Mon choix de vie
(Récollection chez les filles des sœurs de la charité)
v PRIERE :
- Lecture : Dt 30,15-20 (cf. jeudi
après les cendres) - Petit commentaire
v INTRODUCTION
Je
m’en voudrais de commencer cette méditation avec vous sans d’abord énumérer une
petite litanie de salutations.
Je
salue les sœurs de la charité qui ont fait confiance en Dieu et en moi en me
demandant de venir vivre avec vous ce moment de récollection. Merci pour cette
marque de confiance en mon être sacerdotal, signe de votre foi au sacerdoce
ministériel dérivant de notre Seigneur et maître, Jésus Christ. Merci aussi
pour tout ce que vous faites pour Dieu à travers ces couches défavorisées de
nos sociétés auxquelles le christ s’identifie : « j’ai eu soif et
vous m’avez donné à boire… ». Que Dieu vous en récompense au centuple en
vous donnant de nombreuses consolations morales et spirituelles, en vous
comblant des besoins matériels nécessaires à la prise en charge de ce monde
souffrant, en vous donnant une foi inébranlable dans un monde semer de lumière,
mais aussi parfois d’ombre.
Je
vous salue, vous les filles qui, dès maintenant, devenez le public cible de
cette intervention. Merci de vous disposer à écouter, à méditer et à vous
laisser interpeller par ce que nous allons partager avec vous, Dieu et moi. Le
seigneur est au milieu de nous en ce moment même. Saisissez donc ce moment où
il passe d’une manière particulière pour crier vers lui comme l’aveugle
Bartimée dans l’évangile : « Jésus Fils de David, aie pitié de
moi ». Écoutons-le-nous demander : « Que veux-tu que je fasse
pour toi ? » Répondons-lui d’une manière sincère : « Que je
vois ». Oui, que je vois à quoi tu me destines, que je vois ton projet sur
moi et que je me dispose à le laisser se réaliser pleinement en moi pour ta
plus grande gloire.
« Mon
choix de vie », tel est en effet le thème que les sœurs nous ont demandé
de vous développer, Dieu et moi. Un thème capital en cet âge de tous les choix
possibles, mais parfois difficiles que vous traversez.
Dans
son livre « Mémorial », Pierre Favre raconte ceci :
« Auparavant, je veux dire avant d’avoir fixé l’orientation de ma vie
grâce au secours que Dieu me donna par Inigo, j’avais marché toujours très
incertain, ballotté par tous les vents, voulant un jour me marier, un autre
jour devenir médecin ou juriste, ou régent, ou docteur en théologie, ou clerc
sans grade, et parfois même voulant être moine ; j’étais poussé au gré de
ces vents, selon ce qui l’importait, c'est-à-dire l’attrait du moment ».
En
cet âge carrefour de la vie, il n’y a aucun doute, c’est ce genre de
tourbillons qui vous anime. Que devenir ? En d’autres termes, que
choisir ? Pour certains le choix est déjà clair. Mais est-ce vraiment ce à
quoi Dieu me destine ? Pour d’autres, il y a encore mille et une hésitations.
Cette
récollection se veut pour but de vous éclairer dans votre choix dans l’esprit
saint. Pour se faire, nous irons d’abord par une définition du concept « choisir »
et des choix possibles de son état de vie. Ensuite, nous nous pencherons sur ce
qu’est véritablement le bon choix de vie et les chemins pour y advenir. Enfin,
afin de vous mettre sur les gardes, nous énumérons quelques obstacles qui
peuvent nous amener au mauvais choix, source d’un avenir calamiteux et d’un
bonheur qui nous fuit sans cesse.
I/ « MON CHOIX DE VIE »
1-
Qu’est-ce que choisir ?
« Choisir »
nécessite que nous soyons en présence de plusieurs choses. Ensuite, que nous
étudions le pour et le contre de chacune. Après cela, nous décider pour ce que
nous croyons être meilleurs que les autres. Choisir met donc en branle
plusieurs réalité : le sentiment, l’intelligence (étude), la raison, la
volonté. Voilà pourquoi le choix est le propre de l’homme contrairement aux
animaux qui se laisse diriger par leurs instincts (cf. l’âne de buridan).
La
capacité de choisir est donc un grand don de Dieu fait à l’homme. Mais il
nécessite un esprit de discernement. Voilà pourquoi les choix les plus
importants de notre vie ne peuvent se faire sans la lumière d’en haut.
2-
Les différents choix possibles de son
état de vie
a-
Le mariage
Dans
le catéchisme catholique actuel, le mariage"' est « l’alliance
matrimoniale, par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une
communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des
conjoints ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants »,
laquelle « a été élevée entre baptisés par le Christ Seigneur à la
dignité de sacrement »
L'Église se réjouit du projet de ceux qui veulent
s'aimer pour toute la vie. Elle est là pour les y aider. Fonder une famille est
une noble tâche. Difficile... Mais loin d'être impossible si les fondations de
la maison reposent sur les 5 piliers suivants :
- l'unité
d'un homme et d'une femme - la
liberté du consentement - la
fidélité de l'engagement - l'indissolubilité
du lien - la
fécondité de l'amour.
Par le don total que les époux se font l’un à l’autre,
le mariage chrétien est un chemin exigeant sur lequel nous
apprenons, avec la lumière de l'Esprit Saint, à dominer nos égoïsmes pour mieux aimer et vivre
dans la liberté.
b- Le célibat
Pour traiter cette
question, il est peut être bon de réfléchir un moment au sens profond de la vie
de chacun : quand un être se marie est-ce pour se fondre dans le
conjoint ? Quand il devient parent, est-ce pour identifier l’enfant à ce
qu’il est lui ? A priori non...
Cela signifie que toute
vie humaine fait l’expérience d’une certaine solitude ; une
expérience bonne puisqu’elle permet de mesurer qui je suis, de prendre du recul.
Dans la foi, une telle expérience, le Christ le montre, est aussi essentielle.
Ici la solitude ne rime plus avec abandon, détresse mais avec la conscience
d’être unique aux yeux du Créateur. « Unique tu m’as fait, unique
je reste pour toi ! ». C’est ainsi que Jésus, à son baptême,
entends la voix du Père dire : « Tu es mon fils bien-aimé ; en
toi, tout mon amour ». Le célibat est la réponse de l’être humain à cet
amour immense, infini du Père dans la certitude que le petit
« verre » de ma vie, même s’il reste « vide » des
aspirations légitimes de la vie, sera rempli de façon surabondante par les dons
que l’Esprit lui fera dès maintenant. Seul l’amour que le Père me porte peut
donner le sens de ma vie.
Le célibat est donc
avant tout le moyen excellent de se donner à l’Evangile répondant ainsi à
l’invitation du Christ : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice
et tout le reste vous sera donné par surcroît. » (Mt 6,33). Le célibat ce n’est pas vivre
rabougri, ratatiné et comme dans une vie étriquée, pépère. C’est
accepter le choix que le Christ fait de moi pour vivre sa propre vie :
entièrement donné au Père, dans l’union profonde d’un cœur sans cesse tourné
vers Lui (dans le cloître matériel d’un monastère ou celui invisible du cœur)
et sans cesse tourné vers les hommes à aimer, car le Christ est l’Ami des hommes.
Le célibat consacré permet donc d’être « tout à tous » pour la cause
de l’évangile du salut et pour la joie de nos frères. Par conséquent, il ne
peut avoir de forme de vie plus élevée.
Il y a deux
formes de célibat. Celui qui est la conséquence du vœu de
chasteté par lequel un être humain s’engage de lui-même à n’avoir que
le Père pour unique nécessaire. C’est une démarche de la personne qui voue sa
vie au Christ. L’autre célibat est celui que l’Eglise demande aux
candidats au ministère presbytéral en vue du service total de
l’Eglise. Dans ce deuxième cas, le célibat n’est pas une exigence qui vient de
la personne, même si elle doit réfléchir pour savoir si elle est capable d’y
répondre, c’est l’Eglise qui, dans sa sagesse, le lui demande. Elle y trouve
une très grande richesse de vie spirituelle et de disponibilité à l’Eglise pour
ses prêtres et ses évêques.
« Il n’y a pas
de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime... je ne vous
appelle plus serviteurs mais amis ! Ce n’est pas vous qui m’avez choisi
mais c’est moi qui vous ai choisis et établi afin que vous portiez du fruit et
que votre fruit demeure » (Jean 15, 15, 16). Porté par une
telle assurance de vie, de dynamisme et de fécondité celui qui se lancerait à
la suite du Christ dans le célibat n’a plus rien à craindre !
« Pour moi, vivre, c’est le Christ ! Ce n’est plus moi qui vis mais
c’est le Christ qui vit en moi ! » (Galates 2, 20)
c- La vie consacrée
La vie consacrée désigne aujourd'hui toute personne ou tout groupe de
personnes qui s'engagent au célibat à cause du Christ et de l'Evangile. Elle recouvre traditionnellement les formes de vie
suivantes : la vie religieuse apostolique, monastique et missionnaire, les
Instituts séculiers, les sociétés de vie apostolique, les ermites,
l'Ordre des vierges consacrées et les veuves consacrées.
La vie religieuse apostolique, monastique et
missionnaire : une manière particulière de vivre le baptême
Il s'agit,
comme pour tout chrétien, de suivre le Christ en vivant l'Evangile mais
avec d'autres que l'on n'a pas choisis (vie
communautaire)
pour toujours (vœux définitifs, « publics »)
à la manière du fondateur ou de la fondatrice.
Il existe de très nombreux instituts religieux
(congrégations, ordres, monastères, etc.). Chacun d'entre eux a été fondé par une ou
plusieurs personnes qui ont été marquées par un visage particulier du Christ :
le Christ qui se fait proche des exclus de toutes
sortes,
le Christ qui enseigne,
le Christ qui guérit,
le Christ qui prie son Père dans le silence et la
solitude, etc.
Chaque institut a ainsi une « couleur » particulière,
appelée charisme.
Les instituts séculiers
Les instituts séculiers sont des instituts de vie consacrée reconnus dans l'Église catholique depuis 1947. En
France, 3000 personnes environ, hommes ou femmes, célibataires ou veufs, sont
membres d'une trentaine d'instituts séculiers.
Ils vivent dans le monde, gardant leur profession, et
ont pour mission d'y être présents, à la manière du sel ou du ferment, pour y
faire progresser l'esprit de l'Evangile.
Ils s'engagent définitivement à ce genre de vie par
des vœux après plusieurs années de formation.
Les sociétés de vie apostolique
Les prêtres, frères ou sœurs de ces "sociétés" ne sont
pas religieux mais vivent en communauté. Ces sociétés se définissent d'abord
par leur tâche apostolique, leur mission et non pas par le mode de vie.
Les vierges consacrées
Ce sont des femmes consacrées définitivement à Dieu
dans le célibat et la chasteté, par l'évêque de leur diocèse. Elles se mettent au service de l'Eglise diocésaine,
de manière individuelle sans rattachement à un groupe particulier.
Les ermites
Hommes et femmes (souvent des religieux ayant « fait
leurs preuves ») insistent sur la séparation intérieure et extérieure du monde,
pour mieux souligner que l'homme ne vit que pour Dieu.
Vie de silence et de solitude, de prière et de pénitence. Ils font profession publique des conseils
évangéliques entre les mains de l'évêque. Etc.
Les laïcs associés aux instituts religieux ou aux monastères
Certains laïcs désirent partager l'idéal de vie chrétienne vécu par des instituts
religieux. Ils leur demandent une forme de "rattachement".
Cette manière de vivre, pour des laïcs, prend de l'ampleur depuis quelques années. On emploie aussi l'expression
de "famille évangélique" qui rassemble des chrétiens de vocations
diverses (laïcs, religieux...) se référant à une même spiritualité
(franciscaine, dominicaine, ignatienne, etc.)
Voici donc les différents états de
vie possible. Chaque homme, chaque femme est fait pour un état de vie
particulier sans lequel il ne peut être heureux. Ne dit-on pas que chaque homme
a son histoire et chaque histoire a son chemin ? Chacun n’est heureux que
dans son chemin propre, raison pour laquelle il faut toujours faire le bon
choix.
II/ LE BON CHOIX
1-
Principe et fondement du bon choix
« L’homme est créé pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur
et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont
créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle
il est créé.
D’où il suit que l’homme doit user de ces choses dans la mesure où elles
l’aident pour sa fin, et qu’il doit s’en dégager dans la mesure où elles sont,
pour lui, un obstacle à cette fin.
Pour cela il est nécessaire de nous rendre indifférents à toutes les
choses créées, en tout ce qui est laissé à la liberté de notre libre arbitre et
ne lui est pas défendu ; de telle manière que nous ne voulions pas, pour
notre part, davantage la santé que la maladie, la richesse que la pauvreté,
l’honneur que le déshonneur, une vie longue qu’une vie courte et ainsi de suite
pour tout le reste, mais que nous désirions et choisissions uniquement ce qui
nous conduit davantage à la fin pour laquelle nous sommes crées. »
Ignace de Loyola, exercices spirituels N° 23
2-
Quelques repères
a- Découvre ton trésor caché : le désir profond, l’infini qui est Dieu
L’homme
a un désir profond, une soif intense en lui dont il a besoin d’être satisfait
pour son bonheur. Mais qu’est-ce, ce désir profond que tout le monde cherche à
tâtons dans l’obscurité de ce monde ? Plusieurs trouvent des cibles plus
ou moins appropriées, et d’autres vainement au point de courir incessamment
jusqu’à essoufflement comme le décrit si bien Flaubert dans son roman
« Mme Bovary » où celle-ci, à force de chercher son bonheur dans les
plaisirs sexuels en arriva à une période dégoutante de sa vie :
« Chaque sourire cachait un bâillement d’ennui, chaque jour une
malédiction, tout plaisir son dégoût, et les meilleurs baisers ne vous
laissaient sur la lèvre que l’irréalisable envie d’une volupté plus
haute » p 147. La vérité, c’est qu’il y a en l’homme un vide, un vide
spirituel qui ne peut être comblé que par du spirituel, c'est-à-dire Dieu comme
l’affirme encore si bien Michel Quoist : « sais-tu ce que tu désires
le plus ? C’est l’infini : L’infini de la beauté, de la pureté, de la
justice, de la paix, de la vérité, de l’amour, de la vie… Et l’infini te dépasse,
dépasse tout homme. L’infini n’a qu’un nom : Dieu
Toutes
tes faims d’infini ne sont au fond qu’une seule et même faim de Jésus Christ,
car Jésus Christ « est » la pureté, la vérité, l’amour, la vie….si tu
acceptes d’accueillir Jésus Christ à tous les « étapes » de ton être,
lentement son Esprit te transformeras par l’intérieur. » (P 63 ;67).
C’est dans cette transformation de l’être pétri de Dieu que toute vocation
trouve sa source et son sens. Elle ouvre aussi à l’amour des autres
b-
Découvre le chemin qui s’ouvre à
l’amour des autres
Comme
nous venons de l’entrevoir, « L’homme est dans une impasse aveugle, il
cherche là où il ne trouvera jamais ; ou bien il se résigne et décide de
cueillir les plaisirs d’un moment, ou bien découragé, il pense que le bonheur
est un mirage…il y a plaisir et joie. Le plaisir c’est le bonheur du corps. La
joie, c’est le bonheur de l’âme. Ne te contente pas de plaisirs, ils ne te
rassasieront jamais…le plaisir vit un moment et meurt, c’est pourquoi il te
laisse un gout de mort lorsque tu t’en nourris. La joie est spirituelle, elle
ne peut mourir. Accueille-là et tu garderas en toi une saveur d’éternité »
P 77 ;78
La
route de ce bonheur spirituel et éternel vers lequel tous nous devons courir
irréversiblement ne part pas des personnes et des choses pour arriver à soi
mais part toujours de soi pour aller vers les autres : « La joie
commence au moment même où tu abandonnes ta propre recherche de bonheur pour
tenter d’en donner aux autres (P 78). Car en tant que don, l’homme ne peut se
réaliser pleinement que lorsqu’il donne et se donne pour la joie des autres.
C’est cela l’Amour qui doit habiter et pénétrer tous nos choix.
« L’autre,
quand on l’aime, est un univers qu’on a jamais fini d’explorer. Il est l’eau
qui désaltère et la soif qui donne le désir de boire…quand on renonce à aimer
pour choisir ce que l’on croit être la sagesse, quand on oublie que la vie est
un acte d’amour, un jour vient où l’on découvre que l’on a perdu. La vie ne se
gagne que si l’on aime » P105
L’amour,
ce n’est pas enfermer l’autre, c’est vouloir que l’autre s’épanouisse, suivre
le courant naturel de la vie. « C’est savoir accepter l’autre tel qu’il
est. Etre joyeux du bonheur qu’il trouve. L’aimer dans sa totalité c'est-à-dire
pour ce qu’il est, laideur et beauté, défauts qualités. Voilà les conditions de
l’amour, de l’entente. Car l’amour est vertu d’indulgence, de pardon et de
respect de l’autre ». La vocation, la meilleure pour chacun est celle qui
conduit le plus possible vers ces deux réalités : se remplir de Dieu et
laisser son amour rayonner sur les autres à travers tous nos actes et tout
notre être.
c-
Choisir la vocation qui est la sienne
Entre
le mariage et la vie consacrée, le choix de son état de vie propre doit donc
s’effectuer sous l’angle unique d’un raffermissement de l’Amour de Dieu et du
prochain qui conduit au salut de l’homme. A chacun donc de lire, de relire et
de réviser sa vie pour voir quel état pourrait lui permettre de mieux réaliser
ce sens de la vie de l’homme tel que l’exprime saint Ignace : « créé
pour louer, révérer et servir Dieu notre Seigneur et par là sauver son âme ».
« Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il doit y perdre son
âme ? » disait notre Seigneur.
Je peux choisir le mariage s’il s’avère pour moi le lieu idéal
où je peux, à travers mon amour pour mon mari et mes enfants mieux louer Dieu,
le servir, le vénérer et sauver ainsi mon âme, et aussi rendre service à mes
frères et sœurs.
Je peux choisir la vie consacrée si c’est le lieu idéal où je peux
mieux louer, servir, vénérer Dieu et faire de ma vie un don total au service de
mes frères
Ainsi
les deux états de vies sont bons tant qu’ils nous permettent de réaliser notre
destinée commune qui est la vie en Dieu. Néanmoins comme le dit Michel
QUOIST : « En soi, la virginité acceptée et, plus encore, la
virginité consacrée est un état de vie supérieur au mariage (cf. 1Co27 et
33-34) car le corps limite l’homme, seul l’esprit lui offre l’infini. De toute
façon qu’importe l’état de vie. Il suffit d’aimer et on donnera la vie.
Cependant, ce bon choix de notre état de vie, pour être vraiment en conformité
avec le projet de Dieu sur nous nécessite des précautions et un entrainement de
tous les jours. Ceux-ci nous prédisposent à Dieu agir en nous.
d- Quand et comment choisir son état de vie
Avant
tout propos, il est important de savoir qu’en période de trouble, il ne faut
jamais engager l’avenir (bagarre ou problème affectif). Ensuite, que les petits
choix quotidien nous orientent toujours vers le meilleurs choix. Ainsi :
Quand les occupations abondent
Quand les occupations abondent
Il faut choisir et se dépenser dans les plus importantes
C'est-à-dire dans celles où Dieu est mieux servi
Où l’âme du prochain est plus aidée
Où le bien est plus universel et plus parfait
Consacrer un peu de temps à mettre dans l’ordre
En soi-même et en ses occupations
Aidera beaucoup à obtenir un tel résultat.
Crois en Dieu et tu croiras en toi
« Ta
première règle dans l’action : de même que tu fais confiance à Dieu qui
t’a donné de quoi réussir par toi-même, ainsi de l’autre côté déploie toute ton
énergie sans oublier que c’est de Dieu seul qui viendra la réussite et non de
toi ». C’est dans l’action baignée de la confiance en Dieu et de son soutien
que l’on peut mieux découvrir sa vocation.
Importance de nos décisions
« Commençons
par comprendre que ce qui importe dans nos vies, ce sont nos décisions. Ma vie
réelle d’homme ou de femme ou, si vous préférez, ce qu’il ya d’humain dans ma
vie, est un tissu de décisions. Ce qui dans ma vie n’est pas décision n’est
rien, ne construit rien, est de la bourre de remplissage. (…)
Il y
a les petites décisions qui semblent insignifiantes : décision de rendre
service à un voisin qui est malade, décision de rencontrer à une promenade pour
passer la journée à l’hôpital, auprès d’un compagnon qui a été blessé, etc. Si
je m’adressais à des enfants, je dirais : décision de céder ma place dans
un autobus ou un train, décision de prendre le plus petit morceau de viande dans
un plat pour laisser le morceau le plus gros à celui qui vient après moi, et.
C’est un sacrifice, c’est une mort. Faire cela pour l’enfant, c’est mourir déjà
à son égoïsme.
Il y
a les grandes décisions qui orientent toute une vie : décision de mariage,
décision d’entrer au séminaire ou dans la vie religieuse, décision de renoncer
à une femme qui n’est pas celle à qui j’ai juré fidélité : c’est terrible,
c’est sanglant de devoir renoncer à un homme ou à une femme qu’on aime…
Entre
les petites et les grandes décisions, il y a toute la gamme mais ce qui, dans
la vie, n’est pas décision, ou acte libre, ou option, n’est rien. Or ce sont
nos décisions qui nous construisent. C’est jour après jour, minute après
minute, exactement décision après décision que nous construisons notre vie
éternelle. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que le Christ ressuscité
est au cœur des décisions que nous prenons.
Fonder la décision sur la prière
L’évangile
de Luc souligne la prière de Jésus, son dialogue constant avec le père, au cœur
de sa mission. Chacun des moments décisifs de son ministère est réparé par la
prière :
Le
baptême : Lc 3,21-22 où Jésus reçoit sa mission, confirmée et publiée à la
Transfiguration (Lc 9,28-29)
Le
choix des douze où Jésus passe toute la nuit à prier (Lc 6,12)
Il
est en prière avant de livrer à ses disciples la manière de prier (Lc11,1)
En
prière encore avant sa passion (Lc 22,40-46)
En
dialogue intime avec son père avant d’être cloué sur la croix comme avant de
mourir (Lc 23,34-46)
Ainsi,
à la suite du Christ, toutes les
décisions de notre vie, notamment les plus importantes qui engagent l’avenir
doivent être incessamment recommandées à Dieu dans la prière pour en demander
la confirmation comme l’a vécu cette jeune femme : (p. 54). Oui, à sa suite,
laissons Dieu agir et débloquer les tiroirs de nos vies pour nous conduire à
notre vocation, celle qui est proprement la mienne.
II/ LES OBSTACLES AU BON CHOIX
1-
L’indécision ou la mauvaise décision
Elle
est souvent la résultante d’un brouillard épais dans lequel le monde ambiant et
les difficultés dans les différents états de vie nous plongent.
a-
Les mirages du monde ambiant
Le
monde ambiant, à travers les médias dont la force se fait de plus en plus impressionnante nous présente mille mirages
qui ne correspondent pas forcement à la réalité. De façon générale, nous voyons
que ces médias exaltent surtout le sexe à travers des feuilletons qui captent
l’attention totale et passionnée du monde féminin, des films de tout genre qui
détruisent l’esprit de bonnes mœurs dans nos enfants. La conséquence est que
plusieurs personnes, pourtant destinées à la vie religieuse dont elles
tireraient tout leur bonheur se retrouvent courant à la suite de ces mirages
qui loin de leur procurer de la joie réelle, transpercent et blessent
continuellement leurs cœurs de manière parfois incurable. C’est la raison pour
laquelle il faut avoir un esprit de discernement en ne prenant pas les rêves
pour la réalité : « Méfie-toi de ton imagination disait Michel QUOIST.
En rêve, un foyer est facile à bâtir ; en rêve, des enfants sont faciles à
élever. Ton renoncement te parait surhumain car ce sont tes rêves qu’il faut
abandonner ; or la réalité contredit sûrement ton rêve. »
En
outre, le monde fait miroiter quotidiennement à nos yeux des richesses de
toutes sortes, le faste et le luxe qu’il nous présente comme des conditions indispensables
au bonheur vrai. De nombreuses personnes sacrifient leur vie pour les
accueillir, courent de manière effrénée après. Malheureusement, ils sont
toujours désagréablement surpris de constater qu’ils finissent toujours par
fondre dans leurs mains comme des morceaux de glaces après avoir jeté leur âme
dans une amertume irrémédiable. Combien de potentielles saintes vocations cet
attrait nuisible en fin de compte n’a-t-il pas détruit !
b-
Les problèmes liés au mariage
Il
n’est pas rare d’entendre aujourd’hui les expressions de ce genre :
« aujourd’hui, les hommes ne sont plus sérieux… » « Aujourd’hui,
les femmes ne sont plus sérieux ». Que de difficultés dans les couples, de
mensonges, de tromperies, etc. Les faits concrets qui nous sont donnés à voir
dans le quotidien nous le prouve :
-
La
femme trompée par son mari (je vais l’empoisonner)
-
La
femme aux quatre fils dont le dernier seul est du mari
Sans
oublier les conflits, les soupçons qui font souvent de nos familles de
véritables enfers, etc. Tout cela peut amener à l’indécision, au mauvais choix
même : si « c’est cela, à quoi bon se marier ? »
c-
Les problèmes liés au célibat
consacré
Il
n’y a pas que des problèmes dans les couples. Même les personnes qui ont
librement choisi le célibat ne rencontrent pas moins de problème. Aujourd’hui,
des voix s’élèvent de plus en plus, à tort où à raison pour dénoncer le
scandale de prêtre pédophile, de religieuse infidèles, etc. Et cela peut
choquer et nous détourner de notre vocation : « Si c’est cela, à quoi
bon opter pour cette vie ?
d-
Les difficultés dans la vie consacrée
Des
difficultés, et même parfois des grandes existent aussi au sein de personnes
consacrées : manque de moyen pour soutenir sa famille, mésentente,
critiques mutuelles, infidélité dans la prière, contre-témoignage dans la
gestion du bien commun, alcoolisme etc. Cela peut aussi nous révolter et nous
détourner de notre véritable voix : « Si c’est cela, à quoi
bon ? »
2-
Les alibis de l’imaginaire
a-
La jalousie :
Elle
consiste à ne jamais être satisfaite de ce qu’on a et de ce qu’on est. On passe
toujours le temps à regarder les autres et autour de nous : « Le
bonheur est là-bas, et je n’y suis pas ! ». Je me fuis moi-même, je
boude le bonheur que je pourrais trouver en moi et je tente vainement de m’emparer
de celui que j’imagine en autrui.
b-
Le refus de mes limites
Je
rêve d’être un autre, je n’accepte pas vraiment mes limites, physiques,
intellectuelles, relationnelles. Je suis malheureux de n’être que ce que je
suis. Le « J’aurais tellement voulu » m’empoisonne et m’emprisonne.
Cela ne peut que nous faire souffrir inutilement et nous faire rater le virage
à tous les niveaux ainsi que l’affirme Michel Quoist : « Beaucoup
d’hommes sont intérieurement paralysés, noués, et traînent une vie réduite et
sans efficacité, parce qu’ils ne se sont jamais acceptés eux-mêmes, avec leurs
limites et leurs qualités ». Un seul remède s’avère possible :
« Dans la mesure où tu constateras, accepteras et offriras tes limites à
Dieu, tu découvriras que ta pauvreté devient une immense richesse » (ex de
l’infirme)
c-
Le manque de confiance en moi-même
Je
doute qu’il m’ait donné le nécessaire pour agir par moi-même
d-
L’obsession de mon image :
Je ne
vis que du regard des autres, de leur estime. Ma vie devient une course
essoufflée derrière la reconnaissance d’autrui. Ainsi, ce n’est plus moi qui
vis, mais les autres qui vivent en moi. Cela ne peut que me détruire car les
autres sont toujours avares en affection et en reconnaissance comme l’affirme
si bien Martin Gray dans son ouvrage « le livre de la vie » :
« Mais celui qui fait de la gloire et de l’opinion des autres le but de sa
vie, celui-là n’a jamais fini de haleter comme un chien qui a soif. Celui-là ne
trouve jamais la paix. Car la gloire, l’opinion des autres sur soi sont changeantes
comme les nuages d’un ciel d’orages. »
Voici diverses réalités « remplies »
d’imaginaire ou de préjugés qui peuvent nous faire oublier le principe même du
bon choix, c’est-à-dire « louer Dieu, le Servir, le vénérer en sauvant son
âme ». Pour les combattre, il suffit tout simplement de nous référer à ce
principe et aux chemins du bon choix que nous venons d’énumérer plus haut, à
savoir, « nous abandonner entre les mains de notre Dieu, laisser son
projet se réaliser sur nous et librement, sincèrement en faire le choix ».
C’est cela qui nous amènera à notre autoréalisation et au bonheur vrai que tous
nous cherchons dans l’obscurité de ce monde.
v CONCLUSION
« Mon
choix de vie », voici le thème sur lequel nous venons d’axer notre
méditation. En effet, votre âge est l’âge de tous les choix. Il y a des mauvais
choix dus à plusieurs facteurs que nous avons vus. Il y a de bons choix, ceux
qui se font avec le discernement nécessaire. Dans un monde où dominent les
forces de ténèbres, Dieu, qui est la lumière, doit être au cœur de nos choix
pour nous éclairer. Ainsi, mon choix de vie, le meilleur possible est celui qui
correspond le plus au projet de Dieu sur moi car nous avons été créés pour
louer, glorifier Dieu et sauver notre âme en la laissant divinisé par lui. Tel
est le sens de notre pèlerinage terrestre. De là, nous pouvons donc nous poser
les questions suivantes :
-
A
quoi Dieu me destine-t-il ?
-
Dans
quel état de vie pourrai-je mieux le servir, le rencontrer, l’aimer et sauver
mon âme ?
Tels
sont les questions sur lesquelles je vous invite à méditer durant cette période
de confession. Rentrez en vous. Faites la Vérité envers vous sans comparaison,
sans rêveries irréalistes. Votre vie, c’est votre vie. Au soir de votre vie, on
ne vous demandera pas : « Pourquoi n’as-tu pas été
Moïse ? », Mais « pourquoi n’as-tu pas
été….toi-même ? », pourquoi ne t’es-tu pas marié, ou devenu
religieuse, etc. comme je le voulais ?
Dans
tous les cas, il nous faudra choisir, nous décider par nous-mêmes et non
laisser les évènements ni les autres décider à notre place. Car « si la
vie s’impose à toi sans que tu t’imposes à elle, tu n’es pas un homme
adulte » (Michel Quoist, p 108). Demandons donc au Seigneur de nous éclairer.
Demandons le chaque jour au réveil ou au coucher. Il nous répondra.
Je
termine cette méditation en vous donnant ce conseil de saint Ignace sur la bonne et sainte manière de faire un choix:
« Regardez et considérez comment je
me trouverai au jour du jugement et pensez comment j’aurais voulu alors pris ma
décision au sujet de la chose présente ; la règle que j’aurais voulu
suivre, l’adopter maintenant pour que je sois alors dans un bonheur et une joie
totale ». P108
Cette
règle que je vous dis là, mettez la dans votre cœur et dans votre âme, attachez
la à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau et vous ne
risquerez pas de faire le mauvais choix qui plongera votre vie entière dans des
tourments sans nombre.
Que
Dieu vous guide dans votre choix. Et vous, ne manquez pas de lui demander
l’aide de son esprit que vous écouterez et que vous suivrez afin que vous soyez
comblées de joie et que votre joie soit complète.
Que
Dieu vous bénisse !
Fait
à Dédougou le 02 mars 2013
Abbé Edouard GNOUMOU, CEDICOM
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