AU COEUR DE L\'ESPERANCE

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Saint Albert de Jérusalem, Messe au Carmel

SAINT ALBERT DE JERUSALEM (17/09/2011)

Evêque, législateur de l’ordre des ermites du Mont Carmel

 

Aujourd’hui, l’Eglise fait mémoire de saint Albert de Jérusalem. Mais d’une façon spéciale, pour notre communauté ici rassemblée, il s’agit non pas d’un mémoire, mais de la célébration d’une fête en bonne et dû forme car il s’agit de celui qui, vers 1208, donna aux ermites du mont Carmel une règle de vie remarquable par son élévation spirituelle. Cette règle qui est demeuré le noyau de la vie carmélitaine au fil des âges se présente pour vous comme le chemin obligatoire que chacune et tous ensemble vous devez emprunter pour parvenir à la sainteté. En ce jour où nous fêtons saint Albert de Jérusalem, reconnaissons que nous n’avons pas toujours été totalement fidèles à cette règle que l’Esprit Saint lui a inspirée pour notre marche foi au sein du Carmel. Pour cela, commençons par demander sincèrement pardon.

 

HOMELIE

En parcourant hier l’extrait de la règle primitive du Carmel donné par saint Albert de Jérusalem que vous avez lu ou que vous lirez dans l’office des lectures de ce jour, j’ai été particulièrement frappé par ces mots : « l’abondance des paroles ne va pas sans péché et celui qui parle inconsidérablement en éprouve les effets malheureux ;…Que chacun pèse donc ses paroles et ajoute un frein à sa bouche de peur que sa langue ne le fasse glisser et tomber et que sa chute ne soit incurable et mortelle ». Au regard de ses phrases terribles qui me font peur à bien des points de vue, je me sens donc obligé d’être plus sobre en paroles ce matin de peur que les châtiments énumérés ne tombent sur ma pauvre personne.

On interrogeait un jour un saint : « Quelle est la plus grande des vertus ? » Il répondit : « L’humilité. » Et la deuxième ? « L’humilité ». Et la troisième ? « L’humilité, l’humilité toujours l’humilité ». Pas étonnant donc que l’évangile de ce jour nous interpelle particulièrement sur ce point : « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur ; et celui qui veut être le premier sera votre esclave ».

L’humilité provient du mot latin « humus » qui veut dire sol, mieux encore « fumier ». Nous savons tous ce que c’est que le fumier. Il est constitué de débris, d’éléments morts voire même pourris, de saletés et de déchets de toutes sortes que l’on s’empresse toujours d’évacuer loin des coins habiter afin que ceux-ci reflètent un air sain et respectable. Et pourtant, ce que nous évacuons ainsi de nos demeures est le cadre idéal pour le développement d’une semence. Mis dans un sol rempli de fumier, la semence germe, étend ses racines, déploie sa verdure, éclate en mille fleurs et porte enfin du fruit en abondance. Ainsi, en va-t-il de l’être humain et plus spécialement du Chrétien. Rien de bon ne peut fleurir et donner du fruit en abondance dans le cœur de l’homme sans humilité.

Etre humble, c’est accepter de devenir comme ce fumier.

-          Mourir à soi, à notre propre volonté, pour faire de la place à Dieu dans notre vie. C’est la condition sine qua non pour puiser notre énergie en Lui et dans la vigueur de sa force comme nous le recommande saint Paul dans sa lettre aux éphésiens.

-          S’oublier soi-même pour que les autres trouvent de la place dans notre cœur. Car c’est la personne qui ouvre son cœur aux dimensions du monde qui enrichit son être. Les autres, parce qu’ils sont différents de nous, peuvent nous apporter ce que nous n’avons pas.

-         Accepter d’être parfois remis en cause, piétiné, évacué dans certaines responsabilités ou domaines juteux. Car l’avis et l’attitude bonne ou mauvaise des autres envers nous sont nécessaires dans notre processus de maturation. L’autre, c’est toujours Dieu qui l’a placé sur ma route pour me conduire sur le chemin d’une foi purifiée dans ce qu’il me fait de bien et malgré ce qu’il oppose dans ma vie comme mal. C’est ce que le chanteur français Noël Colombier exprime bien en ces termes : « Dieu écrit droit sur des lignes courbes ; il nous mène où il veut par des chemins sinueux ». Cela, nous ne pouvons l’expérimenter sans humilité dans le cœur.

En effet, seule une âme humble peut reconnaître dans sa vie que tout est grâce et cela le conduit nécessairement sur le terrain du vrai combat qui consiste non pas à lutter contre les gens mauvais mais à combattre le mal par le bien en revêtant l’équipement de Dieu tel que le décrit saint Paul : le ceinturon de la vérité, la cuirasse de la justice, les chaussures de l’ardeur à annoncer l’évangile de la paix, le bouclier de la foi, le casque du salut et l’épée de l’esprit, c’est à dire la Parole de Dieu. On ne peut combattre en effet les démons qui sont des forces supérieurs en revêtant l’armement du mal qu’ils manient mieux que nous. Seule l’eau éteint le feu. Jamais le feu par le feu. « Soyez victorieux du mal par le bien » disait saint Paul.

L’humilité, l’humilité, toujours l’humilité, c'est-à-dire serviteur, esclave, occuper les dernières places, servir sans cesse et de bon cœur au point de devenir fumier d’où jaillit les beaux épis du règne de Dieu, telle est la vocation de l’Eglise, telle est la vocation de chacun de nous afin que le bien prenne le dessus sur le mal dans nos vies.

Demandons de tout cœur cette grâce indispensable dans notre marche vers la sainteté à Dieu le Vivant qui nous aime maintenant et pour les siècles des siècles. AMEN !!!



22/06/2013
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