsi (sur ce modèle), jamais il n’y aurait de conflit » (p 80). Au regard de cela, lisons, chacun pour sa part, le comportement qu’il a envers sa femme, ses enfants ; envers les affamés (les fuyons-nous ? Nous énervent-ils par leur mendicité permanente ? Et les malades, les visitons-nous seulement une fois en passant, etc.). Nous ne pouvons prétendre être chrétiens tant que nous ne nous intéresserons pas à cet autre visage du Christ qu’est le frère, la sœur, notamment ceux qui souffrent.

 

2-      Dii Alfred DiBAN, un artisan de paix

Cette capacité à bâtir la paix, Dii Alfred l’a puisée dans la force de la méditation de la Parole de Dieu. Un proverbe dit : « Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es ». De fait, il est vrai que notre comportement épouse toujours celui de ceux que nous fréquentons : Si tu fréquentes un voleur, tu seras un voleur. Si tu écoutes un vaurien, tu seras un vaurien. Mais si tu te mets à fréquenter des gens bien, qui disent des choses remplient de sagesse, eh bien, tu seras aussi bien. Ainsi, celui qui fréquentes la Parole de Dieu ressemble forcement à Jésus Christ. Dii Alfred l’a si bien expérimenté  comme le témoigne Augustin Ky : « L’esprit de Dii Alfred a pénétré la parole de Dieu à fond. C’était lui qui nous enseignait cette bonne parole » (P 92). En effet, en tant que catéchiste, il méditait la Parole de Dieu et l’enseignait aux autres. Il cherchait toujours à conformer sa vie à cette parole et y invitait aussi ses proches. Et cela a fait de lui un homme à la conduite irréprochable comme le témoigne encore Augustin Ky : « Dii avait une conduite irréprochable. Même les injures ne lui disaient rien. Il avait mis toute sa confiance en Dieu. Il bénissait Dieu en tout temps par cet unique refrain : « Je rends grâce à Dieu. Merci à Dieu ». Au contact de la Parole de Dieu, sa foi fut telle que quand il arrivait dans un village, les enfants couraient vers lui en criant : « Le Père de la foi arrive » (p 84). Malgré sa force légendaire (plusieurs enfants pouvaient s’agripper à son bras tendus sans qu’il ne fléchisse), il ne cherchait jamais la bagarre. Bien au contraire « c’était un pacificateur comme l’affirme son fils ainé Maurice (P 85). Même dans les cabarets où il payait volontiers à boire aux gens, dès qu’il y avait litige, il s’entremettait pour « demander pardon » aux deux parties. A domicile, quand il élevait la voix, qu’il avait naturellement forte, ces éclats étaient très passager ». Aussi, il ne se laissait ébranler par rien. « Il avait acquis une paix incroyable dans toutes les circonstances. Cela se manifestait quand il il y avait un décès dans la famille. Raconte sa femme. Par exemple, à la mort de ma première fille, Jeanne d’Arc, il est arrivé alors que tous pleuraient. Il prit à partie la foule et s’écria : « Point de pleurs ici : » Tous se turent et s’assirent en silence. Puis, s’approchant de moi, il dit « Thérèse, calme-toi. Repose-toi. C’est Dieu qui l’a fait » Et il continua : « Quelqu’un ne peut pas se tuer lui-même. Or Dieu nous aime comme lui-même. Il ne peut donc pas vouloir la mort pour toujours ». P 80. Toutes ses qualités d’homme charitable et de pacificateur Dii l’a puisé dans sa force de la prière :

 

3- Dii Alfred DIBAN, un homme de prière

Etienne Paré, catéchiste raconte : « Chaque soir, si l’on regarde vers l’Est, en direction de la colline de la Vierge Marie, on apercevait un homme habillé en blanc : c’était Dii Alfred qui récitait son chapelet, qui faisait sa visite quotidienne à Marie, dont la statue domine le village » (p93). Cette vie de prière était telle qu’elle effrayait même des personnes. C’est ce que confirme sa fille Anne Marie: « Quant à nous ses enfant, c’est dès la plus tendre enfance qu’il nous soulevait et nous tendait vers le crucifix, en disant : « Regarde ! Jésus ! » Son assiduité à la prière nous a marqués. Au point même qu’aujourd’hui, s’il nous arrive d’oublier de prier, sons seul souvenir suffit pour nous le rappeler. Quand il criait le soir : « Allons ! Venez pour la prière ! » Les enfants venus d’ailleurs s’enfuyaient à toutes jambes. Seuls les catéchistes de passage, les chrétiens convaincus et les candidats aux sacrements demeuraient avec nous. En effet, sa prière n’avait pas de fin » (P 81)°. Tout cela a concouru à donner à Alfred Diban sa carrure d’apôtre.

Dii Alfred a donc puisé la force de son témoignage de charité et de bâtisseur de paix à travers sa foi solidement enraciné en Dieu. Une telle vie, passée dans le moule de Dieu, n’a pas que ces avantages. Il y a aussi ceux que nous recherchons parfois dans l’immédiat. Ainsi, à cause de sa vie de foi, sa vie profondément enracinée dans l’unique nécessaire, Dii Alfred fut comblé :

-                     De richesses

-                     De longévité : Dii Alfred est mort à l’âge de 105 ans(ce qui ne veut pas dire forcement que ceux qui meurent tôt ne sont pas des saints)

-                     D’une bonne mort (pendant que le pape donnait la bénédiction finale à Ouagadougou)

-                     De démarches pour sa canonisation afin de le donner en exemple à toutes les générations futures. Cela est déjà un gage d’immortalité)

-                     D’une place dans les demeures célestes comme le témoigne si bien Jean-Paul Paré : « Le quatrième jour après l’enterrement de Dii Alfred, il m’est apparu en rêve… Il m’a alors chargé de dire aux chrétiens de faire comme lui-même a fiat auparavant à Toma : donner des conseils aux gens, visiter les malades, administrer le baptême. Il m’a assuré que ces actes sont très bons devant le Bon Dieu. Il a ajouté qu’à son arrivée devant Lui, tous les gens qu’il avait baptisés étaient là pour l’applaudir ».

Cette vie de Dii Alfred Diban n’est pas au-delà de notre portée. Nous aussi nous pouvons. Parce que Dii n’était pas différent de nous. Il était Noir comme nous, samo comme nous, etc. Alors, profitons de ce temps de carême pour attacher nos ceintures et aller de l’avant avec Dieu sans jamais tournés à droite ni à gauche. Car c’est là seulement que se trouve le bonheur véritable. Ne prenons pas le risque de bâtir notre vie sur du sable mouvant, des choses qui passent et nous avec. Bâtissons-les sur Dieu qui, lui ne passe pas. Vivons de son esprit comme nous le conseille saint Paul dans sa lettre aux romains. C’est alors que non seulement nous serons comblés au-delà de nos attentes sur la terre ici, mais aussi au terme de notre vie terrestre, nous vivrons auprès de Lui dans un bonheur infini maintenant et dans les siècles des siècles. AMEN !!!



06/07/2012
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